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Vous pouvez effectuer des recherches en ligne dans le texte intégral de cet ouvrage à l'adresse fhttp: //book s .google . coïrïl .1 '; ^ \ / •y \ CONSIDERATIONS Sur là conflîtution de la marine militaire de France. LETTRE Sur les Confîdératlons y &c,< ESSAI Sur la néceflîté , & fîir lear moïens d'indemnifèr les pro-; priétaires & les intéreffës dans les navires François , pris paç les Anglois , &c. i- \ ;? 4^. :■■ / 1 / / / / V * / ■' V ^ecciiffr"^ ) Jean Baj>+'.'^+-fti-,bdici\"(k.- ^ CONSIDERATIONS SUR LA CONSTITUTION D E \ LA MARINE MILITAIRE DE FRANCE. Pdfcmptrfonïs dicere de vitiis. Martial. ^m M. D. ce. LVI. 126 •5)44 i ... <• V A MONSEIGNEUR , LE GARDEE DES SCEAUX.' Monseigneur; s.. Si Je nai pas eu tanneur "^ièvous adrejfercesConfidérationsi avant de les donner au PiiSlic ; ceji que foi voulu que vous ne Us luJJ^ , que lorfqtieUès vous feront préfentées par luLTous vos . momensfônt trop précieux à /^ tat^pour kafarder de ypus çnfairtt \ N A Ml. r ^ "1 vj EPITRE. perdre aucun : cefi un crime dont je ri ai pas voulu me charger. Je liai pas voulu ^ non plus^ quelles fujfent confondues parmi Cette multitude de mémoires ^ dont vous accablent tous les Jours une infinité deperfonnes ^ qui fçavent que vous voule:^ être infiruit spar^^ ce que ne pommant les lire tous \ vous'-même ^ vous êtes indifpcn^ J fablement obligé d\n donner le \ plus grand nombre à examiner l ^mx perfonnes qui ' vous environ-» nent, éC dont les intérêts détant fos toujours les munies que lesi pâtres, MO. NSEJGNE UR. .^ tiefl^ à - dire * que ceju^ de fétat^ peuvent; en dérober d utiles à vo^ fi eUes "e font pas telles é que je les crois, elle me fçaura ■ grè d'avoir r^peâé votre temps , en vous en épargnant une leâure fiérile pour elle s SC qu'au con* traire .fi elles peuvent ha être I utiles, elle me fçaura encore plus de gré. d avoir pris une voieJTtre^ pour Us faire pan>en^r à un aaV mfire. qui efi . àfiju/h titre ^ X^amour du prince éC de tétAt, Je fais oMtc refpeU s. . JdONSZlGNEURi \ \ --. Votre très-luimble& uès-obéiflant fervheur,^ / AVERTISSEMENT. Li*AMOUR de la patrie , ejl le feul motif qui m*engage à don-^ ner ces Confldératîons au Public; Si elles peuvent être utiles , je ferai le plus heureux des hom- mes. Je ferai le plus heureux des hommes^ fi elles peuvent con- tribuer à rendre la marine affes^ puiflante , pour faire taire rin-- folence de nos ennemis , & pouc ajouter à la gloire d une nation^ qui brille par tant d'autres eiv droits. Mais,afin qu'elles produi-" fcnt tout TefFet qu'on en e^re> on prie très - inftamment de le5 lire avec toute lattention qu c- jcîgent la grandeur §c Tutilité da .1 . ». M \ I jrERTissEMEirr. 1% iujet^ fans fe laiffer abattre pai^ les ^dégoûts & Fentiui , dont Id îlile peut être caufe ; de cûmpa*À rer toutes les parties entr'elles de avec le tout; enfin jde ne pronon- cer, que lorfqu'on les aura mé-» dîtées. Une fimple & rapîdà leûure ne fufEt pas* Je fçais combien il eft difficile de déra^ ciner de vieux préjugés , & com-^ bien les changemens font eft frayans; mais lorfqu'on aura com^ pris qu'il eft abfolument néceft faire d'en faire , que ceux que l'on propofe , ne peuvent êtrO qu'avantageux ; lorfqu'on fera at^ tention que la marine militaire ^^ étant un corps pour ainfî dire îfolé , il eft impoffible que le* changemens que Ton propofe de * ZiTEKTISSEMEyr. fûte dans là conflicudon , eau" lènc la moindre fènfation Bans le corps politique tic l'état, on ne les craindra plus , & on les Ibuhaitera. En effet, la marine cil dans les mains du fecrétaire d'état , chargé de ce détail , com- me un morceau de pâte fëparé de là maHê , qu'il peut paîtrtr k Ton gré , & lui donner telle forme qu'il lui plaît , fans que le rcAe s'en re^fence en aucune làçon. Il n'eft queftion dans tout ce mémoire, que des maux qui dé- rivent néceflairement de la conf titutton préfente de la marine; ainfî perfonne n'y eft nommé, parce qu'il importe peu d'en faire connoître les auteurs. Je fcais ■^. *' AVERTISSEMENT, xj ce que le militaire & la plume fe reprochent tous les jours , ÔC ce qu'on en ëcrit à la cour ; il y a , de part 6c d'autre , beau-*, coup de ces accufations faufles^ & beaucoup de vraies ;inais, eii'^, CK>rc uae fois , ce ne font point les fautes des particuli ers y qiâ fie découlent pas néceflairement (de Tordre aâuel des cfaofes^ tm «ui ne fervent pa sa fa ire con*> noitre refprit du corps dont ceS particuliers font membres , dcft quelles nous voulons parler. No- tre dcffeîn n cft d'offenfer pet^ Cotait. Si quelqu'un s'y trouve l>îcffé,<:'eft qu onn^apu faire aii* trement , & que le bien public > * * doit paffer avant celui du partîctej fser^ ôcfurtcnitduparcicuHerçQU) ^ablc^ ïcij Af^ERTISSEMENT. Au refte ^ celui qui donne ces ^onOdérations^n a jamais eu d'au-^ tre défîr , que dç fe rendre digne ile reftimç des honnêtes gens ; ^content d'une fortune médiocre y jexempt 4e toute ainbition pour lesbîeos, coipme pour les digniri jtés , U vit tranquille , fans crain^ idre ni méprifer les hommes. II jûme fa patrie ^ Çl cherche à lui j^trè utile , Jàns fbuhaiter de ré- ^ompenfe , fans craindre les évé* jpemeas ^ & fans être rebuté par j[es peines. S'il peut être ignoré^ il jl fera pontent ; s'il ne peut l'être ; il s!cn inquiétera peu , parce qu^il f>'^ fait que ce qu'il a cru devoir faire^ ôf que^quandia conlciencç; pe lui reproche rien , tous les é vé-5 I^SmgfH l^^iat Bflcz indifférent.: CONSIDÉ5 M LJ'W «. - — -■ ) CONSIDERATIONS tA CONSTITUTION D E LA MARINE MILITAIRE DE FRANCE. Il eft de ces chofes qui , par leur nature, no ^ peuvent être écrites , fans qu'on ne les at-» iribue â use feâe, à une na<;on , ou â un corps plutôt qu'à tout autre. C'eft un mal- heur» fans doute, pour la perfonnequi écrit » puifque ce premier foupçon entraine avec lui celui de partialité ; mais comment faire dans ces occurrences i Faut-il que Tauteut " taife la vérité 9 pour prévenir ces injuftét . idées f ..«• Si un Carthaginois eât écrit i'hif* toire de Scipion, ne ri^ût-pn pas crû Ro« main ? - V ''•Ce n*eft plus un problème , fçavoîr ïî,en France,on peut fe paiTer, ou non, Id'une marine militaire. Depuis longr /• Partie^ A tems on eR généralement convaincd que 9 fans appui ^ il ne peut y avoir de ^ commerce ; & que> fans commerce 9 le royaume ne peut fubfifler : car de foo eiLtin^on s'enfuivroient néceflâire- jnent la |)auvreté & la dépopulation de l'état ; c'eft-à-dire la perte de fes forces, j^t Mais cette marine , afin qu'elle foit utile 9 il &ut que 9 dans tous les temps^eUefoit aflèzpuiflante jour pro* téger notre commerce 9 conferver nos colonies 9 &vorifer 9 félon les occa- £ons 9 nos entreprilès par terre & par mer , & faire échouer celles que les en- nemis pourroient faire fur nos côtes 9 ou ailleurs* Voilà la marine dont tout Je monde reconnoît la néceffité 9 & non celle qui , fans procurer aucun de ces avantages i l'état 9 n'y cauferoit que beaucoup de dépenfe? comme celle .que laFrance a eue dejpuis le commen- -cement de ce fîécle. Car la marine mi- -titaireeft 9 par rapport à ce royaume 9 femblable à une digue élevée pour ref- ferrer Se contenir^dans fbn lit^un fleuve impétueux qui 9 fans elle 9 couvriroit de, vaiftes province^bondantes en p^ ^ M m fN^ C5l , , tQmges gras ^ oren campagnerteftiles \ elle enrichit ou ruine y feion qu'elle eft bien ou mal entretenue. Lonque> par un efprit d'épargne mal entendu 9 on la néglige 9 & qu'on n'y Êiit pas les répa- Jetions néceflaire$ 9 le fleuve la rom- 1>ant alors avec facilité 9 & ouvrant un ibre paflage à fes flots , va porter par- tout la défolation & la mifére ; oblige à la réparer» ainii que les défaftres dont là foibleflê a été caufe : mais lorfqu'el- le eft forte , bien foîgnée , & en état de réfifter à l'impétuofité du fleuve 9 elle dédommage au centuple de ce qu'elle peut coûter d'entretien 9 par les abon* dantes récoltes qu'elle permet de faire en tout genre. 3 .Mais aflez d'autres,avant moijont éclairé la tiation à cet égard > & il pa- roît9 par les fonds qu'on donne aéluel- lement à la marine » aue l'on eft gêné- jralement convaincu . de cette vérité ; que c'eft enrichir l'état » que de faire les dépenfes néceflàires pour l'avoir çuiflante ; que vouloir épargner dans cette partie , c'eft n'enfemencer que la moitié de fes terres , quoique d'un ex- cédent rapport > pour épargner en fe- — *■ *- - ^ -*- - ' menc^ ; & que , par coniéquent , il eit néceifaire que le nombre des vaiifeàux de guerre foit toujours proponionné aux forces navales des autres nations » . afin que 9 dans aucun tems 9 les fources du commerce extérieur ne foient fer- mées : fources qui , feules , procurent i un état ces ricnefTes relatives > qui lui donnent, en panie, une fi grande fupé- riorité fur les autres. Ainfi , fans m'ar* rêter à vouloir prouver ce que tout le inonde fçait déjà, je me contenterai de faire voir , qu'avec ces idées générale- ment reçues fur la marine militaire , Se ou'on met afluellement en exécution $ ia force , fa grandeur & fa durée dé- pendant de la feule bonté de fa conil^ tution. 4., Elle fera bien conftituée > (i toutes les volontés fe réunifient , & tendent toutes au même but ; car fi-tôt qu'il y a des intérêts qui fe croifent , tout lai>* guit , & fe détruit à la longue : elle fera pien conftituéc , fi on donne à chaque membre affez de travail , & en roêmer temps aflez de reffort pour qu'il agiffc ftns ccfle de toutes fes forces ; car ce {çxQit UA vice dam fa confii^utîQn 1 6 1 h er la nature^ tin membre né faifoît que moitié de ce qu'il peut faire: elle fera* fcien conftituée enfin , fi , fans être dé- funis , tous fes membres veillent fana ceflè les uns fur les autres , & fe trou- vent obligés , par-là , ou par la trempé de leur être propre , à* ne jamais s'écar- ter des régies du devoir , de la probité & de l'honneur* 5*. Un feul corps compofc de gen- tilshommes faits pour être à la tête dé toutes les parties de la marine > remplit toutes ces vues j & c'eft ce que j'etitre* prens de prouver dans ce mémoire. 6. Je vais d'abord faire une defcrîp^ tion courte , mais exaûe de fa confti- tution préfente, afin que Pon voye, par tous les rdéfauts qui en dérivent nécef-. fairement , qu'elle s'oppofe invincible- ment aux trois maximes que je vienç d'établir , lefquelles , comme il eft évi- dent, doivent en être effentiellement la bâfe : d'où Ton concluera que , tant qu'on ne la changera pas , il fera impof- fible d'avoir une marine utile. Rien ne remédie parfaitement à un mauvais principe ; il faut abfolument en chan- ger. Enfuite j'expoferai le plan fur le- Aii) :^ 1 k quel Je crois aue doit être formée fa conftitution, ann que ce corps foit*, au- tant qu'il fe peut , lain , robûfte & agile dans toutes les parties. j. Dans tout ce Mémoire , je pren- drai les hommes pour ce qu^ils valent » c'eft-à-dire, pour très-intéreffés. L'ex- périence de tous les fiécles nous ap- prend que l'intérêt les conduit , & que cet intérêt eft, pour le plus grand nom- bre , c'eft-à-dire pour prefque tous , un appétit violent pour l'argent & les di- gnités , qui les porte à acquérir l'un 8c l'autre de ces biens par toutes fortes i^ voicst [7] PREMIERE PARTIE. . COKSTITUTIOir PRÉSENTS DU CORPS DE LA MA.RINE. ^' L ROIS corps forment celui de la marine : le corps militaire t comppïé d'oâiciérs > de gardes de la marine 6c de foldats: le corps de la plume , & le corps des matelots , dans lequel je comprens les bombardiers > canoniers, charpentiers j calfats» &c* duquel ils font partie. DU CORPS MILITAIRE. Dts Offciers. 9» La guerre & la conduite des vaif- fcaux font aftaellernent tout le fervice des officiers. Ce font ces meflieurs»qui arment les vaiflcaux avec les maté^- riaux , les agrès & les munrrionjç de guerre & de bouche, que le corps de la plume i qui les a en dép6t , leur^ déli- •yre. Ce font eux qui les commandant à la mer , foit en paix , foit en guerre* AÎY Hors de la , plus des trois quarts n'ont! aucun détail , aucun fervice à faire , en » forte que, fur 914 officiers, dont ce corps eft aâueUement compofé (a) , il (a) En voici le détail: s Vice-amiraux. 6 Lieutenans-généraux , dont un chargé du dépôt des cartes Se journaux. 1 5 Chefs d'efcadre , dont quatre comman- dant dans les ports. .141 Capitaines , dont un Capitaine des gar* ' des du pavillon -amiral , trois Corn*, mandans des compagnies des gardes de la marine , un Gouverneur général des Ifles du Vent , un Gouverneur de la Gua- '' deloupe , un Gouverneur général du Ca- • nada 9 un Lieutenant-général au gou-^ vernement des ifles fous le Vent, un Gouverneur de la Lpui/iane , un Gou* • verncur de Tlfle royale , un Comman- dant au Port-Louis , un Commandant à Dunkerque , trois Majors , quatre Capi- taines de port , trois CommifTaires géné- raux d'artillerie, trois Capitaines d'ar- tillerie , & des compagnies des Bombar-» dîers. ' %%Z Lieutenant^ dont deu)c Lieutenans des; fardes du pavillon , quatre Lieutenans es gardes de la marine^neuFAîdes-ma^. jor, cent Capitaines d'infanterie , âix^ ièpt Lieutenans de port , quin2e Lieute- nans d'artillerie, un Commandant des cadetSf /^ ^1 . . ytn a environ 700 qui font a terre fins aucune forte d'occupation , fi ce n'eft ^elle de monter dans l'année huit ou dix gardes de vingt-quatre heurtes. Car Je détail des lieutenans d'infanterie {doit être regardé comme nul , &c même celui des capitaines des compagnies.; îl n'eft pas affez grand pour les empê- cher d'en avoir un autre , & de s'en fcien acquitter. ^ lo. Ce premier défaut eft plus grand qu'on ne penfe. Les officiers, de retour oe la mer , fe regardant comme étran- gers à la marine, n'y fongent, pour ainfi dire plus , ce qui eft caufe qu'un grand ;flK)mbre de ces meilleurs^ bien loin d'augmenter dans les ports leurs con« 3 Capitaines de brûlots. ;p4 Enfeignes , dont quatre Enfelgnes on Maréchaux des logis des gardes du pa* Tillon , quinze Enlèignes ou Maréchaux des logis des gardes de la marine , deux cens Lieutenans de compagnie , fix fou;- Aides-ma jors > un Commandant à Ouet fant , vingt - quatre Sou - lieutenans d'artillerie^ quinze Enfeignes de ports 14 Lieutenant de frégate > dont un Com« . mandant à Querlern. 5>î4 Av îioîflânces,y oublient ce qu'ils fçavoîent déjà. Si les officiers ne fçauroient être trop inftruits , pourquoi ne font-ils pas chargés de tous les travaux des arcer naux f Quel moyen plus fur de ks for* cer d'entrer dans les plus petits détails > & de s'y rendre habûes ? Il en réfulte» roit deux biens r le premier 9 que ces meffieurs feroient encore plus imlruits qu'ils ne le font; & le fécond , qu'étant ^ors plus en état de comparer ce qu'on fait dans les arcenaux, avec ce qui arrive à la mer, ils pourroient donner des vues nouvelles fur une infinité de chofes>& feroient encore plus à-mêm/^f, qu'ils ne le font déjà, de mieux diriger lés ouvriers 9 que ceux qui en ont le foin. D'ailleurs 9 comme ils font feuls intéreifés à ce que la marine foit florin faute % puifque, étant fèuls chargés de toutes les expéditions militaires , leur .confîdération ^ft proportionnée à la grandeur des fervices de la marine, les ouvrages en feroient mieux faits,& plus ^romptement expédiés ; les vaifleaux mieux foignés aans le port ^ s'ils en avoient la garde , ne s*arquèroient Ç4^} (a^ Ua TaiflTeau cftar^ué ^ lotf^^ && d^p^ac. |)as û vite > ni ne fe pourriroîent pas fi promptement qu'il arrive par la négli- gence de ceux qui en font chargés. En- fin il me femble que cela ne pourroit être que très-avantageux; mais tout ceci fera plus développé à l'article du corps de la plume* I i»Un autre défaut, &qui intérefle toute la nation , c'eft que, jufqu'à pré- fent, le miniftère a feulement exigé des officiers qu'ils fuffent marins , fans fouhaiter encore qu'ils fuffent hommes d'état , fans fentir combien il feroit ayanugeux qu'ils çuifent des coivioif- fances politiques fur le commerce. Ce- pendant ce font eux qui font chargés du gouvernement de toutes les cq1o«* nies, qui font certains traités de paîx» de partage ou d'accommodement ; Us, expéditions militaires leur font parcou-^ rir toutes les parties de l'un & l^autre bémifphère,& ils en reviennent tou* jours fans aucune connoîifance utile à l'état. Ne feroit-ce pas un double ayan-^, extrémités étant tombées , Il fait, dans fa Ion* gucur,unc efpèce d'arc , qui ne peut Ce former ^e le vaîiTeau ne Ce délie ; & 4ia vaifleai» fliiti4eft à inpmé s^dtfi . . 'Avj -.-^^^ tage > fi ces meflîeurs 9 en ponant par-^ tout Pamour ou la terreur du nom François , enrichiflbient encore leur patrie par Pextenfion de fbn commer- ce? Je voudrois donc que le Roi entre- tint dans chacun des grands ports de Breft 3 Toulon & Rochefort , un hom-^ me intelligent dans le commerce, pour l'y profefler. Ce profeflêur tiendroit école deux heures le matin & deux heu- res le fbir , où 24 officiers 9 lieutenans ou enfeignes, feroient obliges d'afllfter pendant quatre mois^temps qui fuffiroit pour faire un cours complet de com- merce. Ces deux livres, les élémens de commerce , & les remarques for les avantages & défavantages de la France & de la Grande-Bretagne , par rapport au commerce , & aux autres fources - de la puiflance des états j feroient la . bâfe de ces leçons ; le premier conte- nant les principes du commerce 9 fans la connoiffance defquels il èft difficile de ne pas Végarer , & le fécond renfer- mant des conféquences exiftantes de ces principes. Après que ces deux li-* vres auroient été bien détaillés & ex* pliqués^ ce prûfç|èur 3'^ackeroità ^m faire bien connoître la nature de noi colonies par rapport à leur étendue 9 au commerce qu'elles font & peuvent faire , à la correfpondance qu'il y a en- tre elles , & avec la métropole , &c. Enfin il îndiqueroit les livres où on pourroit puifer encore de nouvelles connoiffances. Ce profefleur auroit ua mois de repos entre chaque cours. 1 2. Et afin que les connoiffances que ces meflîeurs auroient acquifes fur le commerce , fuffent utiles i l'état , il fiêiudroit , à l'inftar des Angloîs , armer tous les ans huit ou dix petits bâtimens, pour fixouhuit mois, que l'on difper- leroit , & dont le commandement feroît donné à de jeunes officiers , qui ne fe-- Toîcnt gènes qu'à ne point fortir du pa- rage qui leur auroit été donné par la cour. Se où ils feroient libres de faire tout ce qu'ils jùgeroient à propos pour le bien : s'înftruiîa'nt , le long aes côtes, qu'ils ferôient obligés de parcourir, du commerce qu'on y fait, des mœurs , du '. gouvernement, & du goût des peu- })les; tâchant de faire aimer & refpefter a nation ; levant partout les plans des * rades & porta, les vues des côtes pa ftconnoij/ancês ; enfin rapportant avet? eux le plus de connoiflknces qu'ils pour- Toient , foit pour la navigation , foît {)our le commerce. En fervant ainfi , es officiers de la marine feroient dou- blement utiles à la nation j ils appren- droientleur métier pour la fervir dans l'occa{ion,comme marins, & pourvoient encore lui découvrir de nouvelles bran- dies de commerce , ou lui foire des al- liés utiles. La conduite & les vues de ces meffieurs feroient examinées à leur retour par une affembl^e de capitaines de vaifl'eaux , qui en inftruiroient en- fuite le miniflre. ( Foye^ CarticU du Conjeil^ dans U plan dt la conJHtutian géncraU^. 13. 6eroit- il néceffaire d'avertir ici q^ue je ne prêtons nullement fournir aux officiers de la marine, les moyens de faire aucune forte de comiïTerce f Je fe«- rois bien fâché que l'on me crût capable d'avoir une pareille façon de penfer : j'en fuis fi éloigné,, que je veux^au^on- traire , que les officiers foient exami- nés là- deffus avec la dernière fé vérité > c^r je penfe que l'on eft bien prêt d'à- yoir le cœur corrompu , qjiand la. çupi*. Aité domine au point de faire miçriteé les opinions généralement reçues , & que tout homme d'honneur doit tou- jours paroître refpeder , telles qu'elles loient. J'avertis donc que je regarde cesconnoiffances politiques fur le com- merce 3 comme aceeflbires à celles de la marine , & comme ne devant être utiles qu'à l'état. L'affaire eflentielle de Pofficîer de marine eft, fans contre** dit, d'être marin , eft de fçavoir à fond tout ce qui regarde l'art de la naviga- tion & de la guerre par mer. Mais je prétens auflî , par toutes les ralToos que l'ai détaillées plus haut, que» fi ces mef- fleurs ajoutoient k la fcience de leur profeflîon des co^noiifances politiques^ fur le commerce , ils pourroient'être bien plus utiles à leur patrie, que s'ils fiepoflcdoient que les parties qui font abfokment néceflâires à l'oiEcier de marine. I ^. Les officiers ne font point veil- lés par les perfonnes de leur corps , Se c-m un défaut dans la conftitution préfente qu'il importe de corriger : leur conduite n'eft examinée que par le mi- jûiflre^ qui; voyant lea chpfes dcloia» .,^ '•*. fce peut , pour bien des raîfbns , en ju* ger comme les officiers qui font fur les lieux. Ne vaudroit-il pas mieux qu'un certain nombre de capitaines prépofés par le mîniftre , examinaflent 5 avec le commandant, les officiers ,lorfqu'ils re- viendroient de la mer, fur la façon 'dont ils s'y feroient comportés à l'égard de la miffion dont le Roi les a honorés ( fuppqfé qu'il n'y eût rien de fecret ) à l'égard ae Ja conduite de leur vaif- feau, de l'honneur du pavillon qu'ils ont eu à foutenir , ainfi que celui du corps ; article qui renferme toutes les adtions qui ont rapport aux fentimens d'honneur & dfe probité? Cet examen feroît enfuite envoyé à la cour. Si , par exemple, cette aflemblée de capi- taines examinoit les états de confom- mations que. les officiers fignent à la mer, dans les colonies , & dans les ra- dçs étrangères, pour voir s'il n'y a pas, dans ces fignatures , foiblefle , défaut d'examen de leur part , ou connivence entr'eux & les perfonnes du corps de la plume qui les leur ont préfentés , beaucqwp de ces états ne feroient pas iignés , ou feroient plus exads qu'ils ne _ -^^ ^^ -r**- ibnt ( vayel n^. 78 ). Enfin ce moyett ièroit des plus eâicaces pour contenir» quelques olficiers dans la pureté des fentimens d'honneur & de probité,^ dont la mafle du corps militaire e(l f pour ainfi dire imbibée , par l'attention continuelle qu'ont les officiers de» compagnies des gardes de la marine^ à faire germer & développer dans cette école les femences de toutes ces vertus/ que la naiflânce» jointe à une bonne éducation > ont mis dans le cœur der prefque tous les membres de ce corps ; car,à moins qu'on n'ait bu toute honte ,- on craint plus d'être éclairé par fes^ confrères, que par toute autre per-' Ibnne. ly. Une chofe que je n'ai jamais comprife, c'efl: l'indolence où l'on eft- de ne pas porter tout d'un coup à fa* perfedlîon ce qui en eft fufceptible, afin de n'en être plus occupé , & de jouir f)romptement des avantages attachés à a perfeâiion. Il y a une infinité de chofes de cette nature plus ou moins effentîelles , & qu'on laifle toujours îm-i parfaites quoiqu'on y travaille fans cefle. Les cartes marines > par exem*^ CiS3 pîc> font de ce nombre; les c&tes né changent point > & il importe extrê- mement aux marins d'en avoir de par- faites. Pourquoi ne pas preffer tout 4'un coup cet ouvrage ? Il fembleroit , par la lenteur des progrès qui fe font dans cette partie , que l'on eft obligé 4'attendre que la nature fournifle des grands génies pour y faire des décou- yertcs , comme dans la haute géomé- trie 5 la. phyftque , &c. Pourquoi ne pas faire un plan général que l'on fe- roit exécuter par des officiers f II y en a tant qui font fuffifamment inilruits> & qui fcroîent flattés d'être chargés de ! ce foin. Ce plan contiendroît tous les ' points aftronomîques qu'il faudroît ' prendre fur toutes les côtes connues , afin d*avoir,pour ainfi direje fquelette de toutes les cartes. Ce feroit l'affaire de I o à 1 2 ans que d'exécuter ce plan général , en armant à cet effet , & pen- I dant tout ce temps , i o à i a petits ^ bfttin^ns. Cela feul feroit , avec les i connoiflànces que l'on a déjà , des car- tes excellentes. On commenceroit par les côtes qui intéreffent le plus-Enfuîte, i8c même pendant ce temps^ pour pref? & Dp] fer l*ouvrage > on leveroît géométrî-j queraent le gîffement des terres fituées entre les points aftronomîques. Ce proH jet , ce me femble , eft digne de la ma- jefté de tout ce qu'a fait Louis le bien aimé. Quel plus beau préfent cet aur gufte monarque peut-îl faire à toute la terre ? Avec cent mille écus au plus pat an , on éieveroît à fa gloire , en lO ou iz années, ce monument éternel de la grandeur & de la fageffe de fes vues* Au lieu que,fi l'on continue cet ouvra- ge comme on l'a commencé , on y tra* vaîllerafans-cefle, & toujours les car- tes feront imparfaites, N*eft-il pas éton- nant que l'on n'en ait pas encore une paffable de la médîterranée ? Elles font toutes extrêmement défeftueufes , Se cependant c'efl: lamer la plus fréquen* tée. Des Gardes de la Marine. i5. Les gardes du pavillon & de là marine au nombre de joOjenviron, font la pépinière du corps des ' ôffi* cîers ; leur feul devoir , foit à la mer » foît à terre , eft de s'inftruire* Ils vonx i CQt effet aux iàlles ,tou$ les jours d^ î'annfe deux heures le matin & itvdl beures le foîr. Là leurs officiers leuraprennent l'exercice dufufil & les ftiouvemens de là taftiqùe militaire. Ils y trouvent des maîtres de mathé- matiques , de pilotage , de manœuvre, de conftruftion , de canonage , de def- fein , d'armes & de danfe» 17. Non feulement les officiers de ces compagnies s'attachent à faire ap- prendre à ces meffieurs tout ce qui a raport à leur profeffion , mais encore ils s'apliquent particulièrement i former leurs mœurs , & à féparer de la maffe Ce qu'il peut y avoir de corrompu & ^ de gâté : les gardes de la marine qui commettent des fautes qui attaquent les fentimens,étant renvoyés chez eux, iS. Voila fans doute un bel établif- fement;n)ais,faute de bons réglemens, le corps n'en retire pas tout l'avantage qu'il pourroit en retirer. Beaucoup de ces meffieurs fortant de cette école fens être guère plus înftruits qu'en y. entrant, paflent de ces compagnies dans le corps des officiers , fâchant bien , il eft vrai , l'exercice du fufil & jdu canon ; mais n'ayant qu'une légère 'jsjû^fc^ [213 'teinture de quelque partie du métier i & parfaitement ij^nbrans fur les autres^ comme lur le lervice & les ordon- nances. Au lieu qu'avec de bons ré- glemens, & des officiers auilî bien choifis qu'ils le font , ils pqurroient ^ en quittant ce grade, fçavoir le fervice, les ordonnances & la théorie de tou- tes les parties du métier. Dans cinq à fix ans on apprend bien des chofes(je parle en général Se du plus grand nom- bre) & cette théorie , quand elle eft bien enfeîgnée,n'eft pas la magie jnoirç. Rien de plus difficile & déplus com* pofé, en apparence j mais en effet , & furtout lorfqu'on eft aidé par gens éclairés, qui favent fimplifier, gériéralî* ferj& ramener toutes chofes à des prinw cipes clairs & féconds , rien n'efl plus, iimple & plus aifc. 15. Tout ce qui a rapport ii l'édu-^ cation de meffieurs les gardes de la marine eft d'une très grande confé- Suencejcar, en la foignant, on parvien- roit ,' avec le temps, à avoir un corps çompofé d'officiers tous très-inflruits, puifque ces meffieurs en font la pépir |ûçre« Au Heu <^u'ii en ^(l autrement ^ [223 tar telle efl notre nature , qu'ordînaî- rement nous fommes fludîeux en raifon de notre favoir , & pareflfeux en raifon de notre ignorance» D*où il arrive que beaucoup de ces meflieurs^ fortant des falles fan^ être inftruîts 9 reftent dans tine profonde ignorance tout le refte de ieur vie , & ne font point 9 quoique liés avec des talens» aufli utiles au corps qu'ils auroient pu l'être 1 fi ieur éducation avoît été foignée. 20. Je donnerai, après le plan de la conftitution générale, une ébauche des réglemens qui devrbîent être faits pour ces compagnies , foit pour exci- ter Pémulation , ou pour forcer au tra- vail ceux que le feu de la grande jeu- liefle empêche d'être aiguillonés par la gloire. JDts Soldats. * 21. La marine a loo compagnies franches de 100 hommes, qui ontcha- cune un capitaine pris parmi les lieu- ncnans de vaiffeau, & deux lieute- nans pris parmi les enfeignes. 22. Si les foldats étoient cazernés % Toulon 9 comme ils le font à Brefl & **^^ ,xv^ / . i Rochefort 9 ^ils feroient mieux dîTct- plinés : & s'ils étoient traités à terre ^ pour la paye comme ceux de l' infan- terie > ils pourroîent être plus fouvent au champ de bataille 9 ce qui les ren«- droit plus fubordonnés » & plus rom- pus dans tous les mouvemens de Fe- xercîce & de la taâique militaire. Les majors commencent à avoir un pei,i trop d'autorité fur ces compagnies, ce 3ui les perd. D faut qu'elles jouiffenc è tous les privilèges de leurs franchi* fes : autrement les capitaines, qui n'y font plus comptés pour rien, les aban« donnent^ Mais auilî il faudroit un inf petîleur pour veiller fur leur conduite* ( f^oy*[ la Conjlituiion générale. } > Des Bombardiers & Çanoniers. {a) 23 • Les compagnies des bombar- fiiers , au nombre de trois , font de 50 hommes pris & choifis parmi les matelots. Il y en aune à Breft, une 4 Toulon , & une à Rochefort. 24. Ces compagnies ont étéînftî* (a) Pour ne point rompre dans la ^ice te fil it cet ouvrage 9 je place ici cet. article » qu<^; 0tt*il diit être aiUeuif • . Cm! , tuées pour former les matelots, qui y J)aflent dans tovïtes les manœuvres de ^artillerie , afin que Pétat ait toujours un nombre fuflilant d'hommes enten- dus pour exécuter les mortiers fur les galiotes , lors des bombardemens ma- ritimes, ou pour être employés furies vaîfleaux de Sa Majefté à titre d'aides, de fécond , ou de maître c^anonier 9 fuîvant leurs talens ; & auffi afin de peupler, lorlqu'ils ont rempli je temps de leur engagement , les côtes de iuiets bien dilciplînés & bien rom- pus a toutes les manœuvres de leur profeffion , pour y fervir , ou fur le$ fcâtimens du Roi ( quand on a befbin d'eux) en qualité de maîtres canoniers» Car , quand ils font fortis de ces corn* pagnies , ils ne peuvent plus être em- ploj es qu'à ce titre. Voilà le but de leur création : auflî , quoique leurs en- gagemens foient de dix ans, leurs offi- ciers peuvent les congédier après fix 9 lorfqu'îls les trouvent fuffifammentînP truits. aj. Lorfqu'îl manque un bombar- dier, le commîflaîre général d'artil- lerie demande à l'intendant du dépai^ temenc ■s^^^ tement un matelot pour le remphcef i & ce matelot, qui doit avoîr de l8 à 30 ans, doit être choîfi dans toute l'étendue des claffes reflbrtiflàntes à €ette même intendance, & ne peut être reçu qu'avec l'approbation du commiflaire général d'artillerie. Tel* Us font Us ordonnances du 24 Juin 1733-. 20. Les compagnies de canonîers ont été créées fur le modèle de celles des bombardiers, & à peu près dans les mêmes vues. Il y en a cinq ; une de cent hommes dans chacun des grands ports , Breft , Toulon , & Rochefort ; & deux de trente; une à Calais , & l'au- tre au Havre. Ils font pris & choifis parmi les matelots , de même que les bombardiers ; & ne peuvent être re- çus 9 ainfi qu'eux , qu'avec l'approba-: tîon du commiflaire général d'artil- lerie. Ils doivent avoir de 1 8 à 2y, ans ; & avoir fait au moins une cam- pagne comme matelot.Maîs, comme le but de ces compagnies eft de faire feulement , de ces canoniers , de bons chefs de pièce plutôt que des maîtres canonîers , le tems de leur école el| /. PëLrtu^ ^ Q h-. tien moins long que celui des bombar- diers , afin qu'il puiffe y paffer un plus grand nombre de matelots; ils n'y ret, cent ordinairement que huit mois: mais,' quand on leur connoît aflez de capaci- té pour faire efpérer qu'ils pourront der .venir un jour maîrre-canonîer , ils y f edent un an. TttUsfont Us ordonnant çps du 15 Avril lôS^. 27. Rien de plus lâge & de mieux imaginé que ces deux établiffemens; Car, fi les fujets que l'on fait paffer par ces compagnies étoient choifis, comme pous venons de voir que le prefcri^ voient les ordonnances ; les côtes & ports de mer (eroîent garnis de gens jdifciplinés , întelligens & très-capablcsr ^it pour conduire les batteries établies fur les côtes , foit pour fêrvir de mai- îxe-canonier fur les vaiffeaui^; & les claffes fourmilleroient de gens fuffi-» femment înftruits pour être chefs, de pièce.; ce qui fait en partie la force des grmées navales. Mais il s'en faut que cela foit aînfi : nous verrons à l'article du corps de la plume, au fujet de l'ar^ tiUerie ^ Içs^ caufes qui y m^ttçm pfefe t^7] DU CORPS D£ LA PLVUE^ 28. Ce corps compofé de quelques gentilshommes , de bons bourgeois 9 & de fils d'artifans, fut fans doute créé avec celui du militaire,pour faire aller enfemble toutes les parties de la marine, au but quefe propofoit Louis XIV en la formant. Cela pofé , il a du y avoir union entre ces deux corps, c'eft-à-dire % une fubordination de l'un à l'autre : autrement ces deux têtes 9 continuellement en oppofition , for- meroient , du corps ce la marine , un monflre dont tous les membres langui- roîent , & qui fe détruîroit enfin lui- même» Sur ce principe, qui me paroît inconteflable , on imagine, fans dou- ]te > que le militaire plus inftruit , (^r) (d) Ce n'eA qu'à It mer , & non dans les iports, que l'on s*inftr«Î€ de tout ce qui a rap- port à la marine , foit pour la navigation 9 - ibît pour la guerre; de même que par terre, on n'apprend l'an de la guerre que dans let armées , dans l'attaque , & la défenfe àt% pla- ces^ enfin dans toutes les aâfàîres militaires* On apprend à la mer , quelles font les chofes ' néceflàires â la marine , comment 8c de quelle aualité elles d^ÎTcnt être laites ; & comme ce Bij 1- [28] puifcju'il va feul à la mer, feul înté* lefle à ce que la marine foit floriflante 9 puîfque la gloire des armes & des en- trepriles heureufçs rejaillit fur lui feul, a eu en partage toute l'autorité : qu'il a été chargé de l'examen de tous Içs fnatériaux y & de toutes les prpvifions de guerre & de bouche qu'il lui ini- porte tant de connoître, & dont la bonté le touche feul , & de lî près; que tfeft ordinairement que par les effets que l'on s'apperçoit des abus , ce n'eft qu'à la mer où Von peut Toir ceux qu'il peut y avoir dans les clafTes Enfin , c'eft à la mer où Ton juge mieux du nombre d'hommes qui doirent être /embarqués fur les vaiiTeaux pour la naTÎga- $îon Se le combat. Si cela eft ainfî , qui fera Bunî inftruit que les officiers f eux feu Is , pour ainfî dire» vont à la mor; car je compte pour fien les campagnes q^efont les personnes du corps de la plume , ils en font une contre vingt que font les o^ciers ; &, comme ils ne ^ont chargés que du foin de tenir des comptes 4e fournitures Se de confpmmations , ils ne combats , leur devoir les appelle à la foute aux poudres ; c'eû-à-dire , dans le lieu le plus bfLs delà cale , pouryçû fi Ton n'/ détour^ig { ^p3 , (d'eft liiî qiiî a le Coin des claflés cofhrtlô des troupes , le foîn des travaux & de la confervation de toutes chofés : que C'eft de ce corps que l'on tire ceux qui font ehvoyés pour examiner les boîs propres à la conftrudlion , les chanvres, &c. Et Pon imagine que le corps de la plume fubordonné , félon que de raifon, au militaire > lui eft uni en cette forte % <}u'il double,pourainfî dÎTcen touslîeuxt & en tous tems chacun de fes membres^ pour veiller fans cefle fur fa Conduite i qu'il a toutes chofes en dépôt, le ma- niement de la finance & le foin de tou- tes les revues. Voilà fans doute ce que Pon imagine ; & fi en effet cela étoit ainfi , tout feroit dans l'ordre , & les chofes étant à leur place, iroîent fans aucun obflacle à leur perfeâioti. Mais malheureufement pour la patrie il en efl bien autrement. 2p. Ce corps { celui de la plumey dont la politique ne s'efl jamais dé- lïientie, & qui a toujours fçu fe pHef aux tems & aux perfonnes , n'a pas ceffé un moment , pour ramener à lui toute l'autorité , de mettre à profit l'o- bligation où l'on a prefque toujours^' jBiij ^ cru être ; de prendre chez eux lei commis des bureaux; quîfont , enleur faveur , auprès du fecrétaîre d'état ayant le département de la marine, le même office que les confeffeurs de nos Rois font pour leur compagnie. Ils intercèdent fans ceffe pour eux , ne font occupés que du foin de les faire regar- der comme néceflàires ; tantôt ils les montrent comme un boulevard propre pour contenir le militaire j tantôt com- me une tête fans laquelle rien ne fe fe- roit de bien; profitant de toutes les circonflances pour faire interpréter ea leur faveur les ordonnances (a) de il fiSp, dont le foin de les faire (ijleur (a) Le contrôle eft rempli de ces imerfiré- tatioiis données par les fecréiaires trémc de la marine; interprétations qui fe détniifenc entr'ellej , ainfi que les ordonnances. Et ces nelTieiirs ont un grand foin de les tenir ca- chée!, afin que le militaire ne f^aciie fur quoi compter. (i)Que l'on parcoure les ordonnances» tanout on verra le printe armé du fouet, Brfqu'il jeiie les j^eux fur le militaire : s'il lui enjoint un ordre , il eft toujours accompagné de ces effrayantes paroles : Privation d'appoin- Kttuns , prifon , cajfadon , pfine àe mort , &c. (nais ies yeux [ç radoucilTeni ^ loirq.u'il lei àvoît été confié : & où ils eurent 1*^* drefle de répandre partout un nuage $ 5JUÎ rend le fens louche & indécis , de tous les articles qui les mettent en re- gard avec Pépée : ordonnance oà l'on voit cependant avec évidence, malgré Pobfcurité qui y règne , mal- gré ks omiflîons de choies néceflaires, malgré le peu de h'aifons qu'il y a dans toutes fes parties , & Poppofition mê-i me qui fe trouve entre une infinité d'ar-^ tîcles, que le deffein de Louis XI Vy en les faifant faire,étoit de donner tou- te l'autorité au militaire > qui ra en eii fet confervée longtems. 30. Si l'on jette un moment les yeux fur la marine des années écoulées de- Euîs i688jufqu'en 1704, temps oui i o u I s XI V cet augufte monarque avoir 1 00 vaifleaux de ligne 9 & oh la marine florîflante comme jamais elle ne l'a été , a acquis tant de gloire à la France j & que Pon ramené enfuite fes abaiffe fur le corps de la plume. Il n'eft plus queflion de tonner pour des perfonnes que l'on ne foupçonne pas même de pouvoir ja-« xnais mal faire. Ce font les benjamins de l^ ^aifgn ^ auili font-ils bien çnfans gâtés, * J3iv -' y tegards fur fon état aftuel, on fera éton- né du bouleverfement général qu'elle a effuyé. On verra Pautorité , le foin de tous les travaux & de tous les dé- tails, échaper infenfiblement des mains de l'épée , pour paffer entièrement dans celles de la plume , qui n'avoir , pour ainfi dire, alors aucune confif- tance. (a) On verra ce dernier corps jquadruplé (*) , & l'autre diminué , (a) Il n*y avoit alors que quatre ou cinq xronimifTaires par départemens , & quelques autres perfonnes membres, ainfi qu'eux^ de j;e corps. Pour les écrivains & autres , étoient "des gagiftés qù*on louoit dans le temps feule- nient des grands mouvemens , & où il y avoit beaucoup â écrire ; après quoi ils étoîent ren- voyés. (^) Voici une énuméraiîon du nombre des perfonnes qni compofoient ce corps en 1 7 ç i, temps où un de leur confrère m'en donna une Jifte , & que je tranfcrirois ici toute entière , fi elle n'étoit pas fi longue, afin de prouver que je n'avance rien que de très-certain. Si elle pèche , c*eft en moins ; car les commis aux écritures n*y {ont pas compris, quoique jiombreux, non plus qu'une grande partie des élèves,dont cette perfonne ne fçavoit pas en- tièrement le nombre. Depuis ce temps, quel- que recherche que j'aie faite, il ne m'a pas été pbflible de corriger, ni de redifier cette lifte. f 4 aînfî que le nombre des vaîfleaiix : on fera furpris de voir ce corps de plume, qui ne devroit avoir que le foin des re- vues > la garde de toutes chofes , être luifeul chargé à préfent de l'approvi- fionnement général de la marine , foit des matériaux , foit des munitions de guerre ou de bou(^hc , avoir le com- mandement & la police des arcenaux ; le détail des clafles , des conftruôions , de Partillerie, & le foin des armemens ; car c'eft lui qui régie le nombre d'hona-: 7 Intendans des ports* 5 Intendans des colonies* II CommifTaires généraux* I Secrétaire général. I Infpeâeur des arfenaux. 75 CommiiTaires ordinaires* I CommiiTaire des chaînes* 1 Petit commifTaire. 20 CommiiTaires aux clafles* 9 Gardes-magafîns* Si Ecrivains principaux. a8 Commis principaux des clailè^^ 6 Ecrivains généraux. 237 Ecrivains ordinaires. 23 Commis ordinaires des clailês^ 56 Elèves. 00 Commis aux écritures* ~ Bv I r jrres que doîvent avoir les vaîflêaurr qui décide de la quantîti^ & de la qua- lité des cho&s qui doivent y être em- barquées, foît pour la navigation, foît pour le combat ; en forte que le mili- taire , forcé de prendre ce qu'il leur donne , & de fe paffer de ce qu'il leur refufe, eft réduit à n'avoir que le foin de l'arrangement de ces chofes. Enfin on fera étonné de voir ce corps , qui n'a nul intérêt à ce que la marine foit floriflante , être lui feiil charge de tout ,. & faire tout dans la marîne,hors la guer- re , (ans que , dans aucun de tous ces: détails, fà conduite foit en aucune fa- çon fuivie & examinée par perfonne. 31. Ne femble-t'îl pas que ce foit Pelprit de vertige & de déraifon qui ait amené la marine à cet état de f enver- fement ? Car oublions pour un mo- ment les ordonnances & tout ce qui B'eft fait par le paflK : ce font toutes chofes fur lefquelles on difputeroit fans fin aînfi que fans profit , & dont tout le inonde n'eft pas inftruît ; & même fai- Ibns plus y car notre intention efî de mettre toute Ja France en état d'en ju- ger : accordons 2 ces meilîeurs que •* telle a été la volonté de Louis XI V^ de leur donner toute l'autorité qu'ils ont ufarpée ; que de tout temps ils ont été aufli nombreux qu'ils le font , & Su'enfin , ils ont toujours été en droit e faire ce qu'ails font aftuellement: mais faifons voir en même temps que tous les abus qui fe comoaiettent y que tout le mal qui k fait it préfent , dé«- tîvent néceflaîrement de cette conftî-. tutîon , & qu^l eft par conféquent imw poflîble d'y remédîeiî , fi on ne la chai^ ge. Faifons voir que la marine affei- blie par elle dans toutes fds parties ^ efl perdue &ns reffource » fi on se fe prefle de mettre leschôfes dans unnou-' vel ordre. C'eû furquoî nous allons in-^ £(ler y & ce que nous nous flattons de faire voir avec une entière ré vîdcn ce..- 32r Je diviferaî en quatre parties :tous lesdétaikde la marine, lefqaelr les feront comme autant de. chefis, aui^ *^uels je rapporterai le grand nombre ^'abus qui iubfiftent ; & puifque les^ vivres ie préfentent à mon idée f. je irais commencer par eux*^ 33. Une compagtiii^ les fetn^nit J[ la mamei&^im.comHuflaire ,cfcarQ# , ^^ — ''^. de ce détail , les examine à mefure qu% arrivent dans le port. Quand il les a jugés de recette, on les reçoit dans les magafins , où il doit y en avoir toujours une certaine quantité : & tout cela fc fait fans que le militaire y foit appelle en aucune façon. Un ordre de la cour arrive . d'armer un cenain nombre de vaiffeaux . , ordre prefque toujours {)reffé , alors les officiers nommés pour es commander, vont , il eft vrai > goû- ter les vivres qu'ils doivent embar- -quer. Maïs eftril temps ? Eft-ce au mo- .inent où l'on va partir, que cet examen idoit fe faire ? Souvent on les trouve mauvais ; on s'en plaint , on veut les xejetter; mais la cour ne veut point de retardement , il faut au-plutôt mettre à la .voile : on eft donc forcé de les embarquer. 54. N'eft-îl pas étrange que ce ne fott pas le militaire qui ait le loin d'e- xaminer ces vivres , avant de les em- magafiner; f^ifi]ue c^eft lui qui doit les conibmmer; puifquc les expéditions, dont ils font feuls chargés , ne peuvent réuffir fi W ipaladies le mettent dans i[es ^^u^ges^ Se qu'^n les rend re& D7l ponlâbles de tous les événcmensfN'eft^ te pas un renverfèment ridicule que ces vivres foient examines par ceux qui n'ont nul intérêt à ce qu'ils foient bonsf tandis que ceux qui y font fi intéreffés ne foiit pas mêire préfens lorfqu'on les reçoit. Et d'ailleurs eft-il (i difficile de féduire un homme feul ? ( Qu'on ne s'eflàrouche point, je prens les hom- mes pour ce qu'ils font en général : j*en ^ ai averti au commencement de ces con- ; fidérations , & je le répète , mon deC- fein n'eft d'offenfer perfonne ; rien n'eft ♦. particulier ici, tout y eft général.) On fçait que le détail de ce commiflaire 1 aux vivres n'eft point momentané , l qu'il eft durable : ce qui eft un vice , y parce que c'eft une raifon pour tenter la fédudtion. ^y. Il importe au militaire feul, pair les raifons que nous venons de dire , ique les vivres que l'on reçoit dans ks magafins foient bons : il faut donc que le commandant en ait une clé , afin qu'il n'y en entre aucun qui n'ait été examiné par le militaire. Il importe au direâeûr des vivres feul que rien n'en forte, Éms qu'il y foit préfent j puifquû. ( t ies vivres lui appartiennent : îl fautf donc qu'il en aîtauflî une clé. Il me. femble qu'il ne faut rien de plus. De quelle utilité peut être ici le corps de la plume ? N'y eft-îl pas entièrement inutile ? Mais , dira-t'on , le comman- dant & le dîreftôur des vivres pour-^ ront s'entendre , & fubftituer,dans ces magafinsjde mauvais vivres à de bons.' Cela me paroît bien diificile 8c bien dur à penfer. Cependant j^accorde que cela puifle arriver j & l'on verra , dans le plan de la conftîrution que nous don-^ nons dans la féconde partie , le$ moyens que nous avons pris pour pré- venir & empêcher cette connivence^Et^ comme ces vivres peuvent fe gâter dans ces magafins , îl y auroit de tems; en tems des vîfites faîtes par le milî* taire , pour en feine £brtîr & y remplar; cer ce qu-il y auroit de dépéri, 36. On'prcviendroit par là une m^ finité de maux qui proviennent de 1» mauvaîfe qualité des vivres embarqués^r Il n'eft pas douteux , par exemple , quer ce ne foit là la caufe de la mortalité qui fe mit dans l'efcadre de feu m., le duo tf Anvillei les vivres que l'on énabaçr l59l „ qûa cirant tous gâtés. Il ne pfrît que trop de foldats & de matelots par le canon , les naufrages 9 & les fatigues de la mer , fins rifquer de les faire périr encore par cela même qui doit les faire vivre. Et les expéditions militaires ne manqueroîent plus par cette caufe^. comme il eft arrivé plus d'une fois. 37. Des Vivres paflbns aux mate- lots qui les confomment. Les claffes r cette panie fi eflentîeBe de la marine » font entre les mains du corps de la plu- me. Ce que j'en dirai ici , n'eft que pour faire Cbntir combien il eft abfurde que ce foît lui qui en ait la conduite. On trouvera à la fin de ce mémoire , dans un article fèparé, des réflexions fur la^ forme qu'on doit donner à leur ctablif^ fement. 38. On fe plaint tous les jours , &r avec rsûfôn» de l'înfiibordînation des» gens de mer ;'cependant il importe ex-» trêmement qu^ils foient fiibordonnés r ©n doit en fentîr toutes les conféquen- ces. Mais n'eft-ce pas à la mer , dans; îes vaiffeaux , que cette fubordinatiom importe le plus, ou pour dire mieux ,< wuquement f N'efl-ce pas le milirairo r^. ►^ ► - [401 & le commerçant qui font feuls înté- reffés à ce que les matelots foîent fou- rnis & dociles? Eux feuls les com- mandent dans les combats , dans les defcfentes , dans les tourmentes , aînfi que dans toute la navigation : c'eft-à- dire dans toutes les occafions oîiileft abfolument néceflaire qu'ils foient fu- bordonnés. Puifque cela eft ainfi, le mi- litaire, conjointement avec des perfon- nes choifies & payées par le commerce^ ne devroient-ils pas être chargés de cet- te admîniftrationj afin qu'ils fuflTent à terre, comme à la mer, les difpenfateurs des récompenfes & des peines , le plus grand lien de la fubordînationf Car j'en reviens toujours à cette maxime fi vraîe^ & que je ne me laflerai jamais de répé- ter , que ce font ceux qui font intérefles à ce qu'une befogne foit bien faite qui doivent en être chargés. Mais bien-loinf de là , le corps qui a le foin des claffes n^a nul intérêt à ce que cette fubordina- tion fubfifte , & foit en vigueur; & n'eft .veillé par perfonne dans ce détail , non plus que aans tous les autres. Qu'im- porte a ces meffieurs que , dans ces oc- cafions que nous venons de nommer 9 C4tl les éténemens foient ou ne foient p^i heureux f Ils ne s'y trouvent jamais , & ne font jamais refponfables de rien« N*eft-il pas ridicule qu'un corps qui ne fçait ce que c'ert que la fubordina- tion , & dont le métier eft de tenir deff comptes de recette & de dépenfe , foît chargé de ce foin ? Que dîroît-on , fi on donnoit au corps des avocats les foldats des troupes de terre à former & à difcipliner, & que les officiers ne les euffent fous leurs ordres , que lorf- qu'on feroît en préfence de l'ennemi ? Ne feroit-il pas même défavantageux qu'ils fuffent commandés pendant l'ac- tion par des officiers qui ne les auroîent pas formés f Cette voix de leurs offi- ciers qu'ils connoiflent,& qui, dans tous les momens , les a fubjugués , & fait plier à tout , fait quelquefois plus d'im- preffion fur eux, que la crainte des plus grands dangers. Cette voix feule ( car quelle autre puiflance les fait tenir fer- mes dans les plus grands périls ? ) les arrête dans leur fuite y Se les ramené devant l'ennemi. 3p. Non-feulement ces meffieurs ne (doivent ni établir , ni conferver cette 14^3 Tubordînation fi néceflaire , par les raî- fons qu'ils n'y entendent rien , & que o'y ayant nul intérêt , ils ne font pas même ce qu'ils pourroient faire pour cela. Mais je prétens de plus qu'ils doî- yent l'anéantir entièrement par leur conduite : en voici quelques preuves .r 40, Dès que les vaiffeaux font ren- trés dans le port pour y défarmer , ce qui fe fait fous l'autorité des officiers qui les commandoient , par les foldats & matelots embarqués deffus , les com- miflairesauxclaffesfe font mis, depuis quelques années,fur le pied d'autorifer les défertions de ces derniers , en leur donnant , à l'infçu des officiers qui les commandent encore , des congés pour aller chez eux. De forte que les officiers qui font chargés du défarmement de leur vaîffeau, qui répondent de tous les événemens jufqu'à ce qu'il foit ren- du au Roi , & qui , par cette raifon , ont fur leur équipage, pendant tout ce tems , la même autorité qu'à la mer , fe trouvent dans le moment fans mate- lots , lefquels ne doivent être congé- diés qu'à la revue générale , aue l'on pe pane que quand le vaiffeau eft renduv On s'eft plaint d'abord de ces défer-» tions, & on en a demandé punition > n'imaginant pas qu'elles fuflfent autori- sées par les commiiTaires; mais enfin on a découvert la fource du mal, & ces meffieurs ne s'en cachent plus. Qua- rante matelots déferterent ainfî le prer mier jour que le Sage entra dans le port en 1774. Cet abus, qui révolte tout le militaire , puifque,par cette ma- nœuvre, il n'eft plus maître des équi- pages , ne tend-il pas à anéantir toute îubordination du matelot envers les officiers f N'eft-ce pas leur dire: nous commiflaires , fommes vos feuls maî- très ? Dès que nous vous protégeons y vous n'avez plus rien à craindre du militaire ; auiîi les matelc^s U fentexit^ ils bien. 41. Après les campagnes , les ca- pitaines font officiers mariniers , oa augmentent de paye les matelots dont ils ont été contens , en raifon de leur contentement , & fans s'écarter de ce 3ue leur prefcrivent à cet égard les or- onnances.Mais voici ce qu'ont imagî* né depuis peu les commiflaires aux clafles du département de Toulon , apparemment pour perfuader aux ma* féïotB qiiMls tehoient d'eux feuls hiit avancement , abus qui paffera bientôt de ce port dans les autres j car aufll-tôt qu'une chofe hafardée par l'un de ces meffieurs , a paflé par la négligence ou la foibleffe du militaire , ils ne man- quent pas de s'en inftruire , afin que cette innovation devienne loi partout. C'eft la manœuvre ordinaire de tout corps ambitieux. Ces commiflaires donc ne veulent plus que les matelots foient inflruits, à la revue générale, de leur avancement : ils exigent des ca- pitaines une lifte de ceux qu'ils ont avancés,&le matelor,après carte revue, eft renvoyé chez lui , fansfçavoîrfbn fort ; le capitaine , qui ne peut fuivre ce matelot , '& le perd bientôt de vue , ignore auffi fi l'on a fiiivi fes intentions 5 de forte que le commiflaire refte feul maître , il avance qui il lui plaît : on n'a que trop de preuves de ce que je dis ; ce qui non-feulement détruit toute fu- bordination , mais encore dégoûte le bon matelot,qui fe trouve fouvent dans le cas d'acheter ce qu'il a déjà gagné par fes fervices. Ne vaudroit-il pas mieux que les capitaines , après s ê- tre concertés avec qui de droit pour [4?] voir s'ils ne s'écartent pas des or- donnances > déclaraffent , aînfique cela- s'eft fait à Toulon 9 jufqu'à ces der- niers temps, & que cela fe pratique encore dans les autres ports , décla- raffent , dis-je , à la revue eénérale , devant tout Péquîpage , Tes avan-r cemens qu'ils ont faits. Cette fa^ çon ne préviendroit-elle pas toute monopole à cet égard? Ne frappe-^ roit-elle pas davantage ces gens-là ? Ne leur feroit-elle pas connoître qu'ils font dépendans du militaire , ce qui refferreroît le nœud de la fubordina- tîon ? au lieu que , de l'autre façon , on le dénoue, en faifant ce qu'il faut pour perfuader à ces matelots qu'ils tiennent tout des commiffaîrçs. 42. Voici encore un mal qui prouve combien il eft abfurde, que ce foit Je corps de la plume qui ait le foin des claffes ; c'eft la façon dont les vaiffeaux du Roi font armés ; leur équipage n'eft que le rebut des claflfes; Ces meflîeurs çnvpyent tout ce qu'il y a de plus mauvais , non-feulement dans la claffe de fervîce, mais en*; core dans les autres , pour les armen ]Liç bon matelot , (^ui eft rechercha dij marchand , & qui a intérêt à fervîr pliî* tôt fur leurs vaiffeaux que fur ceux du Roi , parce que la paye en eft beau- coup plus forte , trouve le moyen , par la vertu fecrète de quelques petits pré-* {èns faits au commiflàire aux clafles de fon quartier y ou par la proteâion de fes amis > de ne pas fervir à fon tour furies vaiffeaux de guerre* Jepourrois rapporter ici mille faits qui prouve* roîent ces monopoles. En 1746, l'é- quipage de la Renommée , frégate de Pcfcadre de monfieur le duc d'Amvil-. le 9 deflinée pour Chiboudou 9 étoit compofé» comme nous venons de le dire > de tout ce qu'il y avoit de plus mauvais en matelot ; pas un fèul de paifable. Le capitaine s'en plaignit # mais fes plaintes, quoique jufles & réi- térées n'ayant point été écoutées , il fut coutraint de mettre à la voile en cet état. A peine eft-ilà cent lieues des côr tes de France , que les fèuls vingt ma«^ telots qvdfaifoient, tant bien que mal ) joute la manœuvre haute # ( ^ ) font (à) On entend par manœuvre haute , celle qui ne peut fe faire fans monter par les corda* gesforlesyergues, on fur, arc. Et par ma-* fMeuTte ]Miflè| eaU^ 9Ù fc Mk ^ IcfiÎM 1| â [471 • déjà malades , & le mettentjpar cet ac^ 'Cident,abfolument hors d'état de navi- guer j les autres étant impotens , ou ii*ayant jamais été fur mer, n'étoîent propres qu à la manœuvre baffe y ainfî que les (oldats qui ne font jamais l'au- tre. Preffé par la néceflîté , ce capitai- ne fe rend fur le vaiffeau comman-' dant, peint au général fa fituation, & obtient que Pon tranfportera fes mala-î des dans l'hôpital , & qu'il fera pris fur les 20 plus gros vaiffeaux mar-: chands du convoi , un matelot pour, compléter fon équipage. 4.3. Jamais officier ne fut plus futr pris que celui-ci, lorfqu'il vint fur fon Gaillard paffer en revue ces 20 mate-. lots ; jamais il n'avoit vu une plus belr le jeuneffe, plus vîgoureufe , plus in-: gambe> &les marchands ne,s'étoîent furement pas défaits de ce qu'ilsavoient . de mieux , on doit penfer le contraire; Ce capitaine a dit , ainfî que tous fes officiers , que fans ces 20. matelots il n'auroit jamais pu refifler, comme il3 firent à une frégate & à un fcnoc An-: tillac duvaiiTeau, fans être obligé je motki^ $tt I çoiDme po\ir r^tutre^ [48] gloîs qui le combatirent pendant trois jours. Si ces meffieurs de la plume avoient autant d'intérêt que le militai- re , à ce que les vaifleaux du Roi foient bien armés, fe laifferoient-ils féduire fi facilement f Et s'ils étoient veillés dans cette partie , pourroient-ils tant s'écarter de leur devoir , & d'une fa- çon fi préjudiciable à l'état f car l'e- xemple que nous venons de citer, eft ITiiftoire de tous les jours. 44. Pour rapprocher les caufes du défordre qu'il y a dans les claffes « voyons ce qui concerne l'artillerie ^ parce que cette partie a beaucoup de rapport avec elles ; les compagnies, de bombardiers & de canonîers étant ti- rées , ainlî que nous l'avons déjà dit , du corps des matelots. 45". Il eu dit dans les ordonnances de 1689, livre 1 5, titre 6, article 1, 8c cet article eft repéré dan? celle dei692» Il y LUT X deux comm Jfains généraux (a; d*artiUtnc dont l^un fera cab& (a) Ces commîfTaîres généraux étoient alori, en 1985;, membres du corps de la plume, qui , pour ce détail , avoient fous leurs ordres an %^vamS^vtfi ordinaire ^ & le maître canoniet I .^. ji--».-- t49l en Von€ni9& r autre en Ltvant^lefqùeUy Jous Us ordres des intendans j auront inJpeBion fur les fontes & épreuves des tcanons & mertiers , & fur toutes Us autr s armes , poudre ^ munitions y inf^^ trumens & outils ferrant à la guerre» ^. Cet article des ordonnances n'eft-îl pas encore une preuve bien convaincante que ce font ces mef- fieurs de la plume qui les ont faites f .Qui auroit pu imaginer, il ce ne font eux 9 de £iire , des intendans 9 les chefs de Panilierie f Qui auroit pu imaginer» fi ce ne font eux , de fouftraire des car 1>itaines de vaiflêaux à l'autorité de eur commandant naturel 9 pour led mettre 9 dans cette partie toute mil!'- taire , fous les ordres des intendans. 'en port , leqnel &âfoêt tooc » 9c auquel cet commîflairet étoîenc abfoiuiiient obligés , à ^n(e de leur pen de lumière dans cette par- tie, de s'en rapporter endéremem* Lorfqu'îea 1691 Looif XlVcréa le corps dePartillene, ces places furent remplies par des capiraiacs deraflêanx quiconferrerent le nom de corn- miflàîres généraox,Sr^ d caniê de ce nom,Traî- femblablonent la fabordinadon aax inten- dans. Il 7 en ai préfènt trois, onâBreftyiui 9 Toulon , & HA à Rochefocf. /, Partie^ G I jr*aî beau ckefcber , & je ne puis trou* ver qu'une chofe qui ait pu autori<- fer un pareil renverfement ; c'eft leur nom : ces capitaines , dès qu'ils font chargés de ce détail ^ s'appellent corn*' miiTaires généraux: les intendans com* mandent lescommiiTaires; donc ils doir yent être fous leurs ordres. Jja belle raifon 1 Oeft cependant la fçule : car à quel autre titre f Eft-ce parce que ces meflieurs de la plume n'ont nulle con^ noiflance de l'artillerie > & que ces ca« pttaines de vaiiTeaux; au contraire» ont été ordinairement plus de ^a ans à cette école, ou^pcndant tout ce tempsi as ont étudié 4pec art , & affilié A tou* ces les manœuvres , épreuves 6c exà. |3érîences> qu'on y fait f Eft-G« parc* que ces meflieurs de la plume n'ont au?- cun intérêt à ce que les armes , la poii^ ^re & toutes les autres munitions d< guerre foîent bonnes , & que ces ca- j>itaines cie yad&aux, au contraire , f^ lèrvant de ces miinkions^ ainfi que tous ceux de leur corps ^ contre lei ennemis de l'état , font fortement în^ téreffés à cf que ces immitions foiçni ))ien conditioinécs? Mçffîeurs Içs cpto^ t . , . » ' 4 mîflaîres généraux d'artillerie fe fou» mettent à cette fubordination^non fans une grande peine intérieure , puifqu'eK le les tranfporte^ pour ainfi dire» bot^ de leur fphère ; mais ils s'y foumet-: tent fans murmurer , puifque le Roi Pa voulu ainfi. Ce qu'ils ne peuvent fou£- frir, parce que cela va direftement contre le bien du fcrvlce , c'eft que ce« meifieurs de la plume 9 qui veulent ramener à eux toute l'autorité & le foin de tous les détails » enfralgnent les ordonnances , pour empêcher ceis capitaines de vaififeaux de remplir leurs fondions d'artilleurs , afin de les faire exercer par des commiffaîres de la 1)lume, ce qui eft très-préjudiciable; es choïès ne pouvant aller que très- mal , par tout ce que nous venons de dire ; & d'ailleurs cet arrangement «tant à tout inftant un fujet de dis- corde , né peut que nuire au bien gé-» néral , & arrêter les progrès que l'oô pourroit faire ;d'ans cette partie, Nefe* rdt-îl pa$ plùs,-0aturel', & ^lus en fa place , que lés ^oniîHons de ces mef- fieurs îuflfént ful?ôrdonnées au com- mandant de laTriarinequieft leur chef Cij 1 primitif, chef inftruit dans cette par- tie, & intçrçffé à ce que les munitions 4e guerre foielit les meilleures qu'clr Je$ peuvent être f 4.7, Un'^utre fujet àe difcor^ de deflus le rôle de la compagnie , (a) Se le regarder comme n'ayant jamais été bombardier. (a) Quels font donc les reiforts que font mouvoir ces meflieurs les commis des bu- reaux? de quels fortilèges fe fervent-ils pour manier ainfi i^efbrît des Secrétaires d'état de ta marine 9 Se reuffir fi parfaitement à leur montrer le mal fous les apparences du bien ! Sont-ce des anges .<^ non : que font-ils doncf • • Mais comme le règne des enchantemens efl détruit , & que Ton ne croit plus aux for- cters , pourquoi vouloir mettre du merveil- leux où il n*y en a furement pas. Pour moi » ^ui ramené tout au vraifemblable , je tranche le mot, & dis que je ne crois nullement que te miiiiftre ait pu donner un pareil ordre : ja- mais on ne me perfuadera que cette perfonne facçée , donc tout le monde connoît les ver- tus morales & politiques, qui voyoit huit jours auparavant toutes les fuites que pouvait avoir cette affaire , & qui , en conféquence, venoit d'ordonner que le bombardier fût jugé félon toute la rigueur des ordonnances , aie donné cet ordre que Ton vient délire, furtout après avoir été éclairé ( (î la lettre du commandant ne fut çoînt interceptée ) fur la manœuvre dcftrudive de l'ordre ,*& pernicieufe en tout, du commiffaire ordonnateur. Me le perfuade- ra-t'onfNon. Me perfuadera-t'on qu'en 1741 , un minif- ixé ait écrit à W çfiîcter général^ ççounandant it 4^^. Imaginera-t'on après de pareils exemples , que les matelots foicnt fu- bordonnés. Un feul fait , comme ce* une efcadre^ cette lettre (-au fujet du re&f qu'il avoit raitdeiigner en blanc les états de^ confomfnations de vivres , d*agreils , &c« de la campagne qu'il venoit de faire â VAmén^ que; états ^ue la chambre des comptes ne voulut point recevoir fans cette /îgnature) lettre dontvoici la fubûance. « Je fuis étonné, » Monfîeur , que vpus vous faffiez une peine a» de /igner les états de confommations de 9> votre campagne ^ tels qu'on vous les a pré- 9> fentes f parce que la fîgnature des officiers a> n'y eft que pour la forme , 8c non pour leur » validité ». Me le perfuadera-t'on ? Non. Ce miniflre n'en fut jamais capable , & tout le corps refpeâe & chérît encore en lui Ton amour pour le bien , la juftice & Tordre > en' snéme-temps qu^il admire fes rares talens pour lenfinifièrevOn a entendu ce mémo mi-' niftre défavouer hautement à Toulon 9 de- vant to\]t le corps de la marine , une lettre partie des bureaux avec fon feîng , où le mili- taire étcût traité ignominieufement.L'avoit-it écrite f Non; puifque ce minîRre^ ami de toutes les vercus> Ta défavouée, d'autant plus que jamais ce corps ne s*eft mis dans le cas, vis-à-vis uneperfonne qui pénfe , de s*attirer de ces lettres , qui viennent de temps en tenïp» des bureaux , arsiées du feipg des miniftres ; mais dont le ilile bas ^ grofïîer , & conféquenu ment déplacé , trahit leurs auteurs. ■ ■ • Cy • '/* y^ ty83 luî-cî, & qui eft bientôt fçu de tous; ii'autorife-t*il pas ces gens \ mécon- jioître les ojmcîers l quel défordre t Me pec|tiadera't*on que ce ibic nnminiûre qui ah dîôé cette lettre, qui ordonne qu'à Ta* venir lescommifTaires embarqués dans les èfcadres , ou dans les armées navales , auront dans toutes les cérémonies, comme audien- ces , &c. le pas devant les officiers généraux ^ commandant ces mêmes èfcadres ou armées l IWe le perfuadera - t'on l Non. Cependant cette lettre exifie an contrôle de Toulon ; il •ft vrai qu'elle fut bâtonnéejpar ordre du mi* niftre dont on 7 ayoit appofe le feing , auffi- tôt que lui en eue parlé feu M» deMons, au Ib jet de qui la lettre fiit envoyée , à propos d» la difcutxon qu'il eut, pendant fâ campagne > lîir le pas avec fon commsilàire , qui avoit of6 lé lus difputer «Uns «ne occafion d'appa- reil* Quand toutle corpsdes officiers rejette dea matériaux y comme entièrement pourris & défedueux , & qu'il vient un ordre de la cour de les recevoir , malgré ces vices qutles ren- dent entièrement inutiles , quoique très-coft- teux, fottt-ce les miniftres qui les domient ces- ordres , ainfî qu'une infinité d'autres que je ne- l^s tranfcrire ici , parce que je n'ai , ;ii la; pïâceifi le temps f Non» Qui donc écrit tou- tes ces lettre^ , & donne tous cet ordres \ ^ Contbîen n'eft*!! pas pernicieux » que ces^ meilleurs les commi» è^% bureaux , foîçpt membres du corps de la plume ! Tout ce Mais auflî> pourquoi donner ce detai! des claffes^à un corps qui n'entend rieiv à la fubordînatîon , & dont le feul in- térêt eft de s^engraiffer de la fubftan*. ce de cesmalheureux. D'ailleurs , com- me la confidération qu'ils ont de ces gens , eft la feule qu'ils peuvent avoir ^ & que tout homme» ûans quel état ou'il foît , en eft jaloux , il n'y a fone de moyens qu'ils n'emploient , qu'ils ne hafardent pour robtenir;parce qu'ils ne font infpeaéspar perfonne. Violen- ces , vexations , infraftions aux ordon- nances i infinuations fauftes » tout leur eft égal ^ parce qu'ils n ont qu'un inté- rêt à fatisfaire^ qui eft leperionnel. Ils veulent être regardés par les ouvriers & matelots > comme autant de petits rois , à qui les fujets doivent un tri- but. Si je rapportois tous les faits qui prouvent leurs monopoles » & qui font caufe qu'une infinité de matelots paflent) dans les pays étrangers , je ne nnirois pas : il me fufiîra de dire ici qu'il y a( environ cinq ans > que le miniftre vou- lut faire faire une révifion dans les claC^ difonire n'arrîveroit pa«y fi ces âieffieurf a« tenoient i ^uçun corps, Cvj t6d] fes , pour y corriger les abus , & y met^ tre plus d'ordre ; & qu'il fut choifi , pour l'înfpeftion de celles du départe- ment de Provence , un de leurs confrè - res , homme intègre , bon citoyen , Se qui a de l'élévation dans les fentimens r ^ ce commîflaire découvroît toutes ces horreurs , & en inftruîfoit; mais, comme il rémpliffoit avec zèle fa commiflîon > il fut .arrêté dans fa courfe, & perdu' dans Pefprit du miniftre. On l'accufk de mépriier fon corps , d'avoir des hau- teurs, &c. vaines déclamations qui prouvent feulement la droiture des per- îbnnes contre lefquelles on les fait , & combien ces meflîeurs les commis des bureaux de la marine y membres du corps de la plume , font funeftes à l'é- tat. Nous en verrons dans la fuite d'au- [ très preuves. 45). Ne concevera-t'on Jamais de j quelle conféquence il eft pour l'état r que les claffes foîent bien gouvernées ? Sans elles, point de marine , point de commerce maritime- Avec de Targent,. on abîentôt^des vaiffeaux, des foldats; mais le temps feul, joint à une bonne admîniftratîon , peut faire des mate-r lots. Et fi l'efpèce en eft une fois de- . truite à un certain point , il faudra vingt à trente ans pour repeupler les dafles. yo. Ne concevra- t'on jamais , qu'il eft abfolument néceffaîre de charger du foin des clalfes , ceux qui ont intérêt & ^ ce qu'elles foient nombreufes & rem- plies de bons fujets f Pourquoi le mi- litaire, joint au commerçant , n'ont- ils Î)as ce détail ? il leur importe tant que es matelots foient nombreux & bien "^ difciplinésJls ontjà cet égard^le même intérêt que l'état;d'ailleurs,par la façon dont les cfaofes feroient arrangées , ils s'éclaireroient mutuellement , & cette partie effentîelle pourroît être liée au refte du corps politique de l'état, ce qui eft i fouhaiter. ( Fbyci Vanidc des clajfts. ) Au lieu que , par la façon dont I elles font à préfent gouvernées , elles I font pour aînfi dire îfolées , conduites par un corps ifblé, & dont les aâions ne font éclairées par perfonne , quoique l'intérêt perlbnnel, & non celui de la patrie , foît le feul qui les domine. ji. Entrons dans les arfeiiaux , & voyons ce qui s'y paffe. Allons à ce yaifleau que l'on çonftruît j approchons- 4- 162} nous de cette pièce de boîs que Ton travaille , & demandons comment on la nomme. Nous ferons étonnés,par les réponfes des charpentiers , de voir que cette pièce , qui auroit pu fervïr j pour un vaifleau de 80 canons , eft mife * en œuvre pour un de 60 ou de jOé Le cœur commence à faigner : Que de journées d'ouvriers perdues pour la ré- duire ? que de pieds-cubes ae bois gâ- tés ! (Il revient au Roi à 4 liv.) On eft tenté de fe plaindre ; mais à qui ? On cherche des yeux > & on ne trouve perfonne. En effet , en parcourant les autres chantiers 8c tous les atteliers , on eft furpris ,6c en quelque façon irrité , de ne trouver qui que ce foît à la tête des ouvrages pour diriger 5 & hâter l'ouvrier dans fon travail. Car , depuis Sue l'autorité & le foin de tous les étails ont paifé^des mains du militaire} j dans celles du corp$ de la plume 5 les ^ officiers fe font retirés des . arcenaux > n'y vont que fort rarement , & con- duits par la feule cutîofité. Qu'y fe- roient-ils f Ils fçavent que leurs avis 9 je ne dis pas leurs ordres , car ils n'en ont plus a y donner ^ ne feroient pas ■^ écoutés r ns s'apperçoîvent cjue 5 clc$ gu'ils paroiiTent^ tous les bureaux fe arment , & qu'on leur cache avec grand foin tout ce qui s'y paiTe. Et quant aux perfonnes de la plume, comme îls n'ont nul intérêt à ce que les travaux avan- cent & foientbien faits ; qu'ils font éga- lement bien payés & gratifiés; qu'ils font sûrs que la cour ne peut rien fça- voir de leur négligence , à cet égard , puifqu'elle ignore la quantité de ma- tière & de journées d'ouvriers qu'il faut pour l'expédition de tel ou tel ou- vrage > les recenfemens ou dépouille- mens de toutes ces chofes ayant tou- jours été mal faits ; & que d'ailleurs , les accidens qui arrivent à la mer ne ibnt jamais mis fur leur compte, mais fur celui des officiers ; îls vivent dans: une heureufe indolence , fans aller fol- lement expofer leur perfonne, pour u» intérêt qui leur eft fi mince &u étran- ger /aux ardeurs dufoleil, ni aux ri- gueurs de Panière iaîfon , comme il le tâudroit , pour fuivre les ouvriers dan» leur travail* y 2, Mais écoutons lâ-deflhs une voîx non fufpeâej c*eft une perlbnne ic 16^1 leur corps qui va parler , homme ver- tueux , qui gémit de voir les défordres occafionnés par fes confrères , en même-v temps qu'il rit des ridicules qu'ils fe donnent. Tout ce qu on va lire en let- tres italiques , eft de lui; mais aupara-« vant je dois , pour le tranquilifcr , l'af- . furer qu'il a affaire à un homme de probité comme lui, quifent toutes les conféquences du fecret , & qu'il doit être certain que jamais il ne donnera à penfer à qui que ce foit , qui ce peut être. Ecoutons-le. Tableau fidèle de ce que fait V écrivain > dejîiné â la conJlruQion d'un vaijfeau. Cet écrivain fe borne à venir le matin faire V appel à Ventrée des ouvriers f à leur expédier précipitamment les billets de marchandifes dont ils ont befoiny& à coucher ces marchandifes fur Jon regître de confommation y ce ^u* il oublie le plus fouvent ; aprïs quoi il abandonne fon chantier y & ne revient plus ^ue CaprïS'^ midi^à la rentrée des ouvriers ^pour faire la même opération^ & dans le mime goût. ♦*» V ^ * Four ce qui tfi dt fuivre Us ôuvruri' dans Uur travail , d^tn examiner la ca^ pacitiy & de prendre garde qu^ ils f oient bien difiribués fur P ouvrage'^ il n^y fonne, peu de leurs amis ^apparemment , ima- gina , pour leur jouer d'un tour, de faire im- primer à Brefl un almanach , où étoit une lifte générale de leur corps* A peine parut-il, que soudain Tallarme fut générale dans tout le corps de la plume ; on Tonne le tpc/in , on s*affèmble , on délibère , & on refont de faire au plutôt une defcente chez TimprimiErur*,' d'enlever , â quelque prix que cq foit ^top&les ^exemplaires d'un livre que Ton regarde com- nie un libelle diffamatoire ,' & de les jétter au teu i pour dérober vraifemblablément aux yeuxdu snilitaire 8c de tous les patriotes , le •grand nombre de gerfonnes iftutîlêsi& vora* ces^dontcç corps eftcompofé. Car quje per^fer autre chofede cette allarme,qiîî fut/îclaire- 'meni prouvéépsir leur Conduite f Cependïnf,' nieputs iong-texnps, éecoi^s crie ftptrès.>«uie ^lugiçentatioQ* jMâis il mèfemMe;^uq,)df puîa jdeux ans environ, la texje , pour eux^ eft dçbi ^éiiù0 ^'airain JI& le ciel fans rofect ' marint^ ilfuffiroit à leur fupérUur dt^ Us réveiller par cette confidération. 5*3. Que doit-on penfer de tout ce qu on vient de lire , furtout lorfqu'on fçaura que cet atteiier a été pris pour exemple de tout. ce qui fe pafle dan$ les autres f Ne fera-t'on pas eflrayé à la vue de tous les maux qui fe prér Tentent naturellement à l'efprit > £c que l'on voit dériver néceffairement d'ua pareil défordre f N'imaginera- t*on pas encore > outre tous les inconvéniens dont vient de nous parler cette perfonne de la plume, que beaucoup d'ouvriers» après avoir répondu à l'appel, fortent de Parcenal> & vont, travailler cfaess jeux pour leur compti^ ». ou pour celui de ces meiBeurs qui ne les payent que de l'argent du Roi f En efïet, il en eft 1>ien peu qui ne profitent de cette fa il feroit payé au tré- for. Ce lieutenant , après l'avoir exa- miné, lui dit qu'oui, & lui deman- dîi en même-temps, pourquoi il luî faifoit cette qucftion : c'eft, répondit le foldat , que j'apprends P Anglois à un écrivain (qu'il lui nomma) & qu'il ne veut me payer qu'en cette monnoye. Six femaines après , ce même foldat étant nommé pour s'embarquer fur la Rofe, fut prier fon lieutenant de met- tre en fa place un autre foldat de fa ■compagnie , en luî difant : Mon offi- cier, vous fçavez que je gagne ma vie fans beaucoup de peine , que, pour une heure de leçon donnée dans la journée à un écrivain , j'ai du Roi vingt fols par jour ; voudriez- vous me faire perdre cette pratique f Vous êtes trop -charitable. Mais, comme c'étoit à lui a marcher , cet officier fut fburd à tt)il-; -tes fes repréfentations. Que penfer àfi cette facilité qu'a un firaple écrivaib jde payer ceux qui le fervent de Par- lent au Roi ? Lorfqu'on fera attentîctti •^u^les dépjtrte^nens eu fourmillcnt^i àînfi que d écrivains principaux , de commiflaîres ordinaires, &c* qui font leurs fupérîeurs. Enfin, que l'on inter- roge tous les charpentiers , menuifiers, tîfferands & autres manœuvres qui tra- vaillent dans les maifons de ces mef- fieurs , prefque tous vous diront qu'ils font payés par le Roi.Car, à moins que l'on imagine quç ce corps a cette pro- priété finguliére,de métamorphofer en anges les hommes qui y entrent , on croira facilement ce que je viens de di- re , & ce que j'afllire comme très-cer- tain , fi l'on fait attention que le plue grand nombre de ceux qui compofent ce corps , fortent de parens qui 'n'oi^t . pu leur donner une bonne éducation ir qui. croient de bonne foi que ce n'^ft [ point voler , que voler le Roi , qui , dans cette idée , le font > fans fi:rupulet aufli fouvent qu'ils le peuvent , & qu'avec ces principes , ils entrent dans jm corps peu fait pour les réformer. . . 5*4. Car , qu'efl:-ce qui élevé l'ame "& la rend capable des grands fentî-: mens de V£rtu? Ces deux chofes; Ja bonne éducation, & pieut-être plus encore les cxrcQnihnceSt Sembla-^ blfi Il3l ble à un arbre dont la force ou la foî- blefle dépend abfolument des lieux oh il a pris lon^ accroiffement : s'il jette fes racines dans un terrain ferme , ex- pofé au foleii ? & battu des vents , il acquiert, dans toutes fes partie$,un de*- gré de force & de confiftence qui le feît réfifter ^ toute corruption, comme aux plus grands efforts ; qualité qui le fait rechercher pour toutes fortes d'u- iàge ; mais s'il ell planté dans une terre fangeufe , à l'abri du foleii & des yents, il porte dans tous fes rameaux, comme dans fon tronc foible & lâche quoique vigoureux en apparence , un germe de pourriture qui le fait méprifer & rejetter de partout. Tel eft 9 fur no- tre ame, PefFet des cîrconftances ; mais celle qui me paroit agir le plus fur nous, cft celle-ci, c'eft la néceffité îndîfpeh- £ible oh vous met votre profeffion , ou certaine pofition d'avoir quelques-unes de ces grandes vertus qui , dans tous' les temps i ont attiré les refpeéls de tous les hommes, comme la haute va- leur & la grande probité. Car tels font les hommes , que lorfqu*ils fe font at- jîré les hommages de leurs fémblable par une feule ^è ces vertus , ils foflt jaloux de fe les attirer par les autres j pc s'ils ne les poffédent , ils font au moins leurs eïrorts pour paroître les avoir: enforte que je compteroîs autant îur la probité a'un niilit;aire d'une bra- voure diltingaée ^ que fur celle du ma* giftrat le plus intégre i & que jexroîs le magîftrat intégre aufli iferme que le plus valeureux guerrier. Je fçais qu'il y a des exceptions à cette régie, mais, en ^énéraljla vraie bravoure & la vraie Frpbitë ne marchent guère l'une fans autre. Que l'on parcoure les profef-, fio^is oîi l'une ou l'autre de ces ver-» tus h'>eft point- un devoir efiferitiei j ç'eft-à-dire, où elle doit être en évi- dence , & où on en doit compte à tou- te la terre > comme le courage d^a Iq jnailitaire , & la probité dans la robe , VQu^ ne les trouvez que dans ces heu- reux naturels fécondés d'une excellente édiicatioa. Se fortifiés-, nourris par jes. rrfiexions que peut fournii; l'étude des grands modèles : ce qui eft très-^rare. ff. Mais ces meflîeurs connus feu- lement : d^s les ports ,, . & ignorés du^ i:efte du^ïfionde ^ dont le xn^tiqr fe fait, • ♦ ♦V V 3atis le filence & les ténèbres , puîl- qu'il confifte 4 tenir des comptes de recette 6c de diépenfè ', & à comman- der, pair inêtritnyki des ouvrîers,ne font ^point obligés éirentklkment , de l'o^ blîgation dont nous parlons , à avoit l'une ou l'autre des vertus tfue nous venons de citer. J^où X*; •part-outon y ireconnoîtra les effets dû :feoî:îlléuir eftfi facile de les^ détourner, & il doit leur efn coûter fi peu , avec les .principes dont ils font înn)us,'quel*oii doit croire aifémeltt ce' que j'^avancfe. Qûelteèft lagarde desaircenaux f trois Dij \ OU quatre hommes, jadis leurs valetii niai^itenant gardiens habillés en Suifl^, gens qui fontp^r conféquent à leur dé- votion , & qui d'ailleurs n'ont rien à irraindre, rien à elpérer,quç d'eux. Leur efl-il fi difficile de féduireçes hommes, (de les corrompre ou de les eâraïef f Cpnçoit'ron mejne qup cçs gens ofent examiner ce que ces meffieurs font forr xîr en Içur npnEi ? Pourquoi , fi, par une /atali;é qu'on pe peut prévoir ni conr icevoir,les çhofes doivent refter dans l'ordre où elles font, la garde des arcer paux ne fe roit-ellç pas confiée au mili- |aire,en mêmç^teniips .qu'à la plume f Ne feroitrii bas plus avantageujç , qu'A "toutes les iflues , il y eût deuiç garcics , jine qui feroit du côt^du dehors, comr fofée de foidats av^c un officier, & autre qui feroit du côté de l'intérieur, compofée dç ces gardiens ^ & placée par l'intendant f enforte que 5 pour ep- f rer ou |brtir du parc, il fi^^^roit né- céflairemçnttrayerferccs dejij. gardes ^ &>copmp il feroit abfolumejat néceffai- jre qu'elles enflent la meipe configne » le commandant feroit avertir l'intenr jd^t dç tpuîçs celles ^u'U donneroiç • a. . 11 f] zb% oiliciers de garde ^ afin quMldoDti&t les mêmes à fes gardiens ^ & ^ l'inten-' dant en jugeoit^e contraires au bien da fervîce, outjue le commandantiie vou- lût pas donner celles qu'il auroit jugées nécelTaires 9 après les refus faits fur fes repréfentations , il en informeroît la cour, afin qu'elle en ordonnât an com- mandarr. y5. Continuons : toute la France fe d^fefpere , & avec raifon , de voir tant de beaux vaiiTeaux, & qui ont coûté tant d'argent , n'exifter qu'un moment* Ils font pourris / fouvent même avant: que d'être fords. On rejette ce mal fuit la façon dont on conferve les bois » Se fur le grand hiver. Je oois en effet que la première caûfe y influe beau'^ coup 9 & la dernière ufi peu > mais je crois^auili , qu'avec du foin on le cor-, rigeroit. Bàtiifez une maifon de mar-' bre, & abandonnez-la quelques année» aux foins d'un concierge peu attentif y elle tombera bientôt en ruine. Chaque vaiiTeau efl ainii livré à un gardien fu« ranné ( ce font des retraites pour les vieux loidats & ouvrier? ) qui s'endort dans fa befogne> parce qu'il n'eft veillé D iij C78 1 , p^t pttùmne. Car ce n'çft que lorftju'U vieut Qrfli» d^armec un. vaiffeàur qu/oti vafeyifilter. On le&laîife potifrir fente dôfoift & de propret»:. On ne £ç^ plus C€ que c'éft que de dékfter lesbâiimena qui reviennent de la mer , chofe fi fort recominsusdée dans les ordonnances > & lieti ne ifeuf eft phâsiimefte , que de leur laifler ce vieux leftrempli déferre» iBens qui tendent à la cocrupticuir D'un autre côté ^foitignorance ou négligen- ce,, ils laiffent les vaiffeaux défarmés tmp Wges , ce cjui eft caufe qu'ils s^p- cuent promptfemenc, parce que ces vaif!^ (9»ux n'étant appuïés que fiir leur cen- ifê* 9 la^ pefanteur des aeux extrémités qui font eni Pair ^ tend conrâmieUement Ses rompre. Faut-il être grec pou.» fen- ÛÉ que T puifqu'un vaîffeau a l'avant & & l'arriére fort maigres , & fon foutîen dans ces parties (on haut , ilfâut , pour qu'il ne fooflre point , î*'enfoncer dans^ Keau r en mcttaiit dans^ le centre le left néceffaire , pourque cet dçux extrèmî-^ •tel foient bien fout^sniaes par ce fluide ? Ce manque de précaution cependant » librégeant le fervice des vaiflfeaux de fc^ des artuéçs, çft très-coûteux; à l'état, ^ 1:791 . » - 5*7* I^c? chofesn'eirïToîent-elIes pas mieux à cet égard , fi, le fqhr de chaque ▼aifleau écpît confié à un officier lieu- tenant ou enfdfftiie , qui ^dçux^ fois pat femaincferpit oblige de vHiter le b^ti- ihent, dont\a gardçluî aùroïc ^té con- fiée , qui ferok effuyer partout où il y aurôit'de l*eau , calfater, les. coutures par où elle pénétreroît, feroîtra'cler les endroits où il y auroit de la moîfiiTure ,' &y appliquer même le feu , s*iï le fàl-v ïoît X Çcti quî ferpit refpohfabte.de foi^ bâtiment î obBgé ,. après chaque vîfite , de rendre compte au capitaine de port de fon étatjqui fe?oit eniïff veSîépar les majors, 5P"T ^croient tous les mois un$ fonde» Préff-ilpas plus naturel que ce.' loin foit cixtre les mains du milîtaîre ^ qui n'étant grand qu*^ pToporxiôii de Vutilité de la marine , qu'à proportion par conséquent du nombre devaifleauXj bîenfojgnés dans fe port, Ôc bieaar- ïhés à la nier, a le même intérêt à cet égard , que celui de tout Pétat ? au lieu, qu'il fembleroît , qu*îl eft plus.de Pîn- térêt du çdrps de la plume , auquel ce^ foin eft confié , que tout dépérifle. Ces. ineflleurs ne parta|;ent;en aucune fa^ôn^ ' Div lt mt^> C8oî ta gloire des entreprifes beureufe , que J)eut procurer une marine floriflante , & es comptes de radoub & de répan^tion ne font jamais (1 clairs que les autres» Nombre d'officiers ont entendu dire , aufli bien que moi y à ces melTieurs , non pas une fois, mais vingt 9 dans ces mo- mens où l'on s'oublie >& où les inclina- tions & les intérêts parlent feuls; il nous faut toujours un vaiiTeau en ra- donnent plus un vaiileau qui eft con- damné à efluïer quelque opération. Le Fier a été trois ans en radoub, &,pen- .danttout ce temps, quatre-vîngt ou- vriers étoient couchés fur les états pour ce travail, nombre qui fuffiroit pour conftruire un bâtiment de même iorce en bien moins de temps. Il reftoit des iix mois fur le côté , ce qui délie Se perd un bâtiment j & lorfqu'on le rele- voît , Pautre , qu'on venoit de radou- ber, fe trou voit pourri : trois ou quatre. fois oji Ta retourné ainfî , il en a été de même du Content^ du Duc d'Orléans a 6cc. ^ "x-. ip jm u I J ^^ ^ ^ ^ ' . " ^"^^^" ^ -" ' /-* ' *w. . ■ n ii^^i^iP r [80 'jS. Pourcfioi le militaire n'eft-it {)as chargé de tous ces travaux > lui qui éft fi intireffé à ce qu'ils foient bien fcits f Vaut-il mieux qu'il refte à tcne fans aucune occupation , & confervery exprèspour ces aëtails, un corps pref-^ qu'aufli nombreux, qui ne peut y enten-. are rien,& dont les intérêts ne peuvent au'être oppofés aux fîens , & par con- fequent à ceux de l'état f car je dois rendre cette juftice au militaire , qu'il eft plein de zèle & de fentimens, 8c en général > beaucoup plus inftruir qu'au- trefois. Il y en a > faiis doute » dont le cœur eft corrompu ; & dâns.quel corps n'y en a-t'il pas r mais on les connoît ; on les montre au doigt; on ne les mé- nage nulle part » & on les force à rougir partout où ils fe préfentent. jp. S'il eft ablurde que ces meffieur» de la plume ayent, le foin de tous ces détails, ne l'eu-il pas encore plus que la conduite de ce corps , qui ejfl aujour-r d'hui de près de 600 > & qui tous les jours attend une augmentation » ne foit éclairée dans aucuns de ces détails par perfonne. Les commandans ne font inf. truits de rien. S'ils voyent 8c fignenç L «^..;f ^■' les états qu'on envoyé à la cour, du nombre d'ouvriers , & des matières employées à chaque ouvrage , font-ils en état de les vérifier , eux qui igno* rent tout ce qui fe paflfe dans les arce- itaux , & qui n'y font plus comptés pour rien f enfin ces meffieurs font fi peu . veillés par le militaire, qu'ils font par-» venus, par la crainte qu'infpire leur crédit à la cour , crédit qui en îropofe k tout le corps de l'épée , je le dis à la honte du militaire, a les rendre fau- teur», & pour ain fi dire, complices de tout le mal qu'ils font , ou qu'ils peU- ycnt faire. 60. Je vais en citer un exemple , 8c ui eft des plus frappans. Ces meffieurs e font mis fur le pied , depuis quelques annnées , d'exiger des capitaines , qu'ils fignent en blanc , avant & après leur campagne , tous leâ états j foit de revue, foît de confommatitm de vivres , d*â- grès , &c, états que ces capitaines ni revoyent plus de leurs jours. N'efl:-c« pas une chofe odieuse & qui crie ven- geance , que cet abus f Cependant, de* puis la mort de monfieur le marquis a'Aiu;in 2 vj ■H -• [84> plus de pîen, il n'eft plus accoutumé S. réflcchir fur le bien ou fur le mal des chofcs qu'il voit commettre , ou qu'oa lui fait faire f II lui femble qu'il ne,dent i la marine > que lorfqu'il efl à la mer ^ de retour y il fe regarde comme étran- ger. Quel renverfementl Comment fe I Veut-il que certains militaires > dont a bravoure & la probité font recon- nues 9 qui font eilimables par une infi- nité d'endroits , & dont les lumières pourroient être utiles à la patrie» fbient d'ailleurs aflez pufillanimes pour être vendus aux bureaux > ou pour craindre leur crédit ; pufiUanîmité qui les en- gourdit à la vue du mal » & la caufe de cette foi-* blefle. 61. Je n'entrerai point ici dans le détail des vols que ces meilleurs de la plunae font dans ces colonies , je ne fi- nirois point. Je me hâte & vais i grands pas , pour fortîr au plutôt de ce laby- rinte de baffeffes , d'indignités & de friponneries. Voici le fait que j'ai choifi entre mille ,.pour prouver que , ce que j:e viens de dire , ne font pas des lieux communs , ni de vaines déclamations.^ Il y a trois ou quatre ans que deux frégates fe trouvèrent enfemble à lar Martinique^ il y fut propofé par l'in-' tendant 30000 francs à l'un des capi- taines j s'il vouloit fîgMr les états de confommation qu'on lui préfentoit ; il tefufa: on lui en oftit yoooo; il refufe encore.5 difant , plein d'indignation con- tre ces rocffieurs r qu'on lui couperoit plutôt le poing y. qUe de fîgner ae pe-^ reils états* L'autre ligna les fiens : on ignore ce qu'ils con^enoîent , & fi lesr mêmes offres lui furent faites ; mais it figi}a;j& de retour^ .ij- eut :20dalivi; ■^f-^^j^ ' ■- • • ^-' - ■' • ' ■^ ■ >^ .^^ T." — - . — - /> )Ae gratlfîcadoQ , & Tautre qui avoit rcfuïé de figner , n'eut rien , & f u t perdu dans l'efprit desboreaux , quoiqu'auffi bon officier qu'honnête-homme. 62. * Sans doute , qu*à Pouïe de ce fait, on fera rempli de furprife & d'in- dignation. Mais combien ne fera-t'on pas ému , lorfqu'ctn fçaura que cet in^ tendant , rfayant pu féduire la yertu dé ce capitaine, a employé^par la fuite» les moyens les plus affteux pouF flétrir fa réputation ; & qu'il a fçu fi bien faire porter à tous fes difcours empoifonnés les livrées de la vérité , qu'il eft venu àibout de faire/ méprifer par qudques ofEcîef s pkîns de probité , & peu cré- dules d'ailleurs >, un hçmîme chéri & xefpefté detousceux quileconnoiffent pour fbn intégrité , pour fa fermeté; enfin pour toutes fcs vertus , & fon génie tranfcendant pour le métieF de la ]»arÎRe«.LevoîUdoiic^ a'écriofent ces officiers indignés, dans la pérfuaiion où ils étoient d'avoif' été tro[i>pés juf^ qu'li cette beure > le voîïà èènc cet homme de Uen \ Nous içavons à pré- fent les motifs dô fon refos. Qu'il ofé À» présenta: devant nou» avèo fes -de^ I hors de vertus : nous le connoîflbns; S'il n'a pas youlu figner les états qu'on lui a préfeiîtcs , c'eft que l'intendant a euaflez de fermeté , pour lui refufer de faire entrer dans les confbmmations de fa frégate, laà i;'000 Uv. qu'il lui démandoit. Car ce font là les idées Se les fentimens que la fourbe & la mé- chanceté de cet intendant ont fo\iflés dans l'efprit & dans le cœur de plu- fieurs officiers- qui depuis ont été à la Martinique.Sera-t'on furpris,après cela» que ma voîx s'élève , & que mon ftile fe reflente par fois de cette émotion > ue la vue des adionç les plus infômes ^ait paffer dans le cœur de cciix qui font bien nés f J'en appelle aux âftieg tertueufes : flétrir , par des calomnies atroces , la réputation d\ifi homme de probité , eft fans doute , pour elles , de tous les crimes le plus noir& le plus tém voltî^nt.Qu on ne vienne point dire que c'eft raaioft d'un fçuk l^ Cet inten- dant ne pôuvoît être , à la Martiéiqu* ; fcul du complot, 2^. D'où vient que meflieurs le$ commis des but?eaui firent? À ce capitaine un accueil qui lui aflf ifionsoît ^e fa probité Xeroit-la catt% i ) >^ ^883 fie fa perte 5 eux qui étaient fi biài înP* traits de la vérité du fait j puifque cet officier fut , à fan arrivée , papiers en main , inftruire de tout ce qui fe paffoit le miniilre > qui lui témoigna j par les parole» les plus obligeantes , la fatis- taétion qu'il avoit de fa bonne con^ duitc. 6j. Que Von tire à préfent fes con* féauences fur ce qui fe pafTe dans ces^ colonies , & fur la conduite de mef- fieurs les commis des bureaux , mem- bres du corps de la plume. Nous avons vu ces memeurs dépeupler les clafles r nous \çs voyons à préfent ruiner la ma- rine >;iious les reverrons encore auteurs d'autres maux* 64. J'ignore ce qu'il y avoit dan» ce5 états ; mais que ne 4evoit-il pas y ayoir? Tout ce que je fçais, c'eft que > dans les états de confomm^tion 4'une autre frégate , ils y. ont gliifé d^î petite, arriçlejï pareils^ à celui- ci j ijooo* francs p0ur la) carenne du bâ- timent : on croit fans doute, fur ce qu'on vient d'entendfe , que l'article eft enflé de moitié} on n'y eft pas en- çoîc ; la frégate ne fut ife^lei&efift pas^ j areiînfe. Tout ce que Je fçaîs, c'cll que Pinteiîdant de Toulon,qm fçaroit ce qui en étoit, & par les mains de qui il falloir que ces états paiTaiTent pour être reçus à la chambre des comptes 9 les y envoya comme juftes. Tout ce que je fçais , c'eft qu'à la Martinique ils font payer au Roi les bœufs 300 1. qui ne valent que ijo, un croc de palan 1 jo liv. qui ne vaut à Breft & à Toulon que 12 , une journée de ma* çon 20 liv. &c. Tout ce que je fçais, ç'eft que, comme la fîgnature de l'écri- vain embarqué eft néceflaire , ils ont tous 40a liv. de gratification, qui font reparties fur les confommatîons; c'eft i|n droit à préfent tellement établi, qu'ils n'oferoient les refufer à L'écri- vain , &C. . 6^. Si les officiers étoîent veillés U-deflus par les perfonnes de leur, corps f comme ye l'ai dit dans le com- mencement de ces confidératîons ; (i, Ton êxaminoit , à leur retour, les états% qu'ils fignent, ne prévîendroit-ojB pas ce défordre 3 du moins en grande par- tie? i6. Il eft à remarquer , à propos d© CpoT làfignatùre en blanc dont nous avonj parlé plus haut , que c'eft la feule pod- tion. dans l'ordre aéhiel des chofes,. où le militaire peat veiller fur le corps de la pkune; car à k mer, c'efl-a- dirC) dans les campagnes , & dam ce qui y a rapport > il y a encore un relie de cette fuboidiiuttion 13 gécelfaire pour le bon ordre , fubordination qui va bientôt être dœiruite par les grands eârôrts qu'ils font poar cela ; ces mef- fieurs ne précendent-ils pas , depuis quelques années , que les écrivains em- barqués ne font point fubordonnés aux ofliciers commandans les l^imens du Roi ? Parce que , difent-ils , au ti- tre des ordonnances de 1685, concer- nant les écrivains embarqués, il n'eft poïn: parlé de cette fubordinarion , èc qu'il y ofl dit fimplement : il neforiira du va'ijftau fur lequel il aura êU établi , gue pour les affaires indifpenfahles con- CtrnaruUforvice de Sa Majefié , £* tn avertira toujours le capitaine. Ce mot avertir, qui e(l maintenant leur grand, cheval de bataille, défigtie félon e indépendance. Cette affaire a c nos jours, tant de fermei^ig' tp>3 tianae, & eft en e&t fi impcnwite i quoique en apparence frivole , " "^f^" ^ ' '" tiolTefflan ^ maître de chaloupe ^ &c } on verra que tous fes titres font ab- folument jettes dans le même moule 9 & conçus dans les même^ termes. On ne trouvera , dans aucun de ces titres 5 rien qui puifle dédgner que ceux qu'ils concernent font ou ne font pas fubor- donnés; avertir y informer y 8c donner 4tvis y qui font finonimes > iont les leuls termes empfoyés qui peuvent marquer Pefpéce de rapport qu'il y a entre le capitaine & ceux qui font embarqués avec lui. Que conclurre de cette uni- formité dans tous ces titres & du prin- cipe* reçu f Conclurra-t'on , pour fouC- traire Pécrivain à la fobordination , que le maître canonîer, charpentier y czU fat> &c. font indépendans ? Cela fe- roit abfurde. Et , quoique peu de ces meffieurs connoiflent la logique , il n'eft pas poflible qu'ils raifonnent fi mal. Si i?on (jooclud qu'ils font fubordonnés , l'écrivain l'eft donc {a) : rien ne me pa-^ roit plus clair» (à) Qu'on Ce fouvienneque, lorfque les or- donnances furent faites en xt^ip ^ les écrivains fi'ëtotent pas encore membres du corps de la l^tts&e^ Kaye{ /a note (^) du numero^^ojpa^ F i jrs,é (S8. Quoique je crais tout-a-nut îmt- tile de rien ajouter à cette preuve, je vais cependant tranfcrire ici deux artî- cles des ordooinances : danjs celle de i62p , titre 7, article 32, îi eft dît : en tas qu*U fa£[k {U capitaine) que/que prife , il empêchera qu^il n^ fait rien pillé , & ferafcelUr Us écomUles , càf: fres , armoires par r écrivain du Rci, à peine de répondre dt tout e.t qutjera tnltvé & de caffmhh* Dans celle de 171 p, qui ûonne aux écrj vains «em- barques le droit de manger avec les officiers , il eft dit anicle 23 ; les com^ mandans dis vaijfeaux n^envoyeroht leurs écrivains à terre dans les ports. & rades ^ que pour V examen dd vivrfiSjj J& nen poàr ttous les autres y ôc. ôj. Puitque^ félon les ordonnances"^* les écrivains embarqués font fubor?- donnés , à quoi bon toutes ces formut les inventées depuis peju ,:>pi>ur le . cas où ces méflîeurs veulent fortir du vaif* fcau l Formules qui jtcndfent à dctruîrç ji, ron ne fera plus é(onné qi^e ce cprps ii*ait pas fongé alors à fouftraire les écrivains de la fubordination aux officiers çoSBjnanà tflaïuie^bâtimêiildttRQit - . ...* ..1 une fubordination que les ordonnances ont établi , & qui occafionnent mille eonteftations. Trouve^ vous ton , mon^ jitur ; trouvc[ bon , monfitur ; yovs trouvei bon , monficuTy "éc. font tou- tes chofes puériles , 5c qui rappellent k Pidée la famcufe guerre civile des I^itiputiens» occafîoiuzéeparieicbifine que forma entr'eux la raçon dont .on éevpit: oai&r les >œa&9 les^tuis.prév* tendant qu'on (fevok les cai% par le petit bout , & les autres par le gros. Y a-t'il deux fortes de fuboidination ? S'il y 1^ a deux , où eft la ligne de féparatiùn ? Mais non , il Jie peut y en 4ivoir deux ; -& .puifque cela efl:^ pourquoi ces mdUeurs neM^entapdéntt ils pas àallet à terrecomme les. antres^ Les officiers & tous les gens de l'équi- page ont-ils eii befoin qu'on leur en* iëignât comment il falloit qu'ils deman^»^ daneût cette permil^on f Chacun la demande à & façon ,.& qu'importe > pourvoi' que l'oatonvienne qtfon eft fubordonné. 7a Voilà qu'elle a éîéV^ufqû'i ce$ Herniers temps, la croyance de toutç la marine > du .egslpjS, miUljaire &: di| ^ tX)TÇs de la plume. Ce n'eiî que depuis quelques années , que ce dernier a ima-^ giné & tenté, par toutes fortes de voyes , de renverfer un ordre établi depuis que la marine exifte. Toutes nos ordonnances , la raifon ( cariie rer pugne-t'elle pas à ce que;»daAS un iîtat» quelque petit qu'il foit , il y ait une peribhne indépendante ) toutienfem n^ fiftera à ce fchifœe naiUTaiiit , & dei- vroit, ce me femble, Peuppêcher , fi l'ordre aâuel des chofes doit fubiilter. Car quel inconvénient peut-il réful- ter de la fubordination des 'écrivaioB :embarqués , aux oificiers commandait Jésbâtimens du Roi ? Dira-t'oiï qu'élit loy era-^t'il k force ? Il ne réuffiroit JA>- mais ï)ar <:ettîe voye > Pccrivaîn défo^» béirbita il^çkindi»itJMiutement.Lâ conniveHQ^ & l'infinnation feroi^t<« me Cenvble ^ién î>]tis à craindre dan^ ^e' tz% qaej'ftutoàté & la violence* Jue 1 /" fcapitaîne Pempêchera-ril de remptit fes fondions f Cet écrivain qui , dès qu'il eft débarqué , n'eft plus fous les ordres de ce capitaine 9 ne trouve-t*il pas» en la perfonne de l'intendant» un chef qui rend compte direôemettt au fecréxaire d'état de la marine 9 à qui il fe plaindroît de tout ce tiont il auroit droit. Quel mal peut-il donc réfuher de la fubordinatlon de ces meffieursf II eft impoflible qu'on en défigne un réeL 71. De la non-fubordination , au contraire, doit s'enfuivre lé défordre & mille maux. Les écrivâins^la plupart jeunes gens 9 même enfans? fansédu- jcatîon, &: n'ayant aucune expérience V |bnt abandonnés à eux - même dès jqu'ils font embarqués. S'ils font indé- {)endans dans leurs fonctions 9 quel .temps prendront-ils pour les remplit ? Xes rempliront-ils même f Si c'eft à eax à choifir les momens , les cap>* caines dépendent d'eux en cela 9 le fervice du vaiffeau , dont ces meflîeurs n'ont nulle connoifl&nce , peut en fouf- f rir, Sx c'eft aux capitaines , les écrî- iVains font donc fubordoiuiés f Car «'ils ^t,,.. \ \ \ \ s'ils ne le font point , ils pourront re« fufer, & k fervice ne fe fera point. -S'ils font . ihdépendans , ils pourront fortir du vaiffeau quand bon leur femr bléî^ : mais n'y a-t'il pas mille circonf- tances ou les capitaines feront forcés "de lesen empêcherf Et s'il le font, voilà un fujét dé trouble , de murmure dans le vaiffeau , & de plaintes à la cour. Enfin , car c'eft trop nous apéfantîr fur cette matière, que l'on y réfléchifle bien avant de prononcer , & on verra clairement, i^. Que, félon les ordon- nances,ces meflîeurs font fubordonnés. .2°.Que cette indépendance dans leurs fondions eft un être de raifbn qui ne Î)eut abfblument pas exifter , fans que es capitaines leur foient fubordonnés dans bien des chofes : ce qui feroît contre la raifon & contre le fervice. tVoici la grande raifon que j'ai enten-» -du donner par ces meilleurs , par les îmendans & autres : l'écrivain , dî- fent-îls , eft dans un vaiffeau tout feul de fon corps contre lo officiers plus ou moins ; s'ils font fubordonnés , que ne lui fera-t'on pas fouffrir f La belle j^ifon ! Apparemment que ces meffieur^ / regardent un écrivain embarqué , com- un innocent agneau au milieu des loups rawifians. Mais le militaire n'eft pas û méchant, ni eux fi innocens. Et quand, par hazard, il fe rencontrçroit un état major monté fur le ton dp chagriner ("on écrivain, c'eft-à-dïre, deluifairç ^ire exaâement fon devoir , car dç quel autre chagrin la fubordînarioo peut-elle être caofe ? Faut-il, pour un partîculieTj&pour une telle raifonjren- werfer un ordre fi fagement établi, puit qu'il regarde le bien général. Et d'ail» leurs les officiers n'ont- ils pas des fupé- lieursfS'ils ont tort, qu'on le plaigne au aniniftreî&fûrementjufticeferarendiia 72. Si le militaîre défend encore uo peu à la mer les reftes de fon autorité înourante, il n'en eftps de même i tem- Toute autorité'eft entreles mains duoorps de lapluïnej & ceîan'occa- fionne pas aujourd'hui la moindre con- teftatîon. Ijcs officiers généraux , qui commandentdans les ports , n'ont pJus que le nom de conimandansi il foffit mime qu'ils ordonnent quelque chofc , pour qii^ I3 plume prenne- 1 tâche de faire k- contraire. I] y queiques mOiH [.991 que l'ordre vint d'armer cinq fregat- tes j un de ces bàricnens le trouva pour- ri,' le commandant, fur le rapport du cipitainequi devoir le monter, fur la vifite faite par les officiers de port > ordonna au capitaine de port de faire travailler aux mâts d'un bâtiment à peu près de même force , en même temps cependant que l'on travaîlleroit au ra- doub delà irégattc nommée, afin que ce bâtiment fût prêt au cas qu'elle ne pût être radoubée à temps , & que la cour jugeât à propos ce changement. Rien de plus îàge que cet ordre. Le capitaine de port fut en parler à l'in- tendant , qui olà lui dire en propres termes : £" moi je vous U définds ; & les chofes en relièrent U. Rapponons id de fuite quelques faits , qui ferviront encore à faire con- noître Vefprit , ainll que l'ignorance ftu corps de la pliline. 73. Un intendant imagine qu'il eft çonflruéteur, &dans cette idée il tra- vaille en fecret à faire le plan d'un bâti- ment dont la cour venoit d'ordonner la conftruftionjqui devoir être de yoo tonneaux de port, &c fait fur le mode* -- Eij [lOD] . le du RÎHôcéros («). Ce plan fait , il ap- pelle un des excellens conflrufteurs de nos jours > le lui montre» & il lui dit de l'exécuter. Ce conftrufteur , après l'avoir examiné > & calculé dans tou« tes fes parties, dit qu'il ne peut s'en charger j que le bâtiment qu'on veut lui faire conftruire, bien- loin d'être de joo tonneaux f ne feroit que de 300, & que d'ailleurs il feroit manqué à tous égards. Premier grief, on le trou» ye un fot d'être fi favant. On lui or- donne d'obéir , il s'en defiend ; fécond grief: fa fermeté eft traitée d'imper*-, tinence : on le renvoyé 9 non fans bien fe promettre de s'en venger, & tou- jours au détriment de la marine. Sur le champ, on cherche, en grande hâte , & on trouve enfin un jeune homme de dix-huit ans , qui avoit quelques talens, mais fans autre expérience que ceUe de fon âge. Arrivé chez ,1'intendant , pn lui dit qu'il faut qu'il conftruife fe vaiffeau dopt qn lui montre le plan j , (a)Tonneaun'eft, danç cette acception,' Su'un terme qui déiîgne la pefantcur de 200a v;aînfi ce bâtiment devoir avoir afTez deca-»^ pacité pour porter un miiUon ^e livrer que l'on ne veut point de reprefenta- tion; enfin, qu'il eft perdu s'il refufe. Ce jeune homme intimidé , croyant entendre le dieu qui fait gronder la foudre , prend le plan , & conftruit fi- dèlement le vaîfleau qu'on lui deman- doit. Tout cela fè fait fans que le mî- lîtaîre en foît en aucune façon informé. Le Meflager, c^eft le nom du bâtiment, n'eft pas encore achevé que l'ordre de l'armer eft déjà obtenu. On le donne k un vieux lieutenant de frégate, qui ne peut y faire entrer que la valeur de 300 tonneaux. Cela fait du bruit, & vient enfin aux oreilles du commandant. On fe tranfporte fur les lieux, on exami- ne , & on réconnoît l'impoflîbilité de lui en faire porter davantage. Le mal étoit fait , il falloit que ce bâtiment , puifqu'on l'avoit , fût utile : on lui fait donc defcendre la rivière pour aller en rade. Le capitaine veut mettre à la voi- le , mais le vaifleau n'a point de fou- tien ; fa mâture n'eft point proportion- née ; il eft prêt à périr, même dans la rade. Cet officier eft donc obligé de remonter la rivière , & de rentrer dans le port. Dans un moment ; le vaiffeau E iij (Bit couvert d ouvriers ; on le rafe , on lui fait un foufflage , on augmente fon left , on dîmiminue fa mâture , non fans beaucoup de raillerie de la part des ouvriers, qui connoiflbient la tête qui a voit enfenté ce chef-d'œuvre , & qui infultoient celui qui i'avoit exé- cuté , au point qu'il en a penfé per- dre l'efprit. Rien n'ctoît plus réjouit- fant , que de voir cet intendant, le vî- fî^ge confterné , courir , une toife à la main , d'attelliers en attellîers pour fai- re travailler en hâte aux mâts, agreils, &c. du MefTager. Il vouloir abfolu- ment que fon bâtiment fût à la mer , & craîgnoît en même-temps des accî- dens funeftes à ceux qui étoîent de- dans. Il arrive plein de ces idées à la mâture , voit des mâts , & demande de quel vaiffeau ils font? Du MefTa- ger, lui dit-on f A ce nom , ces mâts que l'on vcnoit de diminuer , lui pa- foiffent d'une longueur effroyable : il mefure celui d'artimon & commande au maître mâteur de le rogner de tant de pieds; ce maître lui dit qu'il vient de l'être : cela ne fait rien , rognez en* core i mais , monfîeur ^ lui répond Ict înaitre mlteur , ce mât ne pourra pluà fervîr, il fera perdu : rognez, je vou^. l'ordonne ; on rogna devant luî , mais tellement que ce mât ne put fervîr ^ & qu'on fut oblige d'en faire un autres. 74^ En ij^i , POrignac vaîffeau de 64 canons , que l'on conftruîfoît & Québec , étant prêt à être mis à l'eau ^ le gouverneur général 9 homme recon-: nu pour très-înftruît dans le métier de la marine ^ propofa à Tîntendant, que la cour a voit (ail chargé de tout ce qui concernoit la marine dans ce pays , de faire mettre dans ce vaiffeau , avant de^ le lancer, un ancre avec un cable .^ pour la mouiller , dès que le vaiiTeau feroit à flot; afin d'éviter que les cou-: rans qui font très-rapides dans cet en- droit , & qui portent fur un banc de roche, n'y jettaffent ce vaiffeau , & ne le crevalfent. Sage précaution qui ne pouvoit être fuivie d'aucun inconvé- nient , & qui ne coutoît pas une obole# 75". L'intendant, fe croyant apparem-" ment plus de connoîffance 8c de lumiç- res que ce chef d'efcadre , ne voulut point fuivre ce confeîl. On lance TO- rîgnac ; qui , emporté dans le momeM E iv [1041 par le courant , va le crever 5 comme on l'avoir prévu , contre le banc de iDche , & coule à fond. Que de frais pour relever , dépecer & refaire pref- que en entier ce vaiffeau, pour nourrir & payer les officiers & matelots , qui furent obligés d'hiverner dans ce pays, & que la cour y avoit envoyés, pour le ramener , avant Phiver , en France. 75. Voilà comme les fonds de la marine fe diffipent fans profit; car avec l'argent que cet Orignac a cou- té , on auroit eu trois vaifleaux de la même force, fi on àvoit fuivi un con- ièil auffi fimple que fage. Pourquoi le gouverneur général, qui eft toujours un chef d'efcadre, ou un capitaine de vaif- feau , n'eft-il pas chargé, dans ce pays^ de tous les travaux de la marine f Craint-on que les chofes aillent trop bien f 77. Deux officiers d'artillerie, pleins de zélé & de connoilïànce , fe don- nent la peine de lever , en détail , & à l'infçu du célèbre Maris , le plan de fes ingénieufes machines pour forer les ca- nons. L'intendant 9 conftruAeur du Meflâger, & qui fe croit auffi artil-' m9mmf^wmmrs9^^^mm^^m leur 9 marin y homme d'état 9 &c« en eft informé : cela lui paroît tellement déplacé , qu'il menace ces officiers d'en écrire au mîniftre , pour leur fai- re rendre par force ces plans : difant qu'il ne convenoît aucunement à des artilleurs , d'avoir de pareilles connoifl fances, 78. Qu'il eft agréable & jufte dans fes beaux dires , cet intendant , conC- trildleur , & qui fe donne pour hom- me d'état ! ( tf ) En effet , convient- (tf ) Apprenez de cet homme d'état , com- ment il faut TOUS conduire«ô vous, qui voulez être utiles à votre patrie ! Peut-être ignorez- vous ce moyen f Cet intendant, perfuudé que les chofes ne vont bien, qu*autant que les commandans font aimés de ceux qui leur font fubordonnés, donnoit « à Tinf^a de ta cour,' maintes gratifications aux membres de ion corps , loriqu*il avoir l'intendance de Roche- fort. Témoin celle de 17^2 , cinquante écus furent donnés par lui â trente écrivains , fom- jne qui fut ibndue dans lesdépenfes de Tlnfie-^ xible y qu'on venoit dç lancer à l'eau» Je iuis afTuré de ce fait * comme de tous ceux que )*ai rapportés ; Se je n'ofe pas y ajouter ce que toi t le monde difoit alors a Rochefort , parce que )e n'en fuis pas certain, que la fommemon- toit à 30000 francs » dçnt les commifTaires eu- rent leur part» Ev [io63 û i êcs ofCders d'ardllene , de (àv témoin de tous les abus qui dé- tniifent la nuffine > & dont il tpit que h fource eft dans le iêul corps de la ^lume , ne peut que haïr & méprifer louverainement un corps qui lin fait tant de mal 9 & qu'il regarde» avec nôfbn, comme Ira plus ciud encemi: cardequoi n'cft pas capable ce corps aflez ambideux » pour axHie , & olêr dire que Von lèra obligé de prendre» parmi fes membres, desiècrétaires d*é- tat de la marine f Rien ne loi efi facré mF^^^^mtm^mmm^r^mmm pour parvenir à fcs fins. Il fuflît qu^ff paroiue un officier général qui ait du génie, des vues droites, & une volon- té ferme pour le bien , pour qu'il ra- mafle toutes fes forces, afin de le per- dre. Que ne font pas ces mellieurs , pour faire manquer les expéditions y dont il efl chargé f De quelles couleurs afFreufes ne le peignent-ils pas au mi- niftre , pour le difgracier f Et les dif- grâces de tels généraux font des per- tes irréparables pour l'état. Le milî- taîre eft témoin de tout cela : il a vu . & entendu tout ce que la méchance- té la plus noire , & I impoflure la plus: afFreilfe , ont fait & ont dit à Touloa contre mr. de Court , & dans tous les départemens, contre m', le marquis d'Antin , ôcc. généraux , dont la mé-r jnoire lui eft fi chère : Et il ne haïra pas , il ne méprifcra pas fouveraine^ pient ce corps f 80. Qu'on ne s'y trompe pas : peut- être , penfe-t'on , qu'il eft avantageuse pour l'état que c^ deux corps fe haïf- fent f Si les chofes étoîent à leur pist- ée ,cela pourroit être. Si la plume n'a- vait que la garde de toutes chofes ^^Sç E-vjj *e foîn des revues, & que toute l'au- torité & le foin de tous les travaux fuflent entre les mains du militaire , cette haine pourrcMt être , en quelque façon , heureufe , du moins ne feroit- elle pas nuifible. Mais,dans l'ordre ae- tuel des chofes, rien n'eft plus funes- te à la marine. Car , comm^ ils font maîtres de tout, ils font leur poflîble, pour empêcher le militaire d*acqué- rir cette gloire qui, en même temps qu^elle Pélcve au-deffus d'eux > (èm- ble les rabaiffer encore davantage au- cleflbus de lui. Qu'importe à ces mef- fieurs que les ennemis foîent vaincus ou vainqueurs. Cela neles touche que comme membre de la patrie, c'eft-à^ dire , bien foiblement ; mais ce foible fentiment eft encore étouffé chez eux, par leur intérêt perfonnel , qui tes do- mine uniquement , & qui eft oppofe à celui de l'état , par toutes les raî^- •fons que nous avons déjà dîtes , & que nous avons appuyées par des faits qui en font autant de preuves. D'où îl arrive que les armemens ne font pas faits avec toute la promptitude que ies circonilances exigent ; qu*ils font imparfaits y ou par la mauvaîfe qualité des chofes , ou par leur défaut , & mê- me que les expédiions font mal con- certées; car ils font les feuls conful- tés fur tout , même pour ce qui eft purement militaire , parcequ'ils envi- ronnent fans ceffe le mîniftre , 8t qu'ils en éloignent avec foin les offi- ciers înftruirs , Se qui ne font pas à leur dévotion. Ce leroit un tableau af- fez bizarre que celui oh. feroient tra- cées toutes les fautes faites dans les 1)rojets des expéditions navales que 'on a entreprifes depuis 17403 maïs trop grand pour trouver fa place icî. 81. Comment & par quels prefliges, meffieurs les commis des bureaux onr- îls donc pu , jufqu'à préfent , perfuader aux fecrétaires d'état que leur corps» autant ambitieux qu*ignorant , fans mœurs comme fans vertu, étoit le fou^ tien de la marine , & que, fans lui , elfe ccrouleroît bientôt ? Le voici ; car , puifque nous y fommes amenés 3 dé- voilons en entier le manège de ces tê- tes du corps de la plume , & mettons dans tout fon jour l'efprit politique qui fait mouvoir ces perfonnes fi chéries [no] *de leurs confrères. Comme la cupidité les dévore > ils font tous leurs efforts pour ramener à eux toute l'autorité^ dont ils ne font jaloux, que pour être plus à même de fatisfaire amplement cette paflion. Et voici les affreux moyens dont ils fe fervent. Non-feulement ces meifieurs font ce qu'ils peuvent pour perdre les bons officiers , qui font inf- truits & fermes dans le bien : mais en^ core ils protègent , ils élèvent les mau- vais } ceux dont la foibleffe n'ofe les heurter de front j ceux dont Pignoran-* ce ou l'incapacité les rend aveugles , ou engourdis fur ce qu'ils peuvent fai- re de mal ^ ceux enfin dont les fen- tîmens font vacillans , & qu'un inté- rêt fordîde peut décider facilement, yoilà ceux qu'ils élèvent , qu'ils pro- tègent , pour avoir des officiers qui leur foient dévoués en tout , pour en avoir qui favorifent leurs dépréda- i^ tions , pour en avoir enfin qui com- mettent des fautes volontaires ou d'in- capacité : fautes qui leur font fi chè- res & fi utiles.. Ils commencent d'a- bord par les faire voir au miniflre dans toute leur étendue > afin de fe monucr Ci II] n^ceiTaires ; & enfuite ils les pallient j, protègent les coupables , les couvrent de leurs ailes > ann que ces officiers qu'ils ont élevés & mis en place, y ref- tent 9 Se y commettent de nouvelles fautes. C'eft cet efprît qui les à pouffes à perfuader le miniftre, fous le pré- texte fpécieux d'obliger le militaire , & d'en augmenter l'émulation , de don- ner à ce corps la place de vice-amiral> que mr. le marquis d' Antin laiffa va- cante par fa mort , & qui , jufqu'à lui, avoit été vénale ; mais en effet , pour ne point voir à la tête de ce corps une perfonne de la cour , qui fe foutenant par lui-même , les contenoit , & înf' truifbît le miniflre de toutes leurs faul* ies démarches. Les lettres de fervice , données aux officiers généraux , pouf commander dans les ports > n'ont en^ core été imaginées que pour qu'ils fuffent les maîtres y de faire nommer les officiers qui lelir conviennent.^ S2. Je ne crois pas que l'on penfe i après tout ce qu'on vient de lire , que les fôcrétaires o'état de la marine foient înftruits de la vérité d'aucune diofe y & que l'on {bit étonné de ce que les mînîftres,avec toutes les lumîeres pom- bles & la meilleure volonté , ne remé- dient a rien. Par quelle voie cette vé- rîtéjparviendroit-elle jufqu'à eux f Ces meffieurs les commis^ des bureaux font tous leurs eflforts, pour le leur cacher , & les officiers n'ofent la leur décou- vrir 5 parce qu'ils craignent leur cré- dit , ou qu'il leur en couteroit de par- ler contre leur bienfaiteur. Comoîen n'a-t-on pas vu d'officiers généraux, partir des ports avec les meilleures in- tentions du monde ^ pour éclairer les minîftres , & n'avoir pas plutôt refpiré cet air empoîfonné des bureaux , que la force leur manquoit , & qu'ils n o- foîent parler f On lésa vu revenir le cœur foible & corrompu 5 au point de ne plus marquer de fenfibilité à la vue des maux qu'ils vpyoîent commettre, 83, Si Ton veut des témoins de ce que je viens d'avancer dans ces der- < niers articles , ainfi que de tout ce que j'ai déjà dit , que l'on queftîonne l'un après l'autre, & dans le fecret, toutes les perfonnes du corps militaire, & l'on en trouvera autant que d'officiers» Auffi je demande en grâce 9 parce que r"3i je défire ardemment le bien ; parc* que j'aime ma patrie , & que ie lui crois abfolument néceffaire une marine puif- fante , que l'on prenne bien garde à ceux que l'on confultera fur ces confia dérations. Il y a tant de motifs dîfFé- rens& cachés qui font agir & parler les hommes, qu'il eft difficile de comp- ter fur ce qu'ils difent. Il y en a tant qui parlent contre leurs propres intérêts par timidité , par ignorance , par jalou- fîe même, qu'on ne doit s'en rappor-i ter qu'à fbn jugement , lorfqu'on eft bien inftruit. En effet , n^eft-il pas hon- teux d'appeller à fon fecours, quand il faut juger ? Il n'eft permis de recou- rir aux autres, que pour s'inftruire des faits feulement. Que l'on médite donc bien ces confidérations ; qu'on s'inf- truife fous main de la vérité de tout ce qui y eft dit , & de tous les faits qui y font rapportés , afin de prendre une connoiffance entière de l'eflènce des deux corps de l'épée & de la plume y & de la nature de chaque détail de la marine ; qu'on ferme les ordonnances, & faffe taire les ufages & coutumes ; «nfîn, que Ton combine avec attention ^ toutes les parties de la nouvelle Con{- titutîon que nous donnons dans la fe*- conde partie de cet ouvrage > & que l'on juge enHiite : on le pourra , {ans avoir befoin d'autres fecours. 84. Et pour rendre facile & aifée cette connoîiTance 9 que nous exigeons de Peffence des deux corps , rappro- chons ici les traits qui les caraâénfenc Pun & l'autre , & qui font difperfés dans toute la fuite de ces confidéra- tions. Sj;. D'un côté , Pon doit voir un corps compofé de tput ce qu'il y a de mieux en France > dont les membres > par conféquent , doivent être t en gé- néral , remplis de fentîmens de vertu > d'honneur & de probité., que la naif* fance & la bonne éducation qu'ils ont {)refque tous eues , ont commencé à eur donner ; & qui ont été enfuite dé- veloppés & fortifiés dans Técole de memeurs les garnies de la marine , par où ils paifent tous : école qui eft le creufet de la vertu, qui fépare & re- jette les vices qui peuvent être mêlés avec elle 9 puîfque l'on a grande atten- tion à renvoyer les gardes de la mari-? -' 1 ne qui commettent des fautes contre les fentimens. On voit des officiers ins- truits , parce qu'ils reftent communé- ment fix ou fept ans dans cette école , pour y puifer toutes les connoîffances 9 qui conviennent à leur profeflîon , & qu'ils vont fouvent à la mer. Enfin > l'on voit un corps animé de l'intérêt de l'état , parce que la confidératîon de chacun de fes membres fuit né- ceflairement la grandeur des fervices que la marine rend à la nation j & que, comme ces officiers font jaloux , ainfi que toute la noblelfe , de cette confi- dératîon que l'on acquiert par les ar- mes , & qu'ils font chargés de toutes les expéditions, ils doivent avoir né- ceffairement à cœur , que les vaifleaux foient bien foignés dans le pott , bien armés à la mer , & qu'ils foient en grand nombre. Voilà donc en trois mots , quelle eft l'eflence du corps mi- litaire i fentîment d'honneur & de pro- bité , fcience dans le métier , & inté- rêt dans l'état. Cependant ce corps n'eft chargé de rien , il efl: à terre les bras croifés , fans aucune fondions ; & bientôt on en regardera les memr [II51. bres ; comme on fait à Malte, les Che-. valîers qui vont tenir galères , on leur donnera , comme à ces derniers , les vaîffeaux tout armés , les difpofitîons de combat, de manœuvres toutes faî- tes , &c ; enforte qu'ils n'auront d'au- torité dans les vaîueaux qu'au moment d'une aûion. Quel parti ne tîreroît-on pas d'un tel corps , fi on fçavoît l'em- ployer , fi l'on parvenoit à le guérir de cette lèpre , dont l'a couvert le peu de cas , que depuis long-tems les fecré- taires d'état de la marine font de lui f Je veux parler de cette pufillanimité, qui leur fait redouter le crédit de ces meflîeurs de la plume , au point non- feulement de couvrir leurs fautes , & de ne rien dire au miniftre, que ce qu'ils veulent, bien qu'on leur dife , mais en- core de défavouer, de condamner mê- me ce que certains officiers entrepren- nent de dire ou d'écrire de julfe ou d'intéreffant pour la patrie contr'eux. Maladie terrible, qui entretient le ve- nin qui ronge & diflbut la marine : ma- ladie qui a attaqué principalement la tête du corps , apparemment , parce que les officiers , qui occupent les pre- niiéres places , ont plus à efpérer Se à craîiidre de ces meffieurs de la plu- me , qui font , à préfent , les difpenfa- teurs des grâces. 86. Si nous examinons préfente- ment le corps de la plume , nous ver- rons un corps compofé de perfonnes de toute condition & de tout état, dont le plus grand nombre fortent de parens qui n'ont pu leur donner une bonne éducation , ni de bons fentîmens; qui paflent par les grades d'élevés & a écrivains , où ils ne font rien , ainfi que nous l'a enfeîgné , à l'article des travaux des arcenaux , une perfonne de leur corps y pour fe repofer , lorfqu'ils font écrivains-principaux ou commif-: faires. On verra ce corps par confé- quent , fans aucune connpîflance pour ce qui regarde la marine : n'ayant d'au- tre intérêt que le perfonnel , puifque la gloire des entreprîfes heurçufes, que peut procurer une marine utile , ne peut rejaillir en aucune façon fur fes membres. On verra ce dernier corps i qui cependant veut avoir une c^nfi- dération 5 renverfer l'ordre en toutes fhpfes , pourl'ufurper à quelque prl -♦ *. [ii8] que ce foît : on le verra , pour fe ren-- are néceflaire , faire tous fes efforts f pour embrouiller, vis-à-vis du miniflre* un détail le plus fimple &c le plus aifé , puifque rien ne varie dans la marine. Telle efl donc Peflence du corps de la plume ; point de principe j ignorance dans le métier, & intérêt perfonnel. Cependant ce corps fait tout dans la marine , il eft à la tête de toutes les parties &c les conduit ^ il a le foin des revues , des travaux^ des claffes, & de tout j enfin , c'eft lui qui délivre les billets , fur Pefqucls ^argent efl compté au tréfor. Ha, comme on dit , le pain & le couteau, & n^efl: inlpeâ:épar per-: fonne. Voilà le corps que l'on comble de grâce & 4e faveur ; les enfans des commiflaires , même des commis prîn-» cipaux des claifes , font traités comme ceux des officiers généraux j ils jouif^ fent, dans le corps, des mêmes privilè- ges ; ils tirent au fort enfemble , lorf-: qu'ils viennent pour être garde de la marine^avant ceux qui ne font point en- fans du corps : enforte que, fi le fort efl favorable à ce rejetton de la plume , îl commande en entrant dans le corps | le fils du lieutenant général, qui fait en mêlne tenjs que lui ce premier pas. Quel parallèle ! Le fils d^une perfonne qui a pailé des jours tranquilles, à tenir des comptes de recette & de dépenfe 9 &c le-fils d'un officier qui a fait a fa pa- trie le facrifice de fon repos , de fon fang & de fa vie ; & cependant ils vont de pair. Tous les jours ces meflieuri de la plume obtiennent , des rainiftres 9 des lettres pour avoir les mêmes hon- neurs funèbres que les officiers. Quel renverfement ! on enlevé au militaire jufqu'à cette fumée, avec laquelle feu- le Pétat peut s'acquitter envers lui. Ce corps ayant les mêmes privilèges Sue celui de Tépée > plus de crédit & e confîdération auprès des fecrétaîres d'état de la marine ; bien mieux payé» & la vie que l'on y mené étant plus dou- ^c & plus tranquille , je nç doute nul- lement que bientôt la nobleffe ne le préfère , & ne laifle à la roture celui de l'épée ; parce qu'en général , les hom- mes ne cherchent que leur bien-être. Montefquieu, vous ne confondriez pas ainfi les rangs dans une moiiarchite JVIdis c'eft afTçz ; cojichons. gy.S'il eft abfurde,& même ruineux, que le corps de la plume ait le foin des vivres (m 33 , 34 ? SS^ 3^) ^^s clafr fes ( depuis le n. ^^jjufquau n. yo, ) de Partillerîe ( n. 4;* , n. 48 ) & de tous les travaux ( n. yi, Gr Itsfuivans) c'eft-à-dire , qu*il foit chargé feul de tous les détails de la marine , pourquoi ne pas fupprimerun corps dont les ap- pointemens , joints aux gratifications annuelles , font prefqu'auffi confidéra- bles que ceux de Pépée. J'entends dé- jà les cris que l'on pouffe à cette pro- pofition: mais un moment, je vous prie> Sue l'on daigne m'écouter jufqu'à la n. On va nous dire , fans doute > que l'on convient , qu'il faut que le militai-: re ait toute l'autorité , & le foin de tous les travaux ; mais on ajoute que j s'il eft TiTré à lui-même , il va dépouil-. • 1er les arcenaux, pour s'enrichir des ef- fets du Roi. Mais premièrement , fans dire pour réponfe , que le corps de la f)lume , prefqu'auflî nombreux que ce- uî de l'épée , eft aftuellement dans le jCas dont on parle , ce qui feroit une «mauvaife raifon ; eft-il de la fageffe du légîflateur^ pour obvier à ce feul incon^. vénient 2 j vénîent , de conferver un corps fî coîi- fidérable , dont les intérêts ne pouvant Itre qu'oppofésà ceux de P€p^, eft caufe néceflairement que tout languît & dépérît f Je ne croîs pas qu'on le Î)enfe , après tout ce qu'on vient de ire» Car enfin , fî tous les hommes font pillards & voleurs , ce fera beau- coup foire , que d'en diminuer le nom- bre : ce fera beaucoup faire,que de gar- der feulement le corps , dont l'intérêt général eft oppofé , en cela > à celui du particulier , & de renvoyer celui , dont les intérêts particuliers ne font pas veilr lés & combattus par l'intérêt général; Ce raîfonnemenc me paroît convain-: cant. S'il ne l'efi pas aflez^ difons plus» & mettons les chofes au pis» Accor-, dons que le miUtaire , livré à lui-mê- me 9 volera ce qu'il en coûte à Tétac pour conferver la plume 9 ce qui eft exorbitant & incroyable ; ne conçoit-; on pas que 9 malgré cela 9 non-feule-* ment les chofes en iroient beaucoup nûeux y puifque les volontés étant réu- nies par le (eul intérêt de la patrie» lendroient toutes vers le bien général; jsiais encore que ce ièroit une épargne {.PéirM. F [122] pour Pétat; puîfqu'en fuppofant tous les hommes pillards & voleurs ^ fi on fupprime le corps de la plumç , on en diminuera > tx)ut d'un coup > le nombre de 600 > qui > en fuWant toujours la fuppofîtion f doivent s'engraifTer des dépouUleSi comme des bienfaits du Roi. Si ce moyen eft abfurde^ il faut donc en chercher tm autre ; & c'eft-là , o& l'habileté du légiflateur doit fe fignaler; Qu'on fe donne la peine de lire , avec attendon , la nouvelle confthution 3ue Pon donne dans la féconde partie e ces confidérations , 81 l'on verra ^ loffqu'elle aura pafii^ par les mains di| (âge & habUe miniftre que la marine a le bonheur d'avoir a Auellement à fa ^ tête , toutes les craintes que l'on peut avoir, s'évanouir. L'on verra que le corps de la plume eft entièrement intn tik > je ne dis pas funeftè , je crois 1 V voir prouvé fuffifamment 9 & que h corps militaire fufit. L'on y verra tous }e8^ membres de ce dernier corps , non^ feulement s'éclairer mutuellement , mais encore fe pouffer, (ans ceffe, vem U VipP |[^DiM 9 enibrtç ^^tt'a^cun dg u Tes membres ne pourra s'endormir urt inftant dans fes devoirs 9 ni s'écarter jamais des régies de la probité & de l'honneur. Mais , dîra-t'on encore , fi l'on dî- mînuoit le corps de la plume , que l'on le réduisît , par exemple , à 100 , qu'il fut fubordonné en tout à l'épée > & que fes membres foflent diftribu^ ^ d^nk tous les attelHers & bureaux > umque-* ment pour avoir la garde de toutes chofes , & veiller en tous lieux & en tout tems fur le militaire 9 cela ne vaa- droit-il pas mieux que dé détruire un Ctabliflement qui fubfifte depuis fif longtemps ? Je répondrai à cela que ccr ' moyen ne feroit qu'un palliatif au3^ maux que l'on veut détruire : que ce corps 9 continuant à fournir les com-* mis des bureaux» reprendroît bientôt k deffus par cette voie ou par d'auti'es.; Nous-en avons un exemple. Sur :l'ës repréfentatîons de Mr, du Gué-^Tr ouîh,' * on réduifit ce corp$; mais il a telle- ment repris depuis , qu'il eft double ^p ce qu'il étoit avance cette rçduo- Wké Car ce corps , dont ie iiâ|tîer' èft îiit^ct'i Ht cefféray coïûmeita fait juf-i TA au*â préfent , de fetiguer fourdement les oreilles des minîftres d'une infinité d'^ccufations vraies ou feufles contre le militaire ; & ces minières o*en rece* yant paint,pu peu , àç Ja part des oifi* -çîerB , ou , p^rce qu'ils n'ofent écrire çonv'euK j ou parce que cela n'ejl point ^ans leur çaraâere, crpirgnt facilement que le jnilkairp feul vole , ^ détruit tout ; fans faire attention quç ces £au-; t^s , fi elles font vraies , font p^irticu-' ^eres , commifes par des particuliers qu'il fautpunîr févf^rement, &qu^elr l^s. n^ dérivent point de cette conftitu- tion que l'on voudront établir. Ces mîniftres ne recevant point, dîs-je# de ces accufàtjons contre le corps de Jâ plume, feront perfu^dés , cçmme par fe paflTé , que cç corps efl: le foutien de û marine : de- là, l'aggrandiflfemçnt de ce corps, en nombre & en autorité ; le$ fiyeurs & les gratifiç^tipnç diftribué^ * (tf)VoSçî un exemple de ces gratîficationt 4iftrà>ttées ians mefare , comme fans raî(bfi| ^£drps de U: pluiiae. En 175 &, le Roi donns f uii Fiij tt2ÎSJ tovdSem la jaloufie de la plume contre i'épée , ni on n'éteindra la haine qu*îl y a entre ces deuK corps , fentimens qui ne peuvent être que nuifibles au bien , & qu'arrêter les progrès de toutes cho- Tes. L'ignorance de là plume fubfiftera toujours , & jamais on ne parviendra |i rintérefler à la gloire de la marine , à moins qu'on ne donne à fès membres, desvaifleaux à commander j alors ce feroît en faire des officiers 9 ce qui re- yiendroit à ce que je vas propofer : à cela près , que le corps militaire n'étant jplus auflî bien compofc a neferoitplus, comme il l'eft adluellement en géné- ral f animué & échauffé par les fèntî- inens de vertu & de probité , qui en font le caraftère diftinftif, préfens qu'on eft obligé de faire 9 quand o^ paroit dan^ ces endroits» Cependant ce capîi' laine çft une perfonne généralement^ eftiniée de Ton corps , par fa droiture & fâ fermeté dans }e bien , utile à Tétat par fes lumières dans le métier de la marine , 8c par (où application continuelle à former la jeuneiFe qui eft foui fcs ordres* Au lieu que le commiflàire dont pous parlons , n'a jufqu'à préfent fait autre chofe que de renverfer les ufages établis , dé* truire les ordonnances , 8c contribuer par fel innovations àla perte des daifes. 5>l, Il faudra donc tôt ôu fard efi venir à l'arrangement que je prôpofe* Et pourquoi difFç;rer ? Le défordre eft fi grand. Pourauoi remettre à demain, ce qu'on peut taire aujourd'hui fi uti- lement , & avec tant de facilité f La jaloufie de nos voifins nous preffe d'a- voir une marine puiffantej & toute la France convaincue de cette vérité, s'y întérefle:. les fonds que l'on y def- tine font confidérables ; les vues que l'on a font grandes , nos foldats font braves : Pefpèce de nos matelots ex- cellente; ils lont^en généraUntelligens, agiles & courageux : les officiers (d) (a) J'ai oublié d Werdr jufqu'îcî que, pzt officiers , j'entends les perfonnes du corps militaire , & non celles du corps de la plume* Cette remarque pourra paroître iinguliere; mais lorfqu'on fçaura que ces meflieurs du corps de la plume fe difent par toute la Fran* .ce , & même dans les ports , officiers de la marine, ou fimplemenc officiers, on. nous en fçaura gré. Il eft du devoir de tous les hom- mes d'inftruire leurs femblables ; 8t cette re- marque apprendra une chofé que Ton aj^nofé jufqu'â préfent, fçavoîr, qu'il y a en r rancc deux fortes d'officiers ; ceux qui voyeni le few, & ceux qui , par leur état , ne doivent jamais le voir. Et pour continuer l'infiruaion j car Fiv '{ont înftruks» même éclair&, pleine de zèle & de fèncimens ; que faut-îl de plus 9 pour avoir une marine qui fe failè craindre & refpefter , fi ce n'eft une conftitutîon fage qui faffe,de ces excel- lentes parties 9 un tout animé du même cfprit, & pouffé par Pîntérêt de l'état f Si au contraire» on ne renverfe pas ta conftitution aéluelle ^ & que Pon fe contente de tempéramens , toutes ces parties oppofées entre elles fe détrui*- ront , les fonds feront mal employés ou divertis , les claffes fè diflîperont er>- tiéremenr, les travaux feront mal faits, tes expéditions mal concertées^les vai£- îlne faut|aniaîs faire les chofês à demi, ;'aw sertis les perfonnes jaloufes des règles de ^ Ûenféance , & qui craignent de commettre la moindre incongruité , de ne pas s'elfarou. cher , lorfqu 'elles entendront les commiffaN res delà marine fe direcapitainesde vaiffeaux; les écrivains pcincipaux , lieutenans , les écri^ vains , enfeignes ; & les élèves , gardes^ de la flaarinc. Ce feroit une chofe qui leur ferotc une peine ai&eufe, que de les contrarier Jbà- cieiFus , de même que de leur laifTer entrevoit que Ton penfe qu'il tCy a que les ofïkiêrs faits pour aller au feu» quipuijfent prétendre à la croix de faint Louis. Qu'on y prenne garde,, ib font fort chatQuiUewi fur toutes ces cboT^» V . ^ mBÊBma^Ê^gmmmg'i^'Kmmi féaux mal pourvus , mal armes , &c; D'où il arrivera que le mimftère, laflK' de dépenfer des fommes confidcrabks, pour une i»arîîie« •.<. XHwoa ■X%*'*tt .«>« »V''1i» - »>.» • ''V '-J-1 ' ..' l:' ^ • i W-9- 1^301 '^■"-•i SECONDE PARTIE. P» donnff y dans cette féconde Partie > le plan £une nou- velle conjlitution , tant gé* nérale que particulière ^ Ù" en y fait entrer diverfe s r/- flexions Ù* idées y qui nont pu trouver place dans lapre* miere. Plan de la constitution générale» 92*Il y aura dans chacun des grands pons , Breft , Toulon & Rochefort > un lieutenant-général commandant , un chef d'efcadre , inlpeéleur de toutes les parties de la marine , & quatre chefs de bureau ; fçavoîr , un capitaine ma^ jor, un capitaine de port , chef de gé- tïk, un capitaine d'artillerie > & un ca« / pttame aux clafles^ lequel aura auifi le .détail des ckiourmes & des vivres^Les autres petits ports feront formés à Pinf». tar des grands 9 mais en diminutifs 9 & félon les diîférens détails de qes ports. Du Licuunani'général. 95. Le lieutenant-général commaiH dant aura toute Tautorité > fès appoin- temens , fes honneurs, &c. feront, &c^ Du Ckefd^E/cadrt InfpeSeur. 94. Ce chef d'efcadre aura Pini^ec* tîon de toutes les parties de lamarînei des gardes de la marine » des troupes « des claiTes , des chîourmes , des tra-» vaux , des vivres , des armemens ^ &c. de tout enfin. Il n'aura nulle efpèce d'autorité ; mais auffi il ne fera en au-» cune façon fubordonpé. Il fera obligé de veiller fur la conduite de t#us les membres du corps ? comme fui* celle du chef, qu'il confeîllcra , & pourrsi même reprendre; il fera obligé d'bt truire le commandant de tout.cfe qu'il jugera nécèifaire au bîeil dt^fervîice, & informera exaûemcnt la cour de. towç Fvj Il s 2] te qui fe paflera , étant auffi reiponla» ble de tous les événemens que le corn- mandant. 9 y. Le commandant fera obligé de l'inftmîre de tous les ordres &avis qu'il recevra du mîniftre^ou d'ailleurs, &: de tout ce q^u'il auraréfolu de faire,à moins <][ue 9 pour certaines raiforts eifentielles». & qu'on ne peut prévoir , il ne jugeât k propos de faire le contraire : auquel jcas il informera furie champ ta cour dis fon refus & de Ces raifons. Le comman- dant envoyera chez Pinfpèfteur tous; les oflîtîers qui viendront lui rendre compte de quelque chofe que ce foît f &s'il y manque» l'officier luîdeman- idera s'il doit aller l'en ihftruîre. ^6.1\ fera, une fois le mois, une vifîte 'dans tous lies bureaux & magafins , Se tiae fois la femai'ne dans tous chan- ttiers, &attelîers: il pourra multiplier ces vifites autant qu'Û' le voudra j maïs £»$. jamais déiigner le jour où il le^- fera. • 97. Il fera , en outre , une fois Fan*- îiée^ dans le mois de feptembre, une itif^ eâioit générale de toutes lès par* lies, de la isaxiae ; des gardas d^ la: marine > de$ troupes 5 des bureaux > at^ teliers , chantiers 5 magafins» vaiiTeaux^ galères, &c. Cette inlpeftion fera faite en trois jours r pendant lefqoels il au* ra plein pouvoir dans la partie qu'it infpeâera 9 & non dans celles qu'il aur» déjà, ou qu'il n'aura pas encore inf- pedées. Ce temps cft fiiififant pour cette înfpcâiion > parce que, par des vi- fites faites peu de temps auparavant p îl aura pu s'inftruîre à fonds de toute» chofes, & avoir fait fon plan d'infec- tion. Tout ce qu'il aura tait,dans cette înfpeftion , fera bien fait , & reflera de. même, jufqu'à ce que le miniflre eit ait ordonné autrement» ^8. Ce temps de l'infpedlîon du chcF d'efcadre fera le' ièul ou il aura auto- rité ; car, dans tous leaautres temps, le- commandement fera abfolument incom-r patible avec cette commifllon^ il n'au- ra d'autre droit le reCte de l'année, qu^* celui d'avertir, de reprendre & de me--, nacer les officiers qu'il trouvera en fau- te, d'en inûruîre la cour 5 il aura feule-^ ment, fous fes ordres, deux lieutenans^ .& quatre enfeîgnes. g^.. Ces officiers aîdes-infpefteurs : le partageront en deux parties^pour être alternativement de fervjce. Le matin & le foir , une heure après que les appels feront faits dans tous les atteliers f ils iront faire le leur , fans détourner les ouvriers de leur ouvrage, & appor- teront ces appels fignés d'eux à Pinf- peâeur. Ils feront préfens à tout, ver- ront défiler la garae , feront des ron- des dans les corps-de-garde comme les majors, à cela près qu'ils donneront toujours le mot pour y entrer , & que nulle part & dans aucune circonftan* ce, ils ne pourront rien ordonner com- me aides-infpeéleurs. Tôo. On entend bien, 8c je croîs même inutile de le dire, que cette com- iniflion ne dépouîlleroit point Pinfpec* teur ni (es aides de l*«torîté attachée à leur grade. Je prétends feulement qu'ils n'auront pas plus d'autorité que les officiers , qui ne font chargés d'au- cun détail. loi. Tous les jours il fera inftniît y aînfi que le commandant , par un offi- cier de chaque bureau , de tout ce qui y fera faît & réfolu-, des confomma*^ tions 8c recettes de la |ourAée> àa libmbre d'ouvriers employés 9 &c Ce chef d'efcadre fera coucher fur le champ dans un grand regiftre tous ces états 9 étant obligé de tenir des mémoires Se comptes cxafts de tout ce qui fe pafle- n dans fou département; le. bureau de Pînfpeéleur fervant de contrôle. 1 02« Il aura une clé de la poudrière» 'ées magaiins aux vivres 9 &c. qui ne «^ouvriront qu'en préfence d'un de fes aides qui lui rendra un compte exaél de tout ce qui y fera fait. 105 • Tous les deux mois , il fera faîre,par{ès aides, des vifites très- exac- tes dans tous les vaiffeaux , frégattes> .&c. pour voir fî rien ne périclite. . 104. Dans les armemens> il fera une vîfite dans chaque bâtiment , d'abord après la revue générale > pour voir fî tout eft en ordre pour la- navigation 8c pour le combat: enfin il aura infpeftîpn lurtout; fes appcnhtemens, fes hon-' neurs > &c. feront 3 &c. ; , ioy. Si Ton trouve le détail de Pinf^ peâeur trop pénible, on pourra li;i. donner un capitaine de vaiflfeau pour vîce-înfpefteur, qui le repréfenteroît eo tùuzy OU feulement dans cenaines: par« ties» J)$s Chefs dt bureau m générale io6. Les cfeefs de bureau rendront compte à la cour de tout' ce qui fera de leur réffort. ( On verra à rarticlt du confeil^ comment ces comptes feront rendus. ) Ils inftruiront ou Éeront infr truire , par un de leu^s aidesy le com- mandant & Pinfpeâieur de tout; veil^ leront fur Pinfpeâion & les vîntes du chef d'efcadre » afin qu'elles foîent faites dans le temps marqué $ &dela façon prefcrite . par les ordonnances ; avertiront la cour, fans jamais s'en dif- penfer poar quelque railonquecepuifle- être , tontes les fois que cette infpec^ tion & ces vifites ne feront pas faitsesv Se les raiifons qui les^ auront empê«* chées ; faute de quoi ils feront caffésé {Voy:[ r article dfi con/êi/.') Chaque chef eft relponlab^e de tout ce qui peut arriver dans fon diftriâ:^ Des Chefs d* artillerie en géncraC^ ^ 107, Le nombre d'attelîers fera 6x4 félon la d'fpofition du local 4e9 arce^ naux. On réuni r a>pour les former^ le phit d^ détruis quu l'on pourra 9 félon, tours- « * Ht—- tefoîs leur proximité , & leur împortan-^ ce ou étendue , comme conlmiâion & radoub ; corderie & voilerie ; for- ges ; peinture , fculputure & menuîfé- rie ; magafin général & mâture ; pou- lieurs , bariilats, &c, fî ces détails peuvent fe réunir par leur pofitîon. Je croîs que fîx attelîers feront fuffifans dans les trois grands ports , en y com- prenant celui des armemens &c défar- memens.Il y aura,dans chaque attelier, deux lieutenans chefs , & quatre eiv- feignes, qui fe panageronten deux par- ties , pour être alternativement de fen- vice; dont un reftera au bureau , pour la délivrance ou recette des chofes ; & les deux autres fuivront alEdument les ouvriers dans leurs travaux^pour les diriger > pour les empêcher de voler» & de perdre leur temps ; enfin pour en connoître ta capacité , & les faire payer ou avancer fuivant leur mérite» 108. Ces officiers ne pourront riea délivrer que par un ordre par écrit da capitaine de port, qui lui fera préfenté avec le bîUet des confommations de la journée, & qui fera enfuite reporté à l'attelier pour fe^vîr de. décharge lori llu recenfe^le^;l lop «Tous les fbirs, une heure avant la fortîe des ouvriers , les atteliers fe- ront fermés pour les délivrances & re- cettes feulement ; & auili-tôt un offi- cier de chaque attelier portera au ca- pitaine de port deux états » fignés du chef de l'attelier , de tout ce qui aura été délivré ou confommé dans la jour- née en fuite des ordres de ce capitaine» des journées d'ouvriers, de tant d'heu- res , &c. Se auifi de ce qui aura été reçu, &c. iio. Les officiers s'attacheront à connoître parfaitement tous les maté- riaux reflbrtiflans à leur attelier. Ils içauront au jufte la quantité Se la qua- lité des matières qui entrent dans cha- 3ue ouvrage , & la manière dont elles oivent être employées ; trois chofes , qui procurent la bonté des ouvra- ges, ainfi qa^ l'économie des confom- mations. Bs fuivront affidûment les ouvriers pour les diriger, pour les em- pêcher de perdre leur temps & de voler, pour connoître leur capacité & les faire payer ou avancer en raifon de leur mé- rite; enfin, pour fçavoir au jufle le temps & le nombre d'ouvriers nécefTaires à ''s Texpëdîtion de chaque ouvrage. Car de rexpéditîon du travail , & de l'écono- mîe des confommations, fuît Tiéceflaîre- mêntla diminution des dépenfes.Ils fe- ront l'appel des ouvriers de leur attelîer à Pouvertttte de l'arcenaUe niatin & le foîr,& porteront/ur le champ,ces apels, fîgnés d'eux , au capitaine de port, (&C. 111. Les lieutenans & enfeîgnes at- tachés aux atteliers , ainfi qu'à chaque bureau > foit de Pinfpeéteur , foit du major , Sec. y refteront deux ans; & tous les ansjon en changera la moitié » afin que ceux qui y auront reflé un an puiffent former les autres. 112. Tous les ans 9 dans le mois 'à'août , 4 ou y capitaines membres du confeil (Foyei^^ ci-après taniçU du confiil) conjointement avec un aide- infpeâeur > un aide-major & un aide- de-port , /eront , dans tous bureaux 9 atteliers Sç magafins , un recenfemênt général; Ce fecenfement fera fait dans chaque attelier, en préfence des offi- ciers défigriés par la cour pour y en- trer de fervice , lefquels y entreront dès qu'il fera fait. Ces capitaines dront enfuite compte de tout ce ^efte dans chaque attelier^& de ce qu! sf été confommé dans Pannée^ au minis- tre 9 au commandant 9 & à linfpeâeur. 1 1 3« Ces recetifemens ne feront pas (i pénibles ni (i longs » qu'on peut le penfer , en mettant de Tordre dans l'ar- rangement des chofes ; en numérotant & mettant par liafles , par paquets » par cales , toutes chofes félon leur na- ture , dont le nombre , le poids , le cube , Taunage & le numéro fera cofi- nu ; le tout fcellé du fceau du comman- dant , de l'infpefteur , & du chef de bureau que la chofe concerne ; & pé- fant^ aulnant> mefurant, &c« les pa- quets , liafles , &c. dont le icellé aura été rompu* La préfènce des^per- fonnes dont on aura appofé le fcellé » tie fera pas néceffaire pour le rompre; mais les officiers de chaque attelier ou bureau feront obligés de faire voir l'emploi des matières qui étoient fous le fcellé , enfuite des ordres expédiés Îjar le capitaine de port , ou de la per- bnne qui a droit , &c. 114. La garde desarcenaux feça confiée au militaire , & non à des gar- éiens. Il y aura un corps-de-garde , avec un officier ^^ à toutef; le$ jùSuies ^ &; a ■fl::: — r * •*■ 43es aëtachemens commandes par ua capitaine d'armes , répandus dans les endroits où il ièra néceflaire. Tous et^ corps- de^gardes « ainfl que les autres « feront commandés par un capitaine de vaîfleaujqui fera dpgarde dans Parcenal pendant vingt-quatre heures. Ce ca- pitaine employera ce temps à vîfitcr les chantiers & atteliers , pour voir fi tou- tes chofes font en régie , fi les officiers des atteliers font exaélement leur de- voir, les réprimander lorfqu'il les trou» vera en faute , & inftruîre de tout le commandant , Pinfpedeur , & le capî-, taine de port. Il aura avec lui un enfeî- gne pour porter fes ordres & avis : la nuit , il couchera dans l'arcenal pour être à portée de mettre ordre i tout , & y commander'juC^u'à l'arrivée du capi- taine de port. Ce fera Ja feule garde ^e monteront les capitaines. . 1 1|*. Il fera défendu de laîiTer fortîr dés arcenate » apnb le premier appel , . jaucune perfonne pouvait être prife> pour un ouvrier. Il 5. Rien ne pourra (bràr des ar^ ccnaux fans uji orare par écrit du com- flïandant, vîfé de l'împeôeur, du car, . J^tm^ de port iic^M ctef 4ç U^if^. [142 J lier , d'où la chofe fera tirée. L*officîef de garde , qui recevra cet ordre où fe- ront fpécifiées les chofes qu'il doit laîffer fortîr , le ponera , après la garde defcendue» au capitaine de vai(feau de garde ^ qui Penvpyera au miniftre» après l'avoir lu dans le confeil: & ceux qui l'auront ligné , l'en inftruiront fié- , parement > comme il fera dit à l'arti- . cle du confeil ; & lorfque ces mêmes , cho&s rentreront 9 le capitaine de port envoyera à la cour un efpece de reçu, ligné de lui > & du chef de l'attelier t que la chofe concerne 3 qui en infbruira aufli la cour. 117* Chaque enfèigne attaché aur' àtteliers aura de plus 9 en fà garde» ou-, tre le détail que nous venons de voir, * deux vaiiTeaux ( tf ) avec leur magafin . particulier , dont il aura les clés , étant refponiable de tout ce qu'ils renfer- ment. Cette garde obligera ces offiders à aller au commencement & à la fia* de ]a femaine , pendant laquelle ils ne . ^ (fl);raî oublié ittfqtt'ki d'ayerdr que , i^na toutes ces confidératioiis , ces deux termes « vâîiTeau , bâtiment font ^s génériquement» / pour dé^nertoutesibriés de fUÔbmx gnipdf feront point de fervice dans r ârcenal > vifiter les bâtimens 8c magafins qui leur font confies , pour voir fi les gardiens font vigilans, & fi rien ne dépérit; & à en rendre compte enfuite au ca- pitaine de port , & à leur chef d'at- teUîer;afin que ce premier puiffe en informer le commandant & Pînfpec- teur, en même temps qu'il lui fait por- ter, tous les foirs,les états des consom- mations de la journée ; & auffi afin que tous les deux , ce capitaine Se ce chef d'attelier, en inftruifent le minîftre«* Ces enfeignes fe tiendront aux maga- fins particuliers des vaiflèaux dont ils ont la garde , Ibrfqu'on les armera , pour la délivrance des chofès; & comme» dans les grands armemens , il n'y aura {>lus » dans chaque attelier , que deux ieutenâns, dotitPun y réftera pour les' «délivrances & recettes , & l'autre diri- gera les ouvriers , tous les officiers at- tachés au bureau de l'inipeâeur & à celui du major, ferpnt-alors defervî«e> • & répandus dans Pafcenal , pour veft- 1er fiir les ouvriers , afin de les empê^ cher de perdre leur temps & de voler. I>ès qu on aura pris du magafin pamcV"- ^ d'un vaifleau , tout ce qu'il faut pouj Tarmer, Pcnfeîgne le fera refermer, 8c retournera à fon attelier. 11 8. Ces officiers ne pourront rien délivrer des magafins particuliers , que fur un ordre par écrit du capitaine de port ; & tous les foîrs , ils iront lui por- ter les états des chofes délivrées , en même -temps qu'ils lui préfenteront ces ordres de délivrances , qu'ils gar- deront enfuite , pour leur fervir de dér charge lors ^es recenfemens. 1 19. Je crois que , fi on obligeoic tous les ouvriers à porter à leur bonnet liD^ petite plaque de plomb faite ainf^ ol il y eftt deux numéros 9 dont le fu^ périeur marquât le chantier ou attelier où ils font deft'més ^ & dont l'inférieur défignât l'ouvrier: cela pourroit être de quelque utilité. J}iS Chefs de Bureau y m partiadUrl^ Vu Càfitaîne Major» ^1^ hc major repré&nt^a partoo^ j la perfonne du commandant 5 il tiendra des mémoires & comptes exaâs de tout ce qui fe paffera dans fon département j enforte que toutes chofes feront écrites trois fois : toutes le feront au bureau commandant ou majorité 9 au bureau de-Pînfpefteur ou contrôle; &,dans chaque bureau particulier , feront enr core écrites ces mêmes çhofes reflbr- tiflantes. 121. Il fera chargé du détail des troupes, mais fans gêner en aucune fa- çon les officiers , qui , étant capitaines de compagnie franche , doivent jouir des privilèges de cette franchife , afin qu'ils s'y attachent. Ces officiers fe- ront donc abfolument les maîtres dans leur compagnie , pour le choix des of- ficiers, foldats , pour les congés, les re- crues , l'habillement , &c. Ils pourront même , quand ils le jugeront à propos* & après en avoir obtenu la permiflîc. du commandant 5 conduire leur com- pagnie au champ de bataille , pour la former à tous les mouvemens de la tac- tique militaire ; & le major aura le foin général de ces troupes, de la garde,' des exercices généraux 9 des^ détacher //. ParjUt! G f&ens , dePimîformite de fervîce , &c; Jl veillera fur les officiers de ces 4;omi' pagnies » comme fur les autres y pour avenir le commandant de toutes leurs négligences ou mauvaifes manoeuvres ; de plus , ces compagnies feront fourni* fes en tout,uiie fo^s l'année Ji la réforme de l'infpefteun J 22é II aura, fous fesordres, deux lieu^ tenans & quatre çnfeignes , qui fe diw yiferont en deujc , pour être alternatif vement de fervîce. Le lieutenant & les deu» enfeîgnes de fervîce » après avoi? donné le temps néceffaîre pour les trou- pes , la garde , &c^{èront9 le refie de la iournée dans l'arcenal ', vifitant tous es bureaux , atteUers» chantiers 9 &c ; veillant fur la conduite des officiers attachés aux atteliers ; pour voir s'ils fuivent affidôment les ouvriers dans leurs travaux y afin d'inftruîre de tout le commandant & le major. Tous les jours , matin & foir 9 i)s iront feire dans tous les chantiers , atteliers , mécc, les* lappels des ouvriers , deux heures après qu'ils feront entrés dans Tarcenal, & fans les détourner de leurs ouvrages ^ 0f. ijs li^pnta fi^r IjP champ» porter ^u çQm% fitandanc ces appels qu'ils auront u« gnés : tous les loirs » ce capitaine fera porter , par un de fes aides » au cotùr mandant 6c à l'infpeéleur , un billet ligné de lui 9 & d'un de fes lieutenans t de tout ce qui fe fera paifé dans la jour-* née , par rapport à ce qui le concerne; Le major aura des états du nombre de foldats qui doivent être embarqués fur les vaifTeaux de tout rang, defquels il ne s'écartera point. 123. Il/era faire,par fes aides, tous les mois , des vifites dans tous les vaif- féaux , frégates , &c^ En forte que tous les mois , il y en aura une faite par les aides , ou par ceux de l'infpefteur ; & lui , major , en fera une tous les ans , à lîx mois de celle de Pînfpefteur, Du capitaine du pore , chef du génie* 1 24. Le capitaine du port , fous les ordres du commandant de la marine , commandera dans Parcenal , excepté dans ce qui a rapport aux fales de meC» fleurs les gardes de la marine , & au .bureau de Partillerie : les détails par- .ticulîers, concernant direûement ces deux parties 9 étant feulement fouftraîts Gij i cette autorité; car^dans leschoief générales s qui ne les regarderont pas direâemeDt 9 il y commandera com- me dans tout le refie de l'arcenal. Tous les officiers, attachés aux atteliers , fe- ront fous fes ordres ; enforte que, dans les grands mouvemens , comme ar- memens confîdérables 9 il pourra les employer 9 félon qu'il le jugera à pio^ pos, I2y. Il aura plus particulièrement ^>us fes ordres, 8c pour le foulager dans -fes fonâloBS , deux lieutenans & qua-* tre enfeignes, qui fe diviferont en deux Earties , pour être alternativement de rrvice, dont l'un paflera la journée à parcourir les chantiers & attellîers 9 pour voir fi tout eft en régie , & l'inf- truire de tout , & les deux autres ret- teront à fon bureau pour l'aider dans Ion travail. Ce capitaine fera, aufli fou- •vent qu'il le pourra , des rondes dans^ tous les vaiiTeaux , galères , magafînsy écc: mais quand on Paura averti de quelque dépériffement dans les vai^ ieaux 9 ou dans les magafins , & autres» & c, il fera obligé de s'y tranfoorter^ Il Un attentijt à faire foire iouvenç de ces rondes par Tes aides non de fervice. 126. Tous les Coïts , une heure avant la fortîe des ouvriers , il écrira » dans un grand régître, le nombre d'ou- vriers employés , avec leur paye , les confommatîons, les recettes , &c, de la journée j Fofficîer commandant dans chaque attellier , lui en apportant à cet effet > & comme nous Pavons dé- jà dit , deux rôles de tout , & fignés de lui, afin qu'après qu'il les aura vé- rifiés, fignés &tranfcrits fur fon grand régître , il puifle en envoyer un , par xin de fes aides , au commandant » & l'autre à Tinfpefteur , lefquels les fe- ront coucher furie champ fur leur ré- gître. Tous les mois il fera faire, par un de fes aides , un total de tout ce qui aura été délivré ou confommé dans chaque attelîer en fuite de fes ordres. 1 27, Il fera , de plus, chef du génie, c'eft-à-dire,que les ingénieurs & conf- trudleurs ( qu'ils foient officiers ou nonj car il fautefpérer que bientôt ces mef-^ fleurs conflruîrbnt eux - mêmes leurs vaiffeaux ) feront direélement fous fes prdres. Quand le plan d'un bâtiment , G iij ifue la cour aura ordonné , luî fera préfente , îl demandera au comman- dant de nommer deux capitaines de Taifleaux 9 membres du confeil, pour l'examiner avec lui. Ces trois capitai- nes le calculeront 3 dans toutes fes par* tîes , pour connoître s'il a toutes les qualités néceflaircs pour la navigation & pour la guerre ; ceft- à-dire, qu'ils verront, fi le vaiiTeau, dont ils exami- nent le plan , portera bien la voile > s'il fera lenfible au gouvernail , s'il fil- lera bien , enfin , s'il aura une belle batterie; qualité abfolument eifentiel* le à un vaiflèau de guerre > 6c fans la- quelle îl eft manqué totalement , Pélé- vation de fa batterie faifant toute fa force. Car , fi on fuppofe un vaiffeau de 64 canons , n'ayant que quatre pieds ou quatre pieds & deux ou trois pou- ces de batterie (comme font prefque tous les vaiflèaux fiiits à Toulon , où les conffarodeurs font encore plus în- dépendans que dans les autres ports y aux prîfes avec une firégate de vingt- quatre canons de douze , ce vaiiTeau ne pouvant ouvrir fa première batterie» pour peu qu'il y ait de mer > cas ttèsr i- t)r(iinaire9 n'aura plus pour fa défenfei que les quatorze canons de douze qu'il a d'un Dord à fa féconde batterie y. contre les dou2e de même calibre que la frégate porte auili d'un bord^ Dclor^. te que ^ fi la frégatte jette à ce vaîffeaa une vergue ou un mât à bas^qui embar-». raffe la féconde batterie ^ il eft imman^* quablement pris ; ce qui , outre la perte du bâtiment , deshonore à la fois 9 8c la nation , & le capitaine. Ce n'eft pas tout : fi on fuppoie ce même bâtiment attaqué par un autre de même force, mais ayant cinq pieds & demi ou fix pieds de batterie , il doit être pris f. quand même la mer feroit aifez belle # alTesS unie pour qu'il pûtfe fervir, à fon aife , de fa première batjcerie ; car, tou- tes chofes égales, les canons de vingt- quatre du fécond vaifleau, étant élevés de près d'un tiers plus que ceux de l'autre , doivent porter beaucoup plus loin ; ainfi , s'il fe tient hors de la por- tée du canon du premier vaîffeau , il doit le défemparer , & le prendre , fans recevoir aucun boulet a fon bord,. Donc cette qualité , d'une belle batte- ;ne :^ eft abfolument eflentlelle à \m Gîv vaifleau de guerre. Pour que ces mef- fieurs puiffent porter un jugement plus fain , & plus tacile , fur les plans des vaiffeaux qu'ils ont à examiner , ils en jugeront par comparaifon avec d'au- tres plans, dont les vaiffeaux feront gé- néralement eftîmés à tous égards , com- me font à préfent nos habiles conftruc- teurs. Ils compareront les capacités , les coulées d'eau , &c. Ainfi, on aura attention de fe communiquer, d'un port à l'autre , les plans des vaiffeaux répu- tés bons généralement; comme l'E- veillé, qui a près defîx pieds de bat- terie, qui porte très-bien la voile , gou- verne bien , & fille bien. Sur le rapport de ces capitaines , le confeil approu- vera ou rejettera les plans des vaif- feaux qu'ils auront examinés ; & , lorf- qu'ils feront approuvés , le capitaine de port veillera à ce qu'ils foîent fidè- lement exécutés. Du capitaine d^anilUriê, ia8. Il s'adreffera.au commandant {)Our les ouvriers dont il aura befoîn, efquels feront fous fes ordres, quoique travaillant dans l'arcenal. Il aura plus é»^ particulièrement, lous fcs ordres, deux enfeignes. Quant aux billets de con- fommations , de journées d'ouvriers , &c , ils feront fignés par un de fes of- ficiers i lui feront portés , tous les foirs, par Tun d'eux , afin qu'après qu'il les aura vérifiés , enregiftrés & fignés , il puîffe en envoyer un au commandant , & Tautre à Pinfpeâeur. Du capitaine auxclajjes^aux chiourmes^ & aux vivres^ 12p. Le capitaine aux clafles au*-: ra , fous fes ordres , deux lieutenans & quatre enfeignes. ( Voye[ l^articlc des clajfes). 1\ {tX2i chargé de fournir les vaillèaux de matelots,& l'arcenal d'ou- vriers. Il fera chargé du détail des chiourmes , & de celui des vivres , qui ne feront reçus dans lesmagafins , dont il aura une clef, qu^après avoir été exa- minés & trouvés bons par trois ou^ quatre capitaines, membres duconfeil,' un aide-major & un aide-înfpeéleur. Il aura des états , dreffés par la cour , du nombre des matelots & mouffes, for-» roant l'équipage des vaifleaux de tous rangs , defquels ilne s'écartera jamais* Gy / I 1/ M^o. Vzrgem nefera délivre autre- for y que fur les billets des chefs de bu- reau , pour les chofes qui les concernent feulement. Ces billets feront fignés par les chefs de bureau, & par leur fécond, vérifiés par l'înfpedeur , & approuvés par le commandant. 131., Le commandant , Pînlpeéleur , tous les chefs du bureau & d'attelier auront du Roi , outre leurs appointc- ment , une fbmme fuflîfante pour avoir un ou deux fecrétaires , félon Péten-^ due de leur détail- De plus , l'înfpec- teur aura, à fes ordres , pendant le jour feulement > un fergent , deux capo- raux , & quatre foldats ; les chefs de bureaux , un caporal , trois foldats ; & les chefs d'attelîers , deux foldats : lef- quels caporaux & foldats feront tou- jours armés ^ comme pour monter la garde ^ & ne porteront aucun ordre 1^ fans avoir leur fufil furie bras,. Du conpdL 13 a. Outre tous les chefs de Bu-^ teau & d'attelier , îl y aura , dans cha- que grand port , douze capitaines de vaîffeaux , nommés par li cour > pou? ' être membres du conieil,- qui fera p!ar' conféquent compofé de trente - une perfonnes : du commandant , de l'inf- peâeur , des quatre chefs de bureaux , du commandant de meflîeurs les gar- des de la marine ( qui fera regardé en tout 5 comme chef de bureau ) de ces douze capitaines 9 Se des douze chefs d'attelier. Toutes ces perfonnes s'af^ fembleront le dimanche chez le com- mandant y depuis neuf heures jufqu'à midi 5 pOMr ce qu'il y aura à faire , ,fbit pour remédier à des abus » foit pour mettre en ufage certaine règle , où pro* jet i pour examiner la conduite de tous l'es officiers j pour faire des états fomr. maires de tout ce qui iè fera paflé dan» la femaine^ dans tous les bureaux^Sc at-^ telîers : & le précis de toutes ces chot: fcs fera envoyé au miniflre^ 133^ Les officiers généraux, quîfç^*^ trouveront au département , pourront affifter au confeil^&y donner leur avis^ comme membres : Se toutes les per-^ fonne»> ayant des projets à donner , j feront admis y ainil que les officiera qui auront des plaintes i porter coh-^ |re d'autreè officiers^ De plus , il fer» 6 V j / reçu 9 comme /impies fpeébteurs , & pour s^înftruire feulement , un certain nombre d'officiers > capîtsûnes , lieu- tcnans , & cnfeignes ; nombre qui fera déterminé fuivant la grandeur de la fiJle où £è tiendra cette aflèmblée ; & tous les trois mois, ces officiers feront changés , & feront place à d'au- tres. Formtdtt confnL t54.L'înrpefteuren fera l'ouvertu- re, en lîfantun mémoire fuccinft , qui contiendra tout ce qu'il aura trouvé de répréhenfible, dans la femaine , & ce Su'il jugera à propos de faire. Les chefs e bureau , le commmandant des gar- 'des de la marine , & les chefis d'attelier, liront enfuite le leur, par rang d'ancien- neté , qui fera un état fommaire de tout ce qui le fera paffé dans leur diftrift, & dans lequel il fera dit , aucomnacnce- ment , fi Pinfpefteur a fait , ou n'a pas fait fon infpeÔion , ou fes vîfites , & s'il a fuivi les ordonnances , en les faîr fant: oîi ils parleront du nombre d'ou- vriers employés , des confommations, des recettes , de l'état ou fe trouvent lés vaîfleaux & magafins, qui font con- fiés aux enfeîgnes qui font fous leurs ordres ; de la quantité d'argent qu'ils auront fait délivrer au tréfor , & de fon emploi i des arrangemens , & des cho- \ fes qu'ils auront eu ordre de délivrer, pour être portées hors de l'arcenaL Le I commandant & Tinfpefteur » pendant t cette leélure , vérifieront , en fuivant; leufs états de chaque jour , ces oié- n\oires. Après toutes ces ledures , on fe^a un paquet de tous ces mémoires, pour être mis dans le paquet général* Ces mémoires feront fignés par les of- ficiers, qui les auront faits , & apoflillés par le commandant & l'infpeéleur. On examinera enfuite la conduite des ca- Î)itaines , qui reviendront de la mer , ur la façon dont ils ont rempli leur miflîon, fuppofé qu'elle ne fût pas fe- crette ; on verra comment ils le font comportés à l'égard de l'honneur du pavillon, & de celui du corps qu'ils ont eu à foutenîr : comment ils fe font -^conduits vis-à-vis des cours étrangè- res, à l'égard membres du confeil 9 qui auront été nommés pas le commandant , pour examiner les états de confbmmation , foit de vivres ou d'agreils de ces capitaines j fera Cnfuîte entendu. Ces états, qui feroi^t fignés des capitaines , de leur premier & fécond lieutenans , feront , après' ce rapport 9 apoftillés par le comman-* dant , Pinfpeâieur 5 & tous les capi- taines 9 membres du confeil. Les de-» vis des vaîffeaux y feront enfuite lus ^ ces devis feront fîgnés des capitaines y apoflill^s par le commandant 9 r infpec- teur Se le capitaine de port. Leurs vues politiques y feront enfuite examinées » aînfi que tous les projets , qui feront fignés par les perfonnes qui les donne-r jfont , &apoôillés par le commandant > l'infpeâeur , & tous les. capitaines^ membres du confeU^Le capitaine de? garde dans Tarcenal , qui aura reçu un billet de fortie de quelque chofe que ce fôit y le lira ^ & le mettra enfuite dans le paquet généraUloa conduito^ '<3es autres officiers fera examinée , non-J^ feulement pour ce qui regarde le fer- vice, mais encore pour ce qui a rap- port aux fentimens d'bonneui & de {)robité, dont il fera rendu compte par e commandant , apoftîUé par Pinfpec- teur & tous les capitaines , membres du confeîl , &c, &c. &c. Enfin , on y concluera tous les marchés à faire, qui feront tous paffés devanrle confeil,. & fignés généralement de tous les membres. On fera enfuîte un paquet général de toutes ces chofes , pour être envoyé aumînîftre, cacheté par le commandant r l'infpeéleur , & le commandant des gardes de la marine. 15 y. Ces douze capitaines , aînfî que les chefs de bureau 9 auront une infpeélion plus particulière que les au-^- très , fur les lîeutenans & enfèignes. 136. Toutes les recettes un peu con-^- fidérables , Se dont la valeur fera fixée par le miniftre ; comme , par exemple r de vingt à vingt-cinq mille francs i fe feront par toutes les perfonnes du con- feil , excepté les officiers d'attelîers de fervice j & quand elles feront au-dfef- fous 9 par trois ou quatre capitaines » î [1(50] «lembres du confeil , le capitaine dé port , fes trois aides, non de fervîce, &c par les oificiers , non de fervice , de l'attelier , que la chofe à recevoir regarde. Et toutes fe feront en préfen- ce des officiers , qui feront reçus au con- feil, pour s'inftruire. 137. Ce confeil hebdomadaire n'em- pêchera point ceux que les différentes circonftances amènent, comme les con- feils de guerre , de conftruélion, &c, jui fe tiendront dans une autre forme, don l'exigence des cas , & indiffé- remment par les mêmes perfonnes ou. par d'autres. 138. Avant d'aller plus loin , ref- ferrons ici tout ce que nous venons de dire , & mettons-le fous un feul point de vue ; afin de voir plus facile- ment , s'il en réfulte un tout bien ar- rondi, ayant du jeu dans toutes fes par- ties ; & fi toutes fes parties font liées ^ les unes aux autres , fans ancune gê- 1 ne , & aboutiflent naturellement à un centre commun. Opération qui nous fervira, en même temps, à juftifier ce que nous avons avancé dans la premiè- re partie, à la fin du numéro 88; & ou fibus avons dît , au fujet de cette conf- fiitutîon : Von y verra tous Us membres de ce dernier corps ( des officiers ) no/2- fiulement sUclairer mutuellement^ mais encore fepoujfer fans cejfe vers le tien gé^ neral: enforte qu* aucun defes membres ne pourra s* endormir urie injlant dans fes devoirs , ni s^ écarter jamais des r«- glcs de la probité & de l'honneur. I3p, Je ne vois d'abord qu'une feu- le volonté ( n. 93:0 puifqu'il n'y a qu'un feul commandant , qui a toute l'autorité : qu'un feul intérêt qui ani- me le chef , comme les membres , & qui eft le même que celui de l'état ; puifquc, comme nous l'avons déjà dit Xant de fois , la confidératîon des offi- ciers de ce corps eft proportionnée a la grandeur des fervices que la marine rend à la nation. Ainfi , point de len- teurs , point d'obftacles dans les réfo- lutions , comme dans leur exécution.! J!examîne enfuite , fi ce chef peut abu- fer de fon autorité i & je vois que> auoiqu'il Tait tout entière , il eft gène ans tout ce qu'il pourroit faire de mal., i^. Parce qu'il eft continuellement exe- piiné ( n. 94 ) par l'infpedeur. 2^ o Il62j Parce cpie» tous les huit jours 3 3 fércut averti par lui ( n. 134) &en préfence d'une grande partie des officiers (n. 1S3^ ^34 ) ^^ toutes fes négUgeiH ces ou écarts > & que le minifbe en fe-* Toit enfmte informé par lui. (n. 13^ 3^. Parce qu'il craindroît le jour de rinfpe^on, ou Pinfpeâeur ayant plein pouvoir ( n. 98) ramenèrent violenw ment^ à Pordre, tout ce qui n'y feroit pas ; ce qui feroit une terrible leçon« Ainfi rien à craindre du côté du chef» à moins que l'iiifi)eéleur ne s'endor* mît dansîfès fondions. Mais voyons fi cela fè peut. 140. i*^. L'intérêt perfonncl laî îrendroit encore plus vit Pîntérêt gé- néral 9 dont il feroit animé > comme membre du corps, puîfqu'il feroit auffi re^nfable de tous les événemens ( ^* 94 ) fl^^ 1^ commandant : ce qui naturellement doit exdter cbez lui de la ferveur dans fes fbnâions. 2^. Il fçauroit que chaque cbef de bureau & d'attelier , eft indifpenfablement obli- gé (n. 106) d'infmiire tous les huit jours le miiufire( n. 134.), s'il a fàit> .eu non» fes vîfites & fon inipeâîon an ■w* 1 femps marqué , & s'il a fuivï exadle^ ment les ordonnances, en les faifant : ce ui doit continuellement l'empêcher e tomber dans aucune négligence* Donc, &c. 141 .Quant aux chefs de bureaux & d'atteliers , comme ils feroîent conti- nuellement veillés par le commandant & Pinfpedleur, on ne doit point crain- dre qu'ils s'écartent jamais de leur de- voir; d'autant plus que, tous les huit jours, ils rendront compte eux-mêmes au miniftre, &, pour ainfi dire,à tout le corps , de leur conduite , en Pînftruî^ fant de tout ce qui fe feroit paffé dans leur diftriâ: , & cela , en préfence du commandant & de l'infpeéleur , qui ayant été inftruits,jour par jour,de tou- tes chofes , contrôleroîent ce qu'ils pourroient avancer de faux , & il en fe- roit de même de tous les officiers. En- forte que chaque membre , depuis le chef jufqu'au dernier, feroit,pour ainfi dire , continuellement en préfence dç tout le corps. 14a. Je vois que tous les officiers du corps feroîent continuellement inC» traits de tout ce qui fe palTeroit dana rr.-rmcSy les recer:e5- i^ r:rrLcnr— rr.^::^ons ? le . fn-z::i les m'::;Lr=s • _ ' • " ' ' ' '• ^ ' ' . - . j y. ■ t « ». .V.<.« ->^. X.1. ^ - - . _^ - ■» . ■ M^T^ *- — ;-~A.y -»- -a.\^^^^\ >_ ; — - - ^.---.i— •_ — vc^ :;^e, T-^^i Ics /^_t * ...n.. -e mini- Q - :;1 y C --. -le T - -jr'_ .1 t: TTC le imivî~S • fût •Lini.iii Iid rien cccht^r. m :ié^-iier^ ces iniirw.cticns éiazt tcujcurs ir^ileûs I^ T3 la marine , il nie z^rc.r bien luEcile - pc j.r ne ras cire imr^îîibie ? c'i-*:*s foient dérciirnés. i^. Lz ccniJre de cfeque offic'er le-'cir coc:ii:i.iL!ciE£nr éclairée par roue îa ccnrs r r!rn lucn vier.t de ie voir. 2!^. Les b J^ctSyliir leî- <5ueis on déilvreroit r argent lu tréicr, paiferoient par quaae mains , ce Apiî doit prévenir toute coirniveDce-. J**- Ces billets étant ordonnés parles feul* chefs de bureau, fignés d'eux & de leur fécond , vérifiés par Pînfpeâeur y & approuvés par le commandant, em- pêcheroient que le commandant n'abu- sât de fon autorité à cet égard , ou Pinfpeéleur de fon crédit, 4.°. Les chefe de bureau ne pourroîent pas non plus abufer de ce droit, de délivrer ces or- donnances , parce qu'il faudroît qu'ils s'entendiflfenc avec leur officier en fe-: cond , & qu'ils trompaflent le com-^ mandant & l'infpefteur ; ce qui eft très^ difficile, ces deux perfonnes étant tous les jours informées de toutes chofes i des confommations, des recettes , des journées d'ouvriers de tant d'heures , &c, Etfecondement, parce que, tous les huit jours , ils feroient obligés d'ac- cufer les fommes qu'ils auroient fait délivrer dans la femaine , & d'en faire voir l'emploi , en préfencc d'une grai> de partie des officiers , qui pourroient i d^ns le moment, faire le calcul de ces fommes , & vérifier leur emploi, yf • Les appels feront faits tous les jours par trois perfonnes } par les officiers de î'attelier , par les aides-major , & les fttdçs-infpeaeurs. $% Les ouvriers nç [i6<5] poiirroient fortir des arfènaux > après le premieilappel fait. 7^. Ils nepourroienc 7 travailler pour les officiers » comme ils font à préfent pour les perfon- nés du corps de la plume ; parce ^e les arcenaux feront toute la jour* née remplis de (urveillans , du capital* ne de vaiflèau de garde 3 des aides-ma- jor » & des aides-infpeâeur ; & d'ail- leurs rien , pas la plus petite chofe» ne ' pourroit fortir des arcenaux 3 fans un f oillet figné du commandant j de Pinf- pefteur ^ du capitaine de port , & du i chef de l'attelier que la chofe regarde; ■ Mnfin y comme il ejl certain que Vimirct finirai du corps des officUrs tfi que la murinefiie puijfanu^ que y Jelon cette conjlitution , chacun de fes membres fe* roit fans cejfe en fa prifenu y & que lui-même tout entier rendrait compte au minîfire de tomes chofes^^ tout devra être dans F ordre ^ ou jamais mn riy^ P fera» Mais continuons* ' Des Chefs JPattcliers en particulier. Di Vûttdier de la conflruflion (^ du radoub. 14.4.. Comme je crois qu'il eft très« L Ityantageux de donner les dlfiérentei ^ L I il * ti(J7] parties des ouvrages à faire à prix fait^, non à des entrepreneurs > mais aux ou^ vriers > pour trois raifons ; la première eft que 9 l'ouvrier ne perdant point alors de temps , Pouvrage en fera plu« tôt fait ; la féconde eft que 9 s'il y a quelque bénéfice à faire , u vaut mieux que ce foit les ouvriers qui en pro-, firent , eux qui font utiles k l'état , qu'un entrepreneur , qui 3 le plus fou- vent, n'eft qu'une fangfuejfic la troîfi^ me eft que l'argent en rentreroît plus vite dans les coffres du Roi. i^y. Cette idée reçue , Pofficîef chef de l'attelîer de conftruétion s'at- tachera non-feulement à fçavoir comf-: bien il en coûte de main-d'œuvre pour l'entière conftruâion des vaifleaux de tous rangs , mais encore combien cou-: tent ces dlfiSErentes parties : par exem-» pie 9 combien il en coûte pour façon-*, per & mettre en place la quille 3 l*é-: Trave, l'étambot ,& les cornières gar- nies de la liffe-dourdi, barres-d'arcat fe , &c 9 pour façonner & mettre en place la membrure y pour le vaigrage^ y compris les bauquieres & ferre-bau- ^uieresj. Sac, fow anpom» Ôccj m& L^'^' des autres parties , afin de fçavoîr (ur quoi compter, avant de donner ces chofes à prix fait. 146. Il aura , pour chaque vaiflèaù en, conftruftîon deux regiftres ; un qui fera divifé en colonnes , & qui contien- dra tout ce qui entre dans fon entière conftruélion. Dans la première colon- ie , on mettra le jour du mois , fpécî- fiant le nombre d'heures de travail; dans la féconde , le nombre des pièces de bois employées ; dans la troiliéme , le cube de ces pièces brutes s dans la qua- trième, le cube de ces pièces nettes ( ce qui fera utiJe aux conitruâeurs. ) Il y en aura pour le poids du fer forgé ^ des clouds , des chevilles de fer & dç bois, du plomb, de l'étoupe, du brai fec , du brai gras , du fuif, &c. L'autre Tegiftre, divifé aufli en colomnes, con- tiendra les Journées d'ouvriers de tant ^heures , fpécifiant leur qualité , com-. -tùe maîtres d'ouvrages, fcieurs, çal- fats , charpetitîers-, matelots entrete-. ïius , peintres , fculpteurs , journaliers ff &ç ; & leur paye. A la fin de chaque -mois, il fera, au bas de chaque regîflr^' m tQp\ dç toutes çç$ chofest é 147. Il en fera de même pour les radoubs ; il travaillera de façon à fça-* voir combien il faut de journées d'où-** vrier, pour oter telle ou telle pièce de bois , Se combien il en faut pour là re-» mettre neuve , &c. 148. Cet efquifle fervifa pour lei^ autres atteliers , où Pon aura toujoursr attention de fçavoir le poids de tou^ tes les chofes qui entrent dans Tentiere conftruftion des vaîffeaux , & de fça- voir combien il y a de déchet , afin de trouver , autant que cela fe pourra* .d^ remède à ce mat DES ARMIEMENS ' ''JS'T DÈSARMEM EHS: 149. Il fera envoyé , de la cour,lde8 •ëtats complets de tout ce qui doit être . délivré pour armer les bâtimens. de : tout rang, foît pour la naTÎ|fttîon, foît pour le combat , foît pour ) capital-' ne; pour une campagne de trois,, de quafre 9 de cinq mois , &c 9 en temps de paix & en temps de guerrç: defq^ds. ^ ctats on ne s'écartera jamais , fi ce n'eft pour des occafions particulières & n,^ [170] res f qu'on ne peut prévoir , auquel cas on en avertira , fur le chanip , Ja cour. Ces états feront publics , ainfî que toutes chofes , afin que tous les officiers puifTent être inftruits de tout , • Des Armcmcns^ l^ô. Le capitaine de port donnera des billets, fignés de lui, de tout ce qui doit être délivré à chaque vaiffcau pour l'armer ; ayant attention de ne point mettre , fur le même billet , des cho- fes qui font à des atteliers difFérens » afin que ces billets puiffent lui être . montrés , en même temps que les deux: états âes cHofes délivrées par fe^^ or- dres^ ^ue chaque oflîçîçr 4'^ttelîet'dciît lui porter tous lesfoirs (n. lop ); & ce fera alors qu'il fera coucher fur l'in- vent^^ire d^armement de chaque vaif*- feau , co qui aura été délivré. Le.capî- taâhe de port aura,pour l'aider dans ce ^ travaO des armemens & défarmemefis, deu9c lieutenans & quatre enfeignes » ce qui formera le fixiéme attclîèr Jlem« ploiera ces ol5cîçrs,pendant ce tçmps,à %6^t ce ou'il juçera nj^ceffare. ^ X ^i\ jD^abord après la revue géné^ ralcj lesBdbteuans chargés dn^Af^ Ai chaque vaîfleau , viendront yérilïef leur inventaire fur celui du capitaine de de port. ij'2. Le lieutenant chargé du àé-A tail fera tous les appels y te matin Se le foîr, à la rentrée des ouvriers, & avant les repas : ces appels feront fignés de lui & d'un officier , qui y fera préfent,' portés par le capitaine » ou par un de les officiers, au commandant &i Pinf^ pefteur , qui les informera , en même temps, de tout ce qui regarde Parme-i ment de leur vaîifeau. 173. Le capitaine aux daffes en-- verra auffi, tous les loirs, au comman- dant Se à iHnfpefteur , un état des ma- telots qu'il a diftribués fur chaque vaift (eau. JDts Defarrmmtns. I y4. Au retour des vaiflêaux, cha- que chôfe fera rapportée à Pattelîer ou nmjgafiri , d^où elle aura ^été tirée, & mîfe en lîaflTç avec le nom du vaiffeau j & le chef d'attdîer > ou Penfeîgne qui aura la garde du magafîn, fera 5 à Pof- ficîer qui rîendra ces effets , un reçu, ^u^ portera au bureau du capitaine ddf ^' Hij 'fort ; afin que ce capitaine puifiè Êurc Relire fur l'inventaire d'armement , à x^ôté des chofes délivrées , celles qui feront «rendues: cet .ofEder gardera en- >fuite ce reçu pour lui fervir de déchar^. ge^ lors de la vifitç qui fera £edte par Ceax ou trois capitaines membres du iconfèil) que le commandant aura nom-* mes , par le capitaine de port ou un de Ces aides y im aide-înfpeâeur > un aide- major, aufli-tôt après que les comptes 4tt désarmement feront réglés. Ces ^comptes doivent être arrêtés dix oi^ 4ouze jours^au plusj après l'arrivée des Vaiflêauxj quand il n'y en aura que deux QU trois en défarmement. Se jdans le ipipisy quand il y en aura vingt* Les ca- pitaines nommés par le commandant |)Our ces viljites , ainfi quepour l'exa- inen des états des conîbmmations de 'vivres , d'agrèjs , &c, rpndxoitt compte 4e tout, dès qu'ils auront fini, au com^ commandant , A l'mfpeâeur & au coDn V K f. A MM R. t^f^ Le cafritaine de chaque bâti- jliçnt aura ) ainfi que fon officier chargé ^ àii^i }^ inventaire de tout cr auj é^embarquera fur fon/vaîfleau; i^artge par article, fous k titre de ceux qui eit répondent. ' t^6. Tous les Joùrt", Pofficîer cliar^ gé du détail , écrira fur deux billets le* confommations de la journée ^ qu'il fï^ giiera avec les deux» officiers qui le fui-* vent, après qulls les auront vérifiés jf & il en portera un au capitaine , & gar-» dera l'autre que le capitaine aura vérifiée & figné. ModkU de ses hilUt^^ L'ECLAIR. Quatreplanckts hois dtnorJtf employées à ullt chofe. Deux cent cious maugeres, emfr ployis à , &€. TDix aunes de toile y employiez Deux eent livres bifcuit , pour Us*** hommes dUquipagty & Us deux pajjagcrs. ^C, &Cj &c, NouSj fouj/l^nés, officiers embarqué» Jur V Eclair ^ certifions que Us chofe^ Hiij . nomnUts dans Us quatn atticUs cui%f^ f$is y ont iti confommits aujourd'hui: 6c figneront. z J7.  la fin de chaque mois» tous ces billets de confommation feront réunis en un feul , leauel , fait fur le modèlo des autres 9 après avoir été vé- rifié par les officiers qui auront figné les premiers > fera figné de même par eux. Le capitaine en aura im , & l'ofE^ cier du détail un autre figné du capital*» ne. Enfin , huit ou quinze jours envi- ron , avant d*arriver dans le port pour y défarmer, il fera encore fait un état, 3ui contiendra le total des moiS}& ans la même forme , afin que les comp- iles de défarmemens foient plutôt faits. I jS, Avec 1 2 lîv. au plus par mois > 'données à un pilotin , outre fa folde » on trouvera dans cette perfonne un fe- crétaire pour toutes ces chofes » qui 5 malgré ce travail , remplira tous les de- voirs de fa profeifion. ^S9' Quand , dans les pays étran- gers) on feraobligé d'acheter quelque chofe, lé marché fera toujours paffé devant tous les officiers , & le conful du lieu. 1 60. Défenfes très-expreffcs feront faites aux capitaines d'employer les ca^ blés 9 voiles , &€» que l'on aura con- damnés dans la campagne i ii quelque ufage que ce puifle être ; étant obligés de les rapporter dans l'état où ces cho- fes feront , fous peine de fcs payer com- me neuves. Lorsqu'un cable fe rompn » ou qu*unç voile fe déchirera » &c, ou pareille chofe femblable , il fera fait un certificat) (igné de tous les officiers » de l'état oà ces chpfesfe trouveront ^près, de la Quantité d'aunes de toile qui refte, ou de oraiTes de cable,&c. Cependant, fi un cable , une voile x ou autre chofe qui feroit tout- à-fait hors de fervice, étoit abfolument néceflairepour certain cas imprévu , alors le capitaine pout- roit l'employer , mais avec l'toveu> par écrit, de tous les officier?* i6i.Dans les armées ou eicadres nombreufes , le capitaine en fécond du vaiiTeau commandant ^ fera chargé d^s fournitures & des confommations.Tous les mois , quand rien n'y mettra obfhi- cle , les lieutenans chargés du détail de chaque vaifleau viendront lui porter les états de confom mations du mois. Et lorfqu'il fera queftion d'acheter quel- Hiv ipe chote dans les pays étrangers , k woarché fera toujours tait par tous les capitaines en fécond , les lieutecans cbai;gés du détail 9 & le confxd du lieu. PLAN Smr lequel doivent être ordon- nées Us compagnies de mef- feurs le s garde s du pavillon^ & gardes de la marine^ 162- Les compsgnies de meflîeurs les gardes du pavillon & gardes de la marine 9 étant, ccmme nous l^avons déjà dit 9 la ^épinicr-e du corps des of- ficiers 9 il importe extrêmement d'en ibîgner l'éducation. Ce n'eft pas aflez , quoique ce foit une panie abfolument ttknmWe, & même la première, que les officiers de ces compagnies , les commandans ainfî que les autres , foîenc gens d'honneur, & qu'ils ayent des vues de probité ; il faut, de plus, qu'ils foient inuruits , & qu'ils ayent une cer- taine aptitude que peu de gens ont , pour montrer & faire apprendre la jeu-, . aeflê que l'état leur a confiée*. i'(Î5 . Chaque compagnie fera dîvîffe en cinq brigades , non pas comme ii Eréfent par rang de taille 9 mais feloa^ ; fçavoir* On apprendra dans la / a Cinquifmt9 ** L*Exercîce, - — ^^ - - - -* Montri La Taâîqnc militaire, - - i ^."ï jf "? L'Arithmétique , - - - - La Géométrie, officiers^ LeMaitrê dhyirau-, graphita / Quatrième»^ La Sphère, — Le Pilotage , LesElémensde méchanîquej Le Carénage, Or.**, A"/-g«>- ter Greement ,----- - . J ^ " Leliïaître' Canonage, - - - — - canonier,- Conftruôion pratique , — te Maître Manoeuvre, .^onfiruSl^ Evolutions, -cLwr^q^v Secondcm avts^ I Détail du port, - Méchanique, Analyfe, - o^^Seâions coniques ,:- Pnmiere JîArtîlIerîe, ---. I Fortificatîons , — - - - - j Principes d'aftronomi©, - V vCakulintégjalîçdifi&enricî. P2. LePyqfefr feurdtMa^ X-/ ".Vot- Y/t^piic Ass&UÊSC aoDrcy uns ^ ai ' cw i C2 S'IèisoDiKe dao&lcsfct^^âcsao-dcC- K d^ cdlcs cm il fsétesA pafiêr. £c poor cosccsîTe s^il di: â^gne £e£&e es pas^ il ûAfTst tmoSs examcos. Le pre- flûer fisci £a5t pu- Ion biiga&r oa fb::* ungz^&ttm Scor iba lappoit avinugeiux» ienasteassm cet Peasiâgne fina le lien ^ cnnp^ fer le bon compce lecâa psr ce denner 9 le comnnncant de si ooospsr gise Pcxamîneni ; & s^ le trouve C2- pable^ illoi fera on certificat figné de laiy & des deux antres examnatems » pour êtit porte an commandant de la matinej qui l'a vancoai» & lui fera» i cet e&^nn cerûficacqui lera contrôlé. Ces ^ox commandant? inftiuiiont exaâe- ment b cour^ du garde promu à une hngàdc ^ & du jour qu^ aura été con- ttoTé 9 parce que le rang dans chaque brigade ne courra que de ce moment. L'examen de ceux qm paieront, de k troifîeme brigade a ia féconde , fera £iit en préfente de Pinfeeâeur^ & de quatre canitaines f membres du confeil. idf . Il ne fera pris des enfeignes, ^ue dans la première & feconde briga- .S^ ■ \ f / ■1 r ^^^^^ ie, fans avoir aucun égard à Pancîen- neté de fervice. Ceux de la première brigade commandant ceux de la fc- «conde, lefquels commandent ceux de la troifiéme 3 aîrifi de fuite. 166. Les deux dernières brigades iront toute Pannée aux falles , ne pour- ront avoir de congé ni s'abfenter en au- cune manière, pas même pour faire cam- pagne. Ceux de la troîfiéroe pourroBt paner trois mois mois de l'année chez eux ; ils ne feront qu'une campagne. Ceux de la première & de la féconde pourront s'abfcnter du port pendant cinq mois , Ibît pour aller à la .mer ou vaquer à leurs affaires. Enfin ceux de la première brigade qui fçauront bien les principes de tout ce qu'on doit ap- prendre dans cette brigade » pourront s'abfenter du port pendant fix mois y & ne venir aux falcs que Paprès-mîdi : ^ mais dans les mois d'août & feptem^ « bre, ils feront obligés d'être au poit pour remplacer, pendant ce temps & aux fàles feulement , les officiers de la compagnie, qui fe repoferont alors dét fatigues de cette école. ^ i6^. Les gardes de Ja marine qui Hvj reviendront de chez eux ou dé la mer^ fubiront un examen , & s'ils ant ou- blié ce qu'ils doivent fçavoir, ils redëf- cendront de brigade. i68. Les fales feront ouvertes tou- te l'année , deuxheures le matin & deux le foin Après l'appel & lameffe quife dira tous^les jours , un fou-brigadier fera,matin & fcir,en préfence des gar- des & des officiers y. une leâure des ordonnances, telle qu'elles foîent lues, une ou deux fois dans l'année , félon leur étendue ; & Tofficier qui fe trou- vera commandant, les inftruira de tout ce qui aura rapport à ce qui aura êié lu. i6p. Voîcî les maîtres qu'irikudroît qu'euflent ces meffieurs .'premièrement un homme Içavant dans les mathéma-- tiques , laphyfique & l'aftronomie. Ce profeffeur viendroît aux faïes tous lès jours de îà femaine,deux heures après- midi, eiccepté dans les mois d'août & de feptembre , temps des vacances* Là il enfeigneroit les méchaniques,Fànaly ^ •ie, les feftîons coniques,. la trîgonor métrie fphérique , les principes d'aftrojr OQmie> PartUlërie? les fortifications ^ ' le calcul intégral & différennel. HCe-* Toît obligé Refaire, deux fois l'année r dans une falle que le Roi donneroit i cet effet, & qu'il garnîroit d'inftru- mens convenables , un cours d'expé'-; tîences , qui dureroit fix femaines ou deux mois , & où ceux de la première brigade aflîfteroîent au nombre de vingt-quatre. Les expériences de Pab-' bé Nolîet feroient, dans les commen- cemens, celles dont il fe ferviroit , il y ajouteroit celles qu'il croiroit utiles air métier. Ce profefleur s'attacheroit aux travaux des arcenaux, & furtout à la conftruélion ; tâcheroit de former des» officiers ou autres perfbnnes bons conf-* truéleurs.. Il ièroit admis dans tous le^'* confeils de conflrudion ou autres fem-r lolables, pour y donner, fon avis de yî-*- ve voix feulement. Quand cet hommei couteroît au Roi mille écus ou quatre* mille francs > cet «rgent neferoit point à regretter, fi cet homme efl réelle-* ment fçavant & a du génie ^ par les- àvantages qu'il pourroit procurer à It^ marine.Sa porte feroit ouverte,tous léS matins,, hors le temps des expériences: &. des vacances , depuis neuf heures . fulqu'i mîdî , à tous ceux de la man- ne ? officier ou autre^ quiauroient àlut propofer des problèmes à refoudre , ou des lumières à demander fur quet« aue chofe. Secondement > un m^tre d'hydraugrapbie j qui enfeigneroit IV rithmétique , la géométrie , la fphère f le pilotage , le compas de proportion , & les élémens de mcchanique. Troific* mement, un conftruôeur, qui enten- dît bien furtout la ïiaifon , clouterie & calfatage. Quatrièmement , un maître canonier. Cinquièmement , un maître nocher pour le carénage , Parrimage 9 & le gréément. Sixièmement , un maî^ tre de langue Angloifê* Septiémeœenry un deilinateur. Huitièmement, un maî-^ tre de danfe. Neuvièmement, un maître en fait d'armes. 170. Tous ces maîtres , excepté le profeffeur, auront congé un jour de la lemaine outre le dimanche , & vien- dront les autres jours de Tannée matî» & foîr* Il n'y aura qu'un exercice gé- néral qui fera le jeudi , & la troifiémef ^atriéme & cinquième brigade , le feront une fois féparément outre ce jour-là. Ï7Ï . Il fera choifi une perfonnc pout Faire des cayers de tout ce que cet meffieurs doivent apprendre: ces cayers feront clairs & précis , (ans que l'enen-^ tiel y foit omis. 172. Ceferoit un avantage, fi l'on fuprîmoît la compagnie des gardes du pavillon, ou que tous les gardes delà marine le fuflent , cette bigarrure eft très-préjudicîable ; mais fi cette réu- nion ne peut (è faire , il faut au moins que ces deux compagnies foîent fon- dues enfemble pour tout ce qui a rap- port aux fales. 175, Il faut à chaque compagnie des gardes de la marine un comman- dant , deux lîeutenans , deux enfeignes,. trois maréchaux des logis , cinq bri- gadiers & dix foubrîgadiers. Les offi- ciers-majors de ces compagnies don» neront,à chaque garde,une tâche pour la fèmaine ou pour le mois, & les bri- gadiers & loubrigadîers examine- ront fi les gardes £çavent ce qui leuir aura été donné à apprendre. I74., Les deux premières brigades afljfteront toutes ou en partie , fi elles font trop nombreufcsiàtoutes les recet^ r tes , & feront înftruîtes , avant d'y' dl^ fcr , par Pofficîer qui les y conduira , de tout ce qu'il faut fçavoir, pour être en état de bien juger fiir les chofes i recevoir. 17 y. Et, pour exciter encore plus l'd- inulation,à la fin de chaque année il fe- ra fait deux enfeignespardéparrement^ & voici comment; les gardes de la ma- rine de fa première brigade qui fçau- ront les élemens d'aftronomie*, d'ar- tillerie & de fortifications , & qui au- ront auparavant été examinés par leurs officiers fur tous ces articles , fe pré-î fenteront devant toutes les perfonnes du confôrpour s'attaquer entr'eux fur toutes ces chofes , aînfi que fur toutes fes parties du métier, & répondre aux demandes que leur feront les perfonnes de l'affembléè ; & les deux qui auront fe mieux répondu feront faits enfeignes: mais à cette condition , qu'ils feront obligés de faire , pendant trois ans , ley fonftions de brigadier ou fou-briga- dier, quoiqu'enfeîgne de vaifleau, lorf-i- qu'on aura befoîn d'eux pour remplir ces places. Toutes chofes égales, ceux gui {^auront, en outre de tout ce qu'oxï. V- Vient de nommer , le plus de calcul intégral &: 4ifférentîel, feront préfé- rés, ^ 176. Les brigadiers & fou-br^ga-J diers auront rang de fou- lieutenant d'infanterie» 177. Je ne puis m'empêcher de le dire ici , quoique peut-être ce foit peu fa place, qu'il fau droit que ces mef- fieurs les gardes de la marine fuffent encore plus veillés,qu'ils ne le font,fur le jeu .J'ai vu des exemples à cet égard qui m'ont percé le cœur- J'ai vu de» jeunes gens d'une grande naiffance rnés avec toutes les vertus défirables & ayant eu une excellente éducation , fe corrompre, fe pourrir le cœur par l'ha- bitude qu'ils contraâoient de faire des baifefies îndigne$,pour trouver de l'ar-* gentjrie fçachantoù donner de la tête» Et il eft bien difficile, quand on a vé- cu quelque temps dans cet état de cor- ruption , de s'en relever , & que cela n'influe fur toutes les aâîons du refte de la vie. Si l'amour propre ne s'en mêle, rarement eft-on ferme dans la vertu , quoique bien né d'ailleurs. Et cet amour propre eft dans toute (a v^^ ItSSJ tueur i cet égard» & même augmente oe force i maure qu'on avance en âge, ouand, en jettant les yeux fur fa vie pa£> Ke , on iê trouve iiréprodiable à tous ^^ardsrmaisaucomraire^quandon yap« perçoit des taches,comme l'ons'imagî^ ne que^quelquechofequePon faiTe^'on n'eflàcera jam^s les imprelfions qu'el les ont pu Ëûre , l'amour propre^qui ne feroit plus flatté , n'a plus de force pour poufler à b vertu. Je voudrois donc que Ton (ut de la plusgrande rigidité i cet égard. Malheur à ceux fur qui la punition tomberoit ; mais ils ne pour- roient (ê pbindre , puifqu'ils ièroient tombés volontairement dans la &ure pour laquelle ils fèroient cafl^s. Et ta pêne de deux ou trois jeunes gens iauveroit une infinité du naufrage. C'87] LETTRES S U R un libelle intitulé : Con^ Jidérations/ur la conjlitution dt la marine militaire de France • Viieamus u^erplus fcrihere pojjit» Horac* PREMIERE LETTRE Où fon découvre U dejjiîn dt Vautmt du lihtllt. Jx n'ai point oublié, monfieur , la promeife que vous me fommez d'ac* quitter. J'aurois moins tardé d'y fatîs- faire , fi j'avois eu plutôt la brochure au'on vous annonça la veille de votre épart. Je ne l'ai vue que depuis peu de jours ; on me la laiflk à peine une heure ; & je fuis parvenu hier feulement à en devenir le poffeflTeur, pour le temps d'une lefture un peu attentive. Je re- gretterois celui que j'y ai employé, fi je n'avois,pour objet , le plaîfir de con* jtenter votre curiofité fur un écrit que i^ous n'aurez peut-être pas occafion de voir. Il porte pour titre : Conjidiratî nst fur la cohfiitatiôn de la marirtt mititair& d€ France. L'auteur a adopté po^r Ten- tence j Parure perfonis , dicere de vituu Un livre annoncé fous un titre fi avan- tageux , promettoït beaucoup fans dou- te ; le public empreffé de profiter des leçons de ce nouveau Théophrafte , at- tendoit une foule d'exemplaires ; il n'ei> a paru qu^un petit nombre j on les a reçus clandeftinement , lus enfecret, prêtés fous la promefle de n'en rien dîre,&reflerrésau point queperfonne ne peut prefque plus les voir. Les bon- nes chofes ne crargnent pas la puBlî-» cité : le foin qu'on a pris de cacher cette brochure , depuis qu'elle a été mife au jour , fuffiroit pour vous donner une jufteidée de fa valeur. Je me difpenfe*^ fois de vous en parier plus au- long , fî je ne craignoîs que vous m'accufaflîez de pareiTe ; & ce n*eft que pour éviter ce foupçon , que je vais vous en entrè- tenir, Sçachez-moi gré de ma complai- fance. Je ne vous ferai point une anaîyfè ittaclc^ Comment analyfer, d'une fa-*. \ ^on fupportable , un écrit qui n'efi au-i tre choie qu'un libelle dif&matoire « outré , fans fuite 3 fans lîaîfon , fans fty- le , plein d'horreurs 9 d'anecdotes faut (es , de menfonges înfignes , & de prin^ çipes frappés au coin de Fignorance , fur la conflitution de notre gouverne- ment , à laquelle Padmînîllration de la marine fe rapporte, ainfî que toutes les* autres branches du reflbrt politique du royaume f Je me contenterai de vous tracer auflî fuccinftement qu'il me fera poflîble , une efquîffe de ce pitoyable' tableau. Je vous expoferaî natureller ment l'idée que j'en ai conçue, &. je fe-: tai bien flatté , fi le jugemenfc que vou? çn porterez , eft conforme au mien. . L'auteur du libelle ^^ pourobfervcr Mne efpéce d'arrangement, eifâie de dir yifer fa matière en deux parties. La Sremîere traite du corps militaire 6c ,uço^ps de la plume; &Ia féconde,' d'un plan de nouvelle conflitution. D çfifort :Court fur le' chapitre du corps jjiilitaire^ Comme fon objet eft de fron- cer .celui 4e la plume , înutflement ta--' jche-t'il de garder quelqu'ordre en com* jDjsnjant, On voit fa peine i fe contes tnérite pas même la peine de la ré*: fucer. L'hiftoîre qu'il fait d'un foldat , pavé 'de l'argent du Roi , peur apprendre l' Anglois à un écrivain 9 n'eft pas plus .vraie xjue tout le reftc. Ce foldat tra- vaiUoit dans l'arcenal en qualité de journalier , comme tous les autres fol-, idats ; il alloit donner des leçons d' An- glois à un écrivain , prefque toujours k des heures aufquelles le travail étoit fini ; & il étoit récompenfé de fà peine, autrement que par l'argent du Roi. Mais qu'importe au Ubellifte , que ce qu'il avance foit vrai ou hux 9 pourvu qu'il cite Se qu'il noiccifle , il efl coD^ ,tent; s:'gû tout ce qu'il recherche. Ilexpofe l'idée de très-grands abui Elans l'entretien & le radoub des vaif- caux:Iâ,les officiers du port & les cont tru£leurs > gens fi néceflkires & fi unies, font accufés 9 tout comme les officiers de plume , de iaifler dépérir les vdA feaux , & de (aice durer leurs radoubs , Îour des raUbns d'intérêt particulier, i'affeébtîon avec laquelle cet écrivain infenfé prête de mauvaiiès intentions k tout ce (juin'^pasluî, eu ici dans Mut fon jour. S'il avoit la moindre eonnoiflance de l'ordre qu'on eft obligé d'obferver dans une conftruâion , un radoub , ou tout autre atrelter d'un arcenal, oferoit-il avancer dépareilles abfurdités. Il dit qu'un capitaine devaiflcau re-' fufa à la Martinique 5*0000 liv. que lui offrît l'intendant , pour mettre fa figna- ture fur des états taux. Rien de mieux ^pllqué que les éloges donnésau dé- lintérelfement de ce capitaine , reconnu de toute la marine pour un officier d'un mérite diflîngué. On pouvoit lui ren- dre la juftice qui luiéroitduë, fans attaquer gratuitement la probité d'un intendant. Des habitans de la colonie offrirent , à ce capitaine , une fomme d'argent , pour le porter à favorifer le commerce prohibé ; c'eft cet argent «ue le capitaine refufa. Voilà le mt, tel qu'il eu , & tel que cet officier l'a ditlui-même. Quel rapport a-t'îl avec la fauffeté que le libellifle invente?, MaîS) en le rendant fuivant la vérité > H auroit perdu une occafion de calom- nier un intendant ; il n'a pas voulu avoir ce reproche à fe fiùre. ILPmU» - ■ '-' -^ il n rapporte, comme une chofe roant: feftemem établie pour malver&r, i'u- fagedanslequelon eft,detouslesteiDpsr de faire fignei en blanc aux capitaines , avant leur départ j l'état d'armement & celui des vivres embarqués. Pour donner plus de poids k Con anecdote » il dit que ce font des états de coofom- toation 'de vivres, agiès» Sec, ceqiù eft faux au fçû de tout le motide. L^im^ {wlËbUité de drefler à temps , avant le départ des vaiflêaux , ces états d'ar- nemeot & de vivres embarqués, qui font toujours fort longs, a fait établir cène régie. Si le lîbeUîfte étoit moins jffnoraot Tur la ferme donnée i Tout ce qiû eft compte, & fur les précautions prifes par les Rois , pour préveoir toute malvôiàtion , il fçauroit que la figna- tnre du capitaine fur les états d'armer ment & de vivres embarqués, eft iih capable d'y antorifer la moindre a»g-- mentaùon, & que ces états n'en le- TOient pas fufcepibles de la part de la perfonne la plus mal intentionnée ; à fhjs forte raifbn lorfque le foin de les dreffer eft confié à des gens qui ont so* fluisadepuîs lQiig-ten)ps,tiDeTép*tt^iaQi ^.^cJÀ fort à r abri des foupçons que veut jet* ter fur elle la méchanceté d'un écri- vain, qui ne fçait que calomnier. Il fait une dilTertation déraifonna^ ble furla difpute élevée récemment en-- tre les deux corps , au fujet de la pré- tention formée par des capitaines 9 qui ont voulu exiger des écrivains la per- miflîon pour fortir du bord* Cette al- tercation n'auroitpas eu lieu, fi fes auH teurs avoient voulu fe donner la peîne de lire & de concevoir le fens des or^ donnances ; ils ne Pont pas fait, peut- Être dans une bonne intention. Tou? les hommes font fufceptibles de préju- gés ; rarement dépend-t'il d'eux cie s'en défaire : c'eft fans doute ce qui a por-- té la plupart des officiers de la marî-^ ne à adopter fincerement , ou par corn--' plaifance pour leurs camarades , les idées du joun Le miniftre a été con- traint de décider ; îl l'a fait : les chofès ont été-4:établies comme elles avoient toujours été, & comme elles doivent être. Cette décîfion fuffit, à ce que j'i- magine pour anéantir les raifons , auifî fingulieres que frivoles , avancées paç le Ubellifte au foutien de cette caufei t}u! a attiré beaucoup plus d'attention ^ue le fujet ne le méritoit. II critique enfaite fort fpîrîtuelle- tne nt la qualité d'officiers que portent les officiers de plume. Leur corps fait Eartie de celui ae la marine : que veut-, donc qu'ils foient f Ils femble que tquand le Roi a dit par fes ordonnant tes , & les miniftres- par plus d'une dé* eifion partîciiliere , que tout fujet pour- vu d'une commiffion ou d'un brevet ^e Sa Majefté eft officier , le pirrho- isifme du libellifte eft déplacé. Mais il me femble lui entendre dire que ces ordonnances ont été données fans la participation des Rois , & les décifions particulières extorquées aux miniftres à leur infçû : peut-être même s'en prendra- t'il à la Majefté royale elle?- même , & l'accufera-t'il d'outrepaP fer fon pouvoir , en qualifiant d'offi- ciers des perfonnes qui ont le malheur de lui déplaire* Ainfi ne difcutons point avec lui cet article, pour lui épar- gner des blafphêmes. Il avance , comme un fait certain ; ftu'un commiflaire embarqué fur une Ipicadre çn 17/2^ reçut au retour 4$ la campagne 3 000 livres de gratifica-» tïon , qu'il n'en fut point donné au ca- pitaine commandant de cette efcadre 5 & il faifit cette occafion pour faire un portrait de ce commilTaire , de la ref- femblance duquel on prend le public pour juge. Il eft certain que ce capi- taine commandant, homme refpefla-^ ble par fes mœurs & fes talens pour le fervice , ne fut point gratifié comme îl l'avoit mérité ; mais encore eut-il une forte de gratification , qui lui fuî donnée quelques mois après 5 à Pocca- fion d'une abfence qu'il fit ; & il eft certain aulfî que le commiflaire ne fut gratifiéen aucune façon, quoiqu'aflu- rément fes fervices Payent bien mérité» Comment a - t'on le front d'alléguer une fauffeté auffi manifefte & aifée à démontrer ? Pour donner plus de crédit à la re- lation qu'il fait de la façon dont fer- vent lès officiers de plume, il aiTure tenir d'un homme de poids de leur corps tout ce qu'ildîtàcefujet. Quoi- que je fois peu difpofé à croire vraie une citation précédée de tant d'autres qui font faufles , je n'iiûagine pas cela IlIJ / xmpoiCble. Il peut fe trouver dans ioui les corps un homme inquiet jufqu'à la mifantropie , &c capable de dire du mal des (iens. Je crois aufli que, parmi un nombre de fujets, & furtout parmi les jeunes gens , il s'en trouve qui négli-^ gent leurs devoirs ; & je fuis très-per- fiiadé qu'il s'en faut de beaucoup que «ous poffédent une égalité de zélé , d'application &• de talens. Mais auel cft le corps dont tous les membres iont parfaits f Et fi j'ofois faire un parallèle, cu'y gagneroît celui dont cet écrivain le rend Papologifte f Mais je n'imite- rai pas fon exemple, & je ne blâmerai perfonne. Il y a du vice dans tous les îftats, quelque bonne qu'en foit la conftitution : c'eft une fuite de Vimper- feélion de la nat)ire humaine : il n'étoit f>as néceffaîre, pour le prouver , de ca- omnîer tout un corps compofé,comme tous les corps mîlîtaîres (à ce que dit k libellifte lui-même ) de gentilshom- mes , de bons bourgeois, & de gens de fortune : on ne le foupçonnera pas de l'avoir apprécié en ce moment plus qu'il ne vaut : je ne prendrai pas la pei- ne de difcuter fur cet article; on fe connoit tous , ou peu s en raut : il ell moins poflible , dans un dépanement, qu'ailleurs^de fe tromper fur la naiflan- ce : toute perfbnne bien fenfée doit en bannir jufqu'à l'idée. Tel croit en îm- pofer aux autres, qui n'en împofe qu'à lui-même ; & rien ne prouve mieux la petiteflè de génie , que le foin ridicule pris par tant de gens pour faire oublier au public ce qu'ils font nés , aflez fois pour imaginer d'y être parvenus, parce qu'ils l'ont oublié eux-mêmes. Apres avoir dit que le corps de la plume exiftoit à peine au cortimence- ment de ce fiécle , il fait une énumé- Tation exagérée de ceux qui, en ij^T, compofoient ce corps , qu'il fait monr ter à 5-9 1 perfonnes. Comme je ne veux rien dire q'ie de vrai & que je n'ai pas cette lifte , je ne puis affurer de combieo elle excède ce qui exUle. Mais , pour anéanrir aifément l'idée d'immenfité que le libellille veut donner au corps de |aplume,jelutapprendrùque,dansleur nombre , font compris tous ceux qui fervent dans les colonies,o^ les détails font g^rés, comme en France, & où il n'y a d'officiers de h. marine que Us . liiij généraux ; ceux qui font cbaig& dei daffes dans tous les départemens par* dculiei^ ; ceux qui font employés dans l'intérieur du royaume > à toutes les les exploitations des bois ,^înfpe6tions des manufâéhires , 8c autres détails re- latifs à la marine 3 les premiers com- mis & tous les commis des bureaux* £n extrayant du nombre total tous ces officiers ae plume , employés à des def- dnanons > dont le libelliue paroît n'a- voir pas même l'idée ^ il verroit que ce qui refte poiu" le fervîce des ports eft bien différent de cette totalité , qui lui paroît fi efl&ayante , Se fort éloi- gnée du nombre des officiers d'épée. Accoutumé à fe contredire, d*un bout à l'autre de fbn ouvrage, excepté lorlqu'il s'agit d'înveûiver, en qucu U ne fe dément jamais , cet auteur peu inftruît de ce qui s'en paffé fous le règne de Louis XI V 9 ait que depuis i688 lufqu'en 1704, temps brillant pour la marine 9 le militaire pofledoit une autorité générale , qui lui a été enle- vée fucceffivement Se par parcelles » & donnée au corps de la plume. Inu- dlement lui demand^is-je de me [201] montrer quelque trace de ce qu'il avan* ce : où & comment pourroîi-il les trou- ver f La marine rcnaiflanre en 1660 acquit une forme confiante y & devint redoutable à l'Europe, par les foîns du grand mîniftre, auquel Louis XIV > Pavoit confiée. Pour établir fa gran- deur fur des fondemens folides , îl com- mença par lui donner de fages loix : c'eft à lui que nous devons le code de l6Sp, & tant de belles ordonnances,' , à la faveur defquelles la marine acquit un luftre auquel , jufqu'alors, il ftm- - ble qu'elle n'avoit pas ofé prétendre : elle le dut fans contredit à la tonié de ces réglemens : fon accroiiTement prouve qu'ils furent obfervés. C't ft par - ces mêmes ordonnances que les fonc- tions des officiers de plume furent ré- glées , que l'autorité qu'ils exercent leur fut dévolue : il n'a éié donné, de- puis ce temps-là en l^ur faveur, que des décifîons pouf confirmer ce qui eft . porté par les ordonnances , dont quel- luefoîs on a voulu mal interpréter le ens. Or , puifque c'eft en 1689 > que le fèrvîce de la marine a acquis fa for- me > commeiit peutron concevoir que 2 „„pv aucun. .u^^-^;^^aa-ép.e commencé à "'»'?"' jKmémem ne gnorance de '?"' ' , iiftmc- teur de '',P"™,„„„,„„! ne font gne- »*^n'''U7 e»S, qne dans le '="^'(î n"um"« in'=«">' f°r cote la""' ' ;f ' wfonûions des officier, i'/™' ° ri certain que «tabliel ii' ■«'P • 1, 1« ont eiiet- c'cft en ee temps ,u J. „j,^^. ''"'âS'^Curconnoteealo" del. On ne "''.ÏV X-„b\enfmvte des ;„diCcutio«:AfaBo« offiWe „doonancesJ-l" .rji 4,^ â'i?™'" t Juetm le monde étott """f* f„fib..àufcendel'tot& qm, peu .f="™'''„i„t trouvé d'au- îeUp«"e.>''r7„:;",„,|.L«éta- treméme r=,'" "("Hes principes les Hi(remen.f^»«>ta'ej._^j . Hr.'lc'dé^'âdatr.a-ineU éprouvé. Elle (c rtlunih Hri lUrul»^ tes révolution! du rtgnc d« léOiim XIV.En ce tcmi)» AcctU'c, Twi^lr avec lequel elle rétoic Curmée âc iuiu» tenue , s^aflbiblit ; la coï\noUhf)c.L dtfi devoirs fut négligée ; Pmobferviition des loix s'enfuivit : dès-lors la murine déchut & tomba dans l'abbaifTement où nous Pavons vue. C'eft alors que com- mencèrent à s'élever ces difcutions «u^ paravant inconnues I éc au'on peut re- garder comme le germe ae tout ce que nous avons eu depuis. Si les règles du fervice, fi altérées à beaucoup d'égards, n'ont pas été abfolument détruites , on le doit à la bonté de fa conftitution , & à la folidité de fon établiilement. Mais que peut-on attepdre d'une ma- chine , quelque bien compofée qu'el- le foie » lorfque tous les refforts ne fe meuvent plus que forcement f Journel- lement quelqu'un fe détraque. Si on J'abandonne à elle^mênie , il arrive un temps auquel la machine ne va plus ; 6c n on la racommode mal 5 ces pièces fnal rajuftées forment enfin , par fùc- teflîon de temps , un tout qm n'a plus que la reffemblance de ce qu'il a été , Ivj [2041 & devîeiit incapable de produire le^ mêmes eflkts. La marine fèroit expofée- k un pareil fon> fi les membres qui la compoient, loin de réunir leurs foins > leurs talens & leur zélé pour travail- ler i là gloire 9 cherch<ûent , par des difcutions mal entendues, à ie ravir mutuellement les moyens de bien faire. Le récabliâement d'un ordre exacSt ^Uns toutes les parties % eft un ouvrage digne du grand miniflre qui lesgou^ Tcme. U lui donne des foins dont les fiiccès ont déjà dequoi le flauer; & fon lare génie nous fût efpérer que le brit- hnt que lamarine acquerra fous fbn ad» •miniûration , fera capable d'e&cer les «finmdes idées que nous avons confer- véesdu dernier fiécle. Je m'apperçois., monfieur, que cette digreffion eft loiv- gue ; pardonnez-la au zélé qui Pa die- -téej U n'eft pas aifé de le contenir, quand on eft aufii bon patriote que je le fuis« Je réprends la révifion du Ih belle. Le Ubellifte dît que le corps de la > plume fiit-^ diminué du temps de M. du Gué Trouin , fur les repréfentatioos , de ce général : il refte à lui deoiaDder ^ ciiZz puift ce fait , quî devroît n'ê- tre ignoré dq perfonne » & cependant n'efi fçû que de lui. Il taxe d'innovations les règles pref- crites pour les avancemens des gens de mer : régies établies de tout temps » & fuivies avec la dernière exaôitude. Il fe plaint que,par le vice de la conC- titutîon delà marine^ les officiers ne font point veillés par perfonne de leur corps & font hors d'état de s'inftruîr re. S'il a voit lu les ordonnances, il auroit vu qu'il eft prefcrit aux lieute- nans & enfeignes d'afTifter à des éco- les , qui doivent être établies dans cha- H que porj, pour Pinftrudîon de ceux ^ qui en ont befoin , entretenir & amé- liorer les connoiflances de ceux qui en ont déjà acquis. Quelque nouvelle or- donnance a-t'elle détruit celle quipref- cri voit cet établiffement ? Non fans doute. Pourquoi donc s'en prendre à la conftitution , l\ on ne fait pas tout ce qu'elle a dît de faire. Je ne fînirois paSjfi je vous détailIoî$ toutes ks rapfoaies dont cet écrit eft plein. J'en oublie beaucoup. Vous pou- vez juger de ce que j'omets >par ce que je rapporte, Quoîqu'en général tout ce qui eft officîer de plume 9 ne foit nul- lement ménagé , perfonne n'y eft plut maltraité que les premiers commis : il commence par faire foupçonner leur fidélité dès fon épître dèdicatoire» dans laquelle il dit que leurs intérêts n'étant pas les mêmes que ceux de l'é- tat & du minîftre , ils lui dérobent les connoîflafices utiles au gouvernement, mais qui pourroient leur être perfonel- lement contraires. Les inveâives aug- mentent bientôt progreflivement , & font répandues dans tout l'écrit avec les expreflîons les plus odieufes. Voilà, Monfieur, à peu près, le ca- nevas delà première partie de cet ou- vrage. Avant de le lire,& fur ce qu'on m'en avoir dit , j'étois porté à l'attri- buer avec tout le public a quelque offi- cier de la marine , livré à des préjugés faux , ic de mauvaife humeur contre un corps depuis longtemps en butte aux traits d'une envie déplacée 3 qui ne fe foutîent que par Tappllcation 9 la droiture , & l'intelligence de fes mem- bres , & l'utilité des fonftions qu'ils exercent. Mais dès que j'ai eu un peu «fléchi fur le plan de cet ouvrage; & le deffeîn qui peut avoir porté fbn auteur à le mettre au jour , j'ai changé d'idée. Je fuis perfuadé que ce n'eft point un officier de la ma- rine : vous conviendrez furement avec moi qu'il n'en eft aucun auquel un li- belle fî fcandaleux peut appartenir, & qu'on nefçauroit l'attribuer qu'à la na- tion jaloufe de notre grandeur, qui de tont temps a voulu, détruire notre ma^» rine : l'accroiffement qu'elle lui voit prendre l'inquiète ; il n'eft aucun moyen qu'elle ne voulût prendre pour l'arrêter. Quelqu'un de les membres, ' plus éclairé que bien d'autres , aura cru rendre un grand fervîce à fes com-. patriotes ^ en travaillant à divifer deux corps , dont l'union & l'intelligence doivent faire la force de la marine de France , & l'ont faite en effet dans des temps plus heureux que les nôtres. Cet Anglois n'a point fi mal raifonné. Je me fçais gré , fi la découverte que j'aî fait de fon projet, lui en enlève le fruit. Son unique objet étant défaire mépri- fer la conftitution de notre marine, dont la bonté le choque fans doute. l fl l'attaque dîre6lement^ pour lui por- ter plus furement atteinte 9 il fait tout ce qu'il peut pour donner i penfer qu'il tient à la marine 9 imaginant apparem- ment donner par là plus de créait à fon ton dogmatique. En effet , jam^ étran- ger n'a mieux imité le ton , la voix & es manières d'un national : c'eft en quoi confifte tout l'art de cette brochu- re. Mais l'ennemi de l'état fe décèle bientôt, l'Anglois paré de quelques dé- pouilles de François,fe montre à décou- vert; fbn ignorance des princioes qui conftituent notre monarchie , eu mani- fefte. On voit l'Anglois accoutumé à un gouvernement bien différent du no- tre 9 qui eft libre, qui veut l'être, & méfufe fouvent de fa liberté , pour fai- re la loi à fes maîtres. Cet efprit d'în- dcpendance , règne dans tout le cours du libelle. Comment méconnoître l'ef- prit Anglican ? J'ai delà peine à croi- re qu'il aît échappé à l'intelligence de tous ceux qui 1 ont lu avant moi. Je n'ai fait part à pcrfonne de mon idée j faî voulu commencer par vous la com-^ munîquer : mais je fuis perfuadé que dès jG^u'elle fera mi& à jour , chacun dir» ^ j a a raîfon; c'eft un Angloîs j je le vois; je le reconnois : & quel autre pourroit^ ce être? Un François fçaît que 9 fuivant la conftitution de nôtre monarchie » le Monarque ne confie toute fon autori- té à aucun de fès fujets. En Turquie* un fimple Cadî eft auflî defoote dans fa partie que le Sultan fur fon trône. Mais en France dont le Souverain f père de fes peuples , fe foumet lui mê- me aux loîx qu'il a établies,le fujet n'ad- mîniftre jamais qu'une portion de Pau- torité du maître. Dans tous lesfervî- ces de terre ou de mer , dans toutes les cours de jaffice , Tautorité eft partagée entre un commandant & un intendant, un premier préfident & un procureur général. Un Fraçois concevroit que,(i les intendans font utiles dans les difFc- rentes panies d'adminiftratîon de l'é- tat , le fervîce de la marine étant plus compliqué qu'aucun autre , des Inten- dans & des fubftituts d'intendans lui font abfolument néceffaîres. Il eft înoui qu'on ait écrit des libelles diflfk- matoîres, pour prouver l'inutilité des intendans d'armées & des commiflaireg -4?- - »' . -ij 3cs guerres. Un François oferoît-î! feire la loi à fon maître comme ce lî- bellifte f Car n'eft-ce pas faire la loi j Î|ue de reprocher effrontément à fon ouverain qu'il méconnoît fes intérêts , en entretenant à fon fervice des gens tion-feulement inutiles , mais qui ne font occupés d'autre foin que de le piller j qu'il fe laiflè tromper par fes mîniftres ; &que ces miniftres inattentifs à leur ad- minidration, l'abandonnent à des com- mis qui la gèrent fuivant leur intérêt ? jQuand la certitude d'être toujours in- connu aflureroit l'impunité d'un oubli fi formel de ce qu'on doit à fon fou- veraîh , entre-t'il dans Pefprit d'un François de le refpefter fi peu? En eft- îl un qui ne repouffât au loin cette idée f Aurions - nous oublié que le trône de nos Rois , & tout ce qui l'en- vironne, eft un temple où le François facrifie ; que fon amour pour fon maî- tre , & fa fouroiflîon à fes volontés » fait la plus grande force de fes états ? Un écrit public, tendante vouloir, par des infinuations captieufes , infinuer du mépris & des défiances pour les perfonnes aufquelles le Roi confie fon ... . r^"!i àdmînîibratîon , ne peut donc pas être l'ouvrage d'un François. Si , dans le fervice des armées de terre , on ne voit pas des grades in- férieurs à celui de commiffaire des guer- res , la raîfon en eft fimple. La pré- paration d'une armée de mer , exige bien d'autres détails , que celle d'une armée de terre. Il faut faire des vaif- feaux, les agréer, les munir, les ar- mer. Pour peu qu'on ait de connoif- fance des fetvices de la marine & de terre , on fent la différence. Indé- pendamment de la préparation des matériaux , qui occupe , dans chaque port , un arcenal confidérable , fuppo- fons les armées munies de tout , & prêtes à exécuter : celles de terre font toujours dans des pays peuplés d'ha- bitans , où l'on trouve des intendans & des adminiftrateurs locaux de tour te efpéce , prêts à pourvoir à tous leurs befoins ; par tout on trouve des des notaires , des greffiers & autres gens publics, dont le minîftcre eft în- difpenfable. Mais un vaîfleau ifolé , oui devient dèsJors une ville , un fort , ou tout ce qu'on voudra fup- pofer ; tfouvcra-t'il en pleine mer cïei notaires pour recevoir des teftamens ; des greffiers pour conftater les con- fommations que nnconftance des éle* mens & les befoins journaliers doi- vent occafionner ? Ce peuple de ma- rins* fera-t'il privé des furetés dans les aâes civils dont jouiiTent les autres hommes ? Le Roi lui-même fe prive- ra- t'il d'un homme qui veille fur l'é- conomie de fes effets , & qui en em- pêche la diflîpation & la dépradation ? o'il en établit un, quel que foît le titre xju'il lui donne , ce fera toujours un écrivain» un notaire, un greffier, tin homme de confiance : il ne peut pas y avoir fur chaque' vaîfleau un corn- milïaire : Pétabliffement des grades in- férieurs à celui .de commiffaire eft donc utile, puifqu'il eft nécefTaire d'avoir fur chaque bâtiment une pèrfonne qui foit chargée du civil , des finances , & de l'économie des effets du Roi. Propofer d'abolir un érat auffi utile , c'eft vouloir mettre le trouble & la confufîon dans le fervice , & dans la focîété : mais c^eftprécîfementce qu'un Anglois défire. Un François a -t'il Jamais Ole le penler , & fur tout un François marin ? Vous penferez peut- être que» comme les hommes (ont capables de tout , il n'eft pas impof* fible que la paillon , la colère , & la déraifon ayent rais dans la tête d'un officier François le plan d'un écrit auffî odieux , que l'on a plus d'un exem-3 pie de gens remplis de feux préjugés i dont l'imagination écbauflKe a vu les objets très-différents de ce qu'ils pa-» roiffent aux autres : à la rigueur cela çftpoffible, j'en conviens; mais bien difficile à croire d'un homme de con- dition , comme le font tous les offi-] ciers de la marine , qui ne reçoivent; çn entrant dans le fervice, que de bons exemples , qui n'adoptent que de bons . principes > qui acquièrent un efprîc de modération, d'humanité, de dou- ceur dans la fociété , & aufquels on ne peut reprocher ni fierté , ni hau- reur. Comment croyez - vous qu'ua corps compofé de gens de ce carac- tère, traitât im fujet turbulent, au- dacieux, menteur, calomniateur, im-, pudent & brouiljlon ? ( Car fi c'étoît yn François , toutes ces qualification| [214] lui feroient dues, ) Croyez- vous qu'an corps auffi refpeàable fouf&ît un inf- tant un pareil monftre f II le regar-- deroic comme un chien enragé qu'on fmt , & dont on eft empreffé de fe -défaire : mais ce corps bien afluré de la réferve des membres qui le comr pofent 9 ne fonge pas même à en Jufpeâer aucun ; il paroit étoané du livre 9 & ne fçait à qui Pattribuer : peut-être penfe*-t'il comme moi , que ç'eft le réfultat de quelque comité Anglican ; & il en gémit fans doute. Quelques jeunes gens, il eft vrai, s'arr tachent cette brochure; elle eft lue continuellement par quelqu'un. Tour tes les nouvautés amulent laJeuneiTe ; fur tout les nouveautés ailaifonnées de médiiànce & de calomnie. Quel eft le jeune homme qui ne fe plaît pas à entendre raconter, furie compte d'une hoxmête femme, des hiftoires fcandaleufes quoiqu'apocriphesf Un ro^ man plait , bien qu'on fçache que ce qu'il contient n'eft pas vrai. Pour-* 3uoi des jeunes gens ne s'amuferoient^ , s pas de calomnies débitées contre 4$s perfqanes qui iont établies par état r. pour gêner & furveiller ; fonctions ped propres à fe faire aimer. Il faut efipé-. rer que le venin Anglican ne proauî-: ra aucun effet , & que les gens fenfés i au moins , fentiront & démontreront le ridicule d'un libelle donné avec fi| peu d'art & de ménagement. Le libellifte, pour trouver occa-^ fîon d'attaquer la probité d'un inten-^ dant des Colonies , inftigue deux ca-3 pitaines devaiffeau, recommandable^ ar leur mérite & leur naiffance j il es dépeint comme ayant participé au profit des malverfations faites par cet intendant : il a cru appparemment donner par là plus de poids à foti anecdote ; la réputation de ces troîs officiers a-t'elle quelque chofe à crain-* dre d'une pareille imputation ? Le pu- blic , qui connoît leur probité, fe laifle^ ra-t'il féduire par la malignité d'un ennemi de l'état 9 8c peut-on jamais s'imaginer qu'un officier de la marine voulut en dénigrer deux autres de £bn corps , faits pour parvenir aux pre3 mieres places , pour le feul plaifir de calomnier un intendant qu'il ne con** çoîtfoit peut-être pas , & g[ui ne liy Ig ftçementf rien fait l [21(51 Le lîbellîfte fc plaint de ce que la charge de vicc-amîral a été rendue au corps de la marine : il fuppofe que c'eft un eflFet de la politique du mi- niftre, qui, n'ayant pour objet que d'accroître fon autorité fur les mili- taires , a voulu écarter de cette pla- en difant que > dans les combats » ils font, par état^ au fond de cale. Quelle pufiUanimîté ! Un corn- miifairejexpofe au plus grand feu fur le Gaillardyà côté du général^n'a pas plus . de mérite à s'y tenir , qu'un lîeute- Dant,dan$ l'entrepont , à l'abri d'un rempart de bois de deux pied d'épaîf- leur , & un écrivain , à la foute aux Î poudres : chacun d'eux eft à fa place ; e défir de faire parade de bravoure feroît déplacé f u , pour le fatisfàire on quittoit le pofte que le Roi a aflî^ gné. Toutes fondions font honorables ILPmh. ^ [2l8] k foB fervice ; la véritable gloire eft de )çs bien remplir. Après avoir traité » avec une igno ramce ignoble , de la manutention des Twvres 9 de Partillerie 9 & de quelques autres parties du fervice d'un arce- jïuXy il croit démontarer que l'admis niftration Àe toutes ces chofès doit è^e confiëe à ceux-là feuls qui ^1 font ii&ge« Dans quel état policé trouve* ra-t'U un exemple pour étayer le pa- radoxe qu*ï avance f Les graves £(^ ^gnols ont tort 9 ûms doute 9 d'avoir • pris notre marine pour modèle» non celle d'apréfent, mais celle de léSp^- & d'avcHr copié toutes nos ordonnan- ces 9 fur lefquelles ils ont inéme ren- diéri 9 toujours fur le même plan Se' dans le même eforit. Qu'il interroge les HoUandois 9 les Danois 9 les Ita- liens 9 les Suédois , les Turcs , les Barbarefques^ les Chinois même ; qu'il leur demande de déclarer leurs u£h- ges ; il verra fi aucun de ces peuples s'eft avifé de fe gouverner d une fa- çon qui reflfemble en rien à celle qu'S pto|K>fe« S faut coBvemr çepen()ainf .^t»' ifit rien n'eu plus conunoae que ft méthode : avec quelques officiers , & beaucoup de foldsts , il fait tout ce qu'il veut; il leur donnejfur le champ, par une certaine vertu magique,la fcien- cc infufc. Des gens de condition ^ qui , par conféquent , ont de l'éduca^ don, vont tout l^avôir, dès qu'ils de-: viendront officiers , pourvu qu'ils li-i fent un livre de 200 pages , qui né dit rien, qui cft plein d'abfurdités » de menfonges & de calomnies , Se qiu cependant leur tiendra lieu de tout. Da bonne foi , -monfieur , quelqu'un pen- féra-t'il encore qu'un pareil ouvrage ah pour auteur un officier de la maf, rine ? C'eft ft mocquer ; cela n'eft pas poflîble : c*^ un Anglois , Se un An-, slois-fanatique, auquel le délïi dê'-faîrè du laA i la France a plus que démena t'iuW la cervelle. - Twit que le Kbellifte ne s'occupe kpi'.iit dkedumal d'autrui, fon ignoran-; ce fe fattvejpàr foîs,à l'ombre de fa mê- «liancètéj.maisdès qu'il s'avjfe de s'é-: ligerén nouvéaulégiflateur, cUeeclate ■^ans tout foa jour* Il eft furprenanf Kij qu^lll Afiglois parle fi peu pertînem- fneDt de tout ce qui a rapport à la ma- rine ; & il ne le f^roit pas moins , fi c'é« ^it un François marin. On ne lui voit |>as la moindre idée jufie de la manu- tention d'un arcenal ; il ne connoît ni l'ordre à obfèrver dans l'économie des fonds 9 nilapolîceétabBe» pour qu'une infinité départies différentes ièiéum& fent en un tout avec clarté & précifion : il femble » félon lui 9 aue rien n'eft fi aifé que de conftniire des vaiflêaux, les radouber 9 les munir d'équipages ^ d'ar- ^erie^ d'agrès & dç yivrçs j appro- xrifionner des magafins d'une infinité de matières de toute iorte, en connoître )a qualité 1 iça voir comment elles doi« ^rent être employées & économifées ; conduire & gouverner un nombre illi^ inité d'puyriçrs de toute efpèce $ ap-^ précier leurs talens & leur capacité ; tbigner des malades ; diriger des chiour- ines ; empêcher & prévenir les diffipa^: ^ons & les fraudes ; tenir des comptes 5iç tout» dreflèr des états 9 avoir de j'ordre; fçavoir ce qu'exige l'autorité ^oyalç, 4c l?P?«4«?^^fwW gén^ L [22 iT raux > pour éviter tout abus &c. On diroit , à l'entendre i que Tacquifitioii de toutes connoifiGinces » eft Pouvrage d'un infiant. Des jeunes gens de quinte à feize ans > tous gentilshommes ( car c'eft le principal article ) fe formeront dans les écoles au fervice général de la marine i ils étudieront ce beau livre j dès qu'ils l'auront appris » ils pourront devenir enfeignes> lieutenans» capi- taines , officiers généraux ; dès le pre- mier grade, ils feront en état d'aami-' niffarer toutes les parties de fervice d'un arcenal , pourvu qu'ils ayent fous leurs ordres , des fergens > des caporaux > & des foldats prêts à le mouvoir» & tou« jours armés (car c'eft au£ï un article eilèntiel )• Ces ordonnances » qui ont Il fàgement divifé & répani les fonc- tions d'un fervV:e compliqué , font des . rapfbdies: Un homme de condition a toujours l'efprit affez étendu pour em- braffer toutes les parties. Si je pouvois penfer que ce paradoxe eût pour auteur un officier de la marine , je lui deman- derols pourquoi ( ainfi qu'il le dit lui* même ) les gardes de la marine en gér. Kiij -^Ur ténl, fbrtefit des écoles fi peu infimîts, qncâqu'Hs n ayent à apprendre qu'une partie de ce qu'ils fetoient obligés tie fçavoîr. On ann»ttort de Patcribuer aux dfficiers qui les commandent; tout . le monde rend lajuftice qui eft due aux foms qu'ils £e donnent pour leur inf- truâion 9 & je pourroîs dire à la tendre foUîcitude avec hquelle ils Rattachent, à tes former. Si la grande partie d'un corps , qui n'a à apprendre que la ma^ nœuvre , la navigadon & la taâique > l'étudié peu , ou ne l'étudîc que lorf- ^eb honte de ne rien fçavoir l'y obli- ge , c'eft-à-dire , lorfque l'âge des inf- truâions eftpafic; encore moins doit- on attendre de lui , qu'il fe perfeétionne dans ces parties du fervice de la marine» qui font la fcience du militaire , s'il eft obligé d'apprendre mille détails & mille opérations étrangères à ces principaux «voirs : il fe formera dans les têtes un cahos d'idées;Pune eflfàcera les impret fions de l'autre ; obligé de fçavoir un peu de tout , on ne fçaura rien. Le ré- îttltat fera , qu'il n'y aura que des offi- ciers mauvais 9 peu de médiocreis ^ & point de parfaits,^ l'exception de quek ques génies tranfcendassjde ces efprit^ d'une fup^rioritë unique , qui femblenj donnés dans chaque lïécle , pour mo' dérer l'amourpropre du refte des honi'.- mes ; mais don: la nature eft avare. Le Kbellifte ayant peut-être prévu ces objeilions naturelks à fon abfurda paradoxe , veut prévenir le reprochei mérité par la jeunefle , fur fon peu d'apr plication à l'étude: ne pouvant s'emc pêcher de fentîr que c'eft dans les ar- ccnaux qu'on acquiert des connoiffanr- ces, il tâche dTnlinuer que la manière j dont le mîHraire y eft reçu , le dégoûte d'aller y chercher des inftruitions. A. l'entendre, dès qu'un militaire paroît^ un voile épais le répand fur tous le^ chantiers ; les portes des bureaux foiç barrées ; les livres des fcîences fe fer- ment : il faut, fans contredit , que le tout fe falfe par enchantement ; jufqu'à ce moment, perfonne ne s'en eft ap- .perçu ; & il eu inouï qu'un oificier ait effuyé , non un refus, mais la moindrp difficulté , lorfque le déiîr de s'inftruire l'a porté à chercher la leâure d'unf; Kiv ordonnance. Mais , quels font donc ces gens qui gèrent l'intérieur des arce- fiaux f On dit qu'ik cachent aux nùli-^ taîres une partie de la fcîence qu'ils devroient acquérir ; s'ils la cachent $ ils la poffédent donc : pourquoi les ta- xer d'ignorance , & vouloir les dîflS- mer ? le feul défir de devenir habile $ doit faire cultiver leur amitié. Celui qui penfe bien , & qui n'eft excité que par le zèle d'apprendre , s'âdreffe in- •différemment à toute perfonne qui peut i'înftruire. Mais fi l'horreur de la fré- <}uentatîon des officiers de plume , eft fi înfurmontable,qui empêche un mili- taire , fans avoir recours à eux , de fré- quenter journellement un arcenal,& de profiter des leçons des maîtres de toute cfpéce f La différence d'état le mettra plus à l'aife ; il fera affuré d'une répon- fe refpeâueufe , & ne craindra pas de rivalité. A Dieu ne plaife, qu'imitant un diffamateur, je veuille accufer d'i-^ gnorance un corps entier ; je fuis très* éloigné de le penfer j les grands offi- ciers qui font a la tête de la marine j ont une réputation faite, & que jeref- pecle trop pofir ofer l'attaquer : je con- noisiiombre de fubalternes très-apptî* (jués i mais tout le monde fçait que la plus grande partie fe néglige,& je con- clusjdecequeje viens de dire,que,fi les jeunes geDs,en général, étudioient leurs devoirs , comme font quelques-uns » ï'efpritduFrançois.cultivé par l'étude, nous mettroît en droit d'attendre les plus grandes chofes de notre manne. Cette réflexion n'a point échappé k l'Anglois , auteur du libelle; il ne pou- voît mieux fervir fa nation , qu'en cher- chant à énerver l'efprit de notre ma- rine, fur moyen d'en diminuer la forceî pour y parvenir , il a imaginé de per-; iuader au militaire , par fon écrit iedi- tîeux , que la police des arcenaux , & le maniement des fonds > ibnt un do- maine qui lui a été ufurpéj il tâche de lui inlpirer l'envie d'y rentrer , &c d'en chaflèr les ufurpateurs; il leur préfente, pour cela , un pian de conflimtion , qui, s'il n'a pas l'ombre du fens commun, cil au moins très.-propre à divîfer les efprits ) àfemer la difcorde , & détruire Wu:monie qui doit régner entre les Kv I t22CJ éeax corps. Ce fanatique propofê^ ic conduire l'immeniè fabrique d'uirar^* cenal , avec quatre capitames , fept ou. huit lieutenans , & une douzaine d'en*-^ ieigneS) qui, devant rouler de trois ei> trois ans/ en fortiroient au moment qu'ils commenceroient peut-être d*y entendre quelque chofe ; il veut tout feire avec des foldats. Il oublie iàns doute que 9 plus haut > il s'tft plaint di| defpotifme des majors , & de l'indifci-* pline des foldats' des compagnies fran-- ches : s'il n'a pas dit plus , les leâeurs n'en ont pas moins penfé. Il veut faire gouverner , avec une facilité admira-> blc) un arcetial de marine» par ceux qui ne peuvent parvenir à morîginer quelques foldatsj qui ne s'entendent pas encore fur les plus fimples faits de pdice ; qui difcutcnt depuis foixante sffis j pourfçavoir fi elleell dévolue ai> capitaine ou au major ; 8c qui plaident entr'eux, à ce fujet, depuis la création; des compagnies» fans qu'aucun arbitre ait pu régler leurs diflferens. Que le libellifte «ccorde ces deux états , & s'accorde avec lui-même , avant de s^ riger en légiflateur univerfeU x [1227} Pour prévenir ks vols Scies ié^ré^ dations dans les arcènaux , cet hebile homme îmagîne d'y introduire 3000 garnemens, dont les conip?^ies fran- ches font compôfées, & de les futfiî- tuer à JO ou 60 vieux officiers mari- niers , ou officiers foldats invalides , dont la fidélité eft éprouvée dès longr temps , auxquels une longue expérience a appris tout ce qu'il faut ftîre pour Iç foin & la confervation des vaifleauy ), & qui ont mérité, par des fervices fou- Vent diftingués i ces places , qu'on di- roit faites exprès pour eux. Le projet eft beau , de donner entrée dans un ar- cenal à 3000 voleurs , pour en chaffer 60 honnêtes gens,furveillés de fi près f malgré la confiance due à leur fidélité f qu'on ne laîfle pas de faire fubîr les der- nières peines à ceux qui font furpris en prévarication. Le libellifte , perfuadé que toute perfonnc chargée d'une admbîflratîoR, doit malverfer , dit qu'il ne croît pa^ obvier à tous les abus , en rem^ettanj: les arcènaux au foin du militaire. Maif U avance ^ comme un argument a jmv: ^->: : jia.ss i [228] rable, qu'en réformant le corps de la plume en entier , il y aura toujours yoo voleurs de moins : (i penfant auiC mal ue cet écrivain , j*ofois répondre à on mauvais argument 9 par un qui ne valût pas mieux , je dirois , en adop- tant fon idée , & en me fcrvant de (es propres expreflîons , que fripons pour fripons , il eft toujours plus avanta- freux au fuccès des affaires , qu'elles oient dirigées par des fripons intelli- gens, que par des fripons ignorans. Maïs , pour reconnoître la faufleté du fyftême qu'il établit, il fuffit de conce- voir qu'il fuît , de l'ordre naturel des chofes, que toute perfonne chargée d'une adminlflrarion, &parconfequent celles qui font choîfies pour gérer les fonds èc les matériaux de la marine , syent pour principe de leur état, la {)robité , coninie le militaire doit avoir a bravoure : pour peu qu'on ait l'intel- ligence des aîverfes parties qui con- courent à former l^ordre de la fociété , x)n fentira la vérité de cette propofi- tîon. Que je me fjaîs gré, monfieuri 9'avotr décelé le perfide deiTeln cfé cet Ânglois ! Je ne puis réfléchir faM horreur^ aux fuites funeftes d'un pa« reil écrit ; les gens fenfés font 9 uins contredit , à l'abri d'une fédudion fi grolliere i mais les plus nouveaux offi- ciers font deftinés à commander un jour. Qu'il feroit malheureux, fi des jeunes gens adoptoient , pour premiers principes de leur profefuon , des mé- fiances, des foupçons, & de Pombrage fur les perfonnes chargées de l'admi- siftration, avec lefquelles ils auront un continuel rapport 9 & un gali- mathias de fyfi^me 9 au lieu des fages loix dont , dès-lors, ils s'interdi- roient la connoiffance! Quand une tête de 1 8 ans feroit farcie de ces miféra- blés préjugés, quel feroit l'homme aflez^ perfuafif pour les détruire f De- là , que de procédés inconféquens , 9c que d'altercations défagréables , lori^ que les uns, in^bus dé mille chimères, prendroient , pour régies > des fottîfes iyftématiques, & les autres voudroient luivre les loîx diâées par l'autorité Koyale & la fagefle humaine. Croyez-* vous (jué toutes ces rënexions cof' fent échappé » à la foîs , à Pefprit d'un François r & qu'il eût p(i s*en trouver un > aflez ^ennemi de la patrie y pour étouffer les fentimens que fbn amour infplre au plus indifférent de fes enfans » 1^ la feule envie de mettre au four un miférable libelle , fait pour couvrir de honte fon auteur ? Non , on ne me le perfuadera jamais j il faudroit être V plus ennemi de- l'état, que PAngloîs qui Pa compofé. Je ne vous détaillerai point aujour- d'hui le plan de ce nouveau & ridi- cule fyftême de conftitution » qui fait la féconde partie du libelle ; vous m'obligeriez même de m'en difpen» fer, cependant, pour peu que vous le défirîez , j'en terai le fujct de ma première lettre. Je fitûs cclk-ci, beau- coup trop longue , en vous affurant que. je fuis , &c. £è ro Mars tyS€. l^ee^îfquam noceat cufîdo mîhîpacîs : atïïWi ^' J ■i ESSAI Sim L^ NECESSITE'. éC furies moyens diruUmnifer ks propriétaires êC les intéref^ Jes dansées navires François ^ pris par Us Anglais , éC retenus induement dans les états de Set M. Britannique s SC ai^ de procurer à la France un grand nombre def régates ^propres pont la courfe^ ic pour protéger là navigation de nos vaijfeauif, marcÂands. r« A gpuerre eft > fans contredîc , un des , inconvéniens auxquels le commerce e(l expoféj mais des pîrateiies de là part d'une puiffance chrétienne , n*oi}t jamais été comptées au nombre dei rifques que Iç négociant court paf fcn état ; furtout lorfque ces pira- teries font exercées penaant pIuueiKl ^^ taioîs de fuite 9 fans la moindre oppod* tion du côté de la nation , à qui. ap- Çartiennent les négocians opprimés* Fne fagefie fupérieure a femblé fer- mer y pour un temps , les yeux fur ces déprédations ; mais l'intention du plus |uue. & du meilleur des Rois , n'a point été de rendre victimes d'une i politique d'état^ des citoyens inno- à cens> qui, à l'ombre de fa puiifan- ce , répandent , par leurs travaux affi- dus > l'aifance dans toutes les parties de l'état« SaMajeÂé s'eft expliquée à ce fujet » d'une manière pofitive , dans la réquifition faite au roi d'An-: gleterre. Nos navires ont été arrêtés 8c con- duits en Angleterre , au mépris du droit des gens , « de la foi des traités > a» des ufages établis parmi les nations 8» policées > & des égards qu'elles fe » doivent réciproquement. En conféquence. Sa- Majefté dé- clare , « qu'elle manqueroit à ce qu'elle 89 doit à fa propre gloire, à la dignité ^ 9» de fa couronne, & à la diftnft de ^ jk$ ptufUi iîi elle diftérqitpius long- k teinps /d'exiger du roi de laGran-' > de-Bretagne > une réparation écla- . ■ tanie de l'outrage fait au pavillon > François, & dts domma^ caufisaux i>fujtts du Roi, Il eft donc décidé, & par le fou- verain lui-même , qu'il eft dû un dé- dommagement aux commerçans , dont les navires ont été arrêtés psr lesAn- • flois : ceux-ci le doivent , & leur déni e juflice ne détruit pas le droit con- tr'eux , ni celui qui eft acquis aux com- merçans Fraiiçois. Tôt ou tard , le Roi fçaura faite valoir le droit des rations contre les Anglois ; mais , en attendant, il eft de lafouveraine équi- té détendre au commerce, la valeur de ce qui lui a été fi injufteroent en- levé. On ne doit pas confondre le fort des commerçans, qui, dans une guerre déclarée, perdent une partie de leurs fonunes, Qu'ils ont bien voulu rifquer, avec celui qu'éprouve aujourd'iiui tout le commerce de France , contre la foi des traités. Dans le premier cas, oo doit pro- tefllon aux commerçans > mais noa pas des dédommagemens : dans le fé- cond cas , la juftice yeut qu'on les dé- dommage.; & la faine politique 9 qu'on les venge , pour empêcher à l'avenir • de pareils brigandages. Par-là, on ré- tablira la fureté & la confiance dans le commerce j fans quoi , nos négo- cîans ne fe livreront à la navigation , qu'avec une extrême timidité , même en pleine paix. Dans de pareilles circonflances , la nation pourroit-elle refufer de parta- ger la perte de notre commerce , fi elle le peut faire fans s'appauvrir ?^ A cette raifon d'équité, s'en joint une autre de confidcration pour les vrais citoyens. - Chez tous les peuples de l'Euro- - pe , le commerce eft devenu un ob- jet de la première confidératîon , dans leur gouvernement. Utile à tous les citoyens , il eft néceffaire à l'état : il en efl le nerf. Nous fommes donc tous ^ întérefîes à foutenir le nôtre ,"" dans la déplorable fituation où l'a réduit un peuple jaloux des avantages qu'il nous procure» 1 r. . , 1^3!?, . ■ L'agriculture y en la première in- téreflee. Sa connesît^ avec le com- merce, eft intime: celle-là fournit les matières que celui-ci met en œuvre. Sommes-nous dans l'abondance? c'eft le commerce qui employé le fuperflu de nos récoltes , qui leur donne une valeur: parlui, le cultivateur fe trouve récompenfé du fruit de fon travail : c'eft par fon moyen que le proprié- taire groflït fts revenus. Sommes- nous dans h difette? il adoucit nos maux. Mais nous ne les éprouverions pas,ces temps de difette , fi on pouvoit re- venir, en France, à nos anciens prin- cipes fur l'agriculture, & au temps ou il étoit permis à tous les fujets du Roi t de faire le commerce des grains , & de les envoyer à l'étran- ger) temps auquel nous en fourpiffions aux Angîois , qui nous en approvifion- nent conftammcnt, depuis que, chan-' géant de principe , on a défendu & gêné la fortie & le commerce des grains , tandis que chez eux , ils ont encouragé & excité l'un & l'autre, TUt pourrons-nous point nous défaire 9es préjugés qui nous reftent k cet égara 9 & que l'auteur de l'eiTai fur la police générale des grains , a fi biei^ combattus f Qu on rompe les liens & les entraves , dans lefquels gémit le cultivateur , qu'on rende fon état dé- firable & bonncte ; bientôt nous nous verrons afiranchis du tribut que nous payons aux étrangers. Nous pourrions les rendre eux-mêmes nos tributaires y fi nous voulions donner à notre com- merce & à notre navigation , Pexten- Con dont ils font fufceptibles. Nos terres doivent la majeure par- tie de la valeur qu'elles ont mainte- nant » aux manufaâures établies & en- couragées en France, fous ce régne. Elles doubleroîent bientôt de prix , fi Tagriculture & le commerce étoient cultivés autant qu'ils méritent de l'être. Les propriétaires , c'eft- à-dire , les riches 9 font donc bien intéreffés à fa* vorifer Tagriculture , & à foutenir no- tre commerce & notre navigation^ Sans commerce, fans navigation , point de débouché , l'agriculture languit. Relevez le commerce Se la navigation la terre s'empreiTe de iervlr l'un S l'autre : fon fuperflu iè convertit en or , & (es produâions fe multiplient 0ms ceflê. 1 Le fort des finances du Roi eft néceiTairement attaché à la bonne Se à la mauvaife fortune du commerce; Dans la mauvaife, tout décline , touc fouf&e 5 le pauvre ne confomme plus; Paîfé fe refferre j le riche mal payé ,' eft forcé de diminuer fa dépenfe ; der là, une perception lente , difficile; dure pour le peuple , que la moindre impoution plonge dans une extrême jnileret - Dans la bonne fortune 9 au con^ traire , tout renaît , tout prend vigueur; le commerce fournit le néceffaix^ auic pauvres ; il augmente nos aiiances; il multiplie Populence des riches; bien- tôt , .toutes les parties de la finance éprouvent les ewts «de cet faeureui( xhangement, . - Les traites f par une plus gfande importation &' exportation des main pat [2383 •ne confommation vive & utUe.\ Le domaine i par un mouvement & ides circulations avantigeufes. Les tailles , la capitatioh & le vîng-» déme , par une perception plus aiféej & fujette à moins de non-yaleurs. S'il eft vrai 9 comme on c'en fçau- toit douter , que Je commerce Xoit Pa-f^ me de^l'étftt , toute propolition , qui tend à conferver & à encourager le nôtre, doit flatter une nation revenue 4es faux préjugés , qui l'ont captivée • fi long-temps. ; On commence à :ne plus rougir de Pétat de commerçant. Les nobles > & iurcout ceux x^m font les meubles , &c. Tous ces articles 9 au befoin , peuvent fuppor-^ ter des droits , pourvu que Pexpor- tation à l'étranger foit refpeâée» Les foyes venant de l'étranger; peuvent encore aider , en rendant à la fonîe de nos cto&s » le droit perçu à l'entrée fur la matière première. Dans jine circonilance 9 telle que celle-ci » feroit - cç un mal d^établir , pour un temps Iknité 9 un droit fur les domelr tiques & fur les cardlfes ? cette charge» me tombanic que fur les riches & fur les aifés, feroit à peine fenfible; fur- tQUt en arrangeant la perception du ^roit 9 1& manière que le citoyen , qui ti'a qu'un caroffe & peu de domcîn-: > ques , payât beaucoup moins , à pro- ^portion que celui qui dent un grand état de maifbn, A la bonne heure y fi l'établiffemcnt de ce droit dimînuoîti^ 'dans nos villes > le nombre des domef-. tiques Se des caroiTes » nos manufac- ^tures , nos arts , & les campagnes en {)rofiteroîent ; ces hommes , que notre uxe entretient 4ans une inaâion per« tiicieufe y apprendroîent dans nos pro*- fvînces à fervir utilement la patrie , & 'Jîourroient devenir un jour de bons citoyens. On en recruteroit plus faci- lement nos armées ; deux ou trois mille jchevatux employés de plus 4 la cul-^ Iture des terres , les rendroîent plus fertiles. Une pareille impoiition , loin id'afibiblir l'état , ranimerpît fes for-^ jpes, & accroîtroît fes revenus. Que la France feroît redoutable au» 5A.ngloîs, fi on la voyoît fèrieufement ioccupée du foin de foulager fes la- l>oureurs9& de protéger fès commer^i ijans ! Quel produit n'offrîroît pas à Pé-: fat, une taxe fi^ la yaiffelle d'argent^ \ [2421 iîont l'ufege eft devenu û étendu Se a multiplié y fur les diamans , fur les glaces t <|ui n'pnt prçfquç d'autre dé»> bouché que notre prppre laxe ? Ua jjnpôt fur cf s meubles précieux , fer xor.% d'une.percçptîon d'^iur^nt pluS'fa?ir elle , qi^ Von n'en jouit qu en \q$ égalant» Si une partie du fonds imr ' inenfe que U nation pofiéde dans cet , rîcheflès inaûivesj étoit convertie ea vailTçaux, pu employée à nous creu» fer des ports dans la Manche j que df regrets pour l'Anglpîs , de nous avoir appris qu'une nation où lelu^erégne» feut s*tndormîr dans la molleffei 8ft tre humiliée pour un tçmps j maîi /siuin qu'elle peut , çn fe réi^eillant^ prouver des fecours dans ce qui Vsin r voit afioiblie > Se y puifer dé quoi chft^ fier (es ennemis l , . L'Europe verroit avec admiratioii la France employer , pour repouGTer i'injuftiQ^ 9 les mêmes reffources dont l'Angleterre faitjifogej ppur b com« pijttrç & pour la foutenir, Oi) po^rroit hypotéquer auK charnu ^m ^^ çqniaiiecçe^ie prpd^lf dç çç§ ê / \ \ Jdîffi^retis droits , kur en confier U régie , les autorifer à foire fur cette t, hypotëque » les emprunts néceflkîrcsi 1 pour rembourfer le commerçant fur U champ* C'eft lé f Oint capital : fott aélîvit^ cft néceffaire en temps de guerre^ plus encore que dans la paix : Il ne fcau* roit Opérer y s*îl n'a des fond« , oc il n'en a plus* Ce n*eft donc, que paf des fecours réels & préfens , qu'otr peut le foutènîr* La valeur întrînféqtie des prîfcs/^ faîtes par les Angloîs ^ p ourroît êtrcf vérifiée parles chambres de commet^ ce, plus au fait qu^aucune autre corn- miiTion , d'eUtamîncr lès états qui fe*- roîent préfentés ^ & plus en érat de décider de Peicaé^ltude & dé la fidélité des pièces juftificatives* Elles débouteroient de toute* pré-» tentions , ceux des commet çans ou autres , qui poùrfô'ent a Voir la témé- rité d'enfler leurs pertes, par des piè- ces compofées après coup^ en taifant des aflurances faites à l'étr?nger , à forfait ou autrement» Sur les états vér tSiés & certifiés par le$ chambres t les commerçans feroient payés, fans délai 9 par les mêmes chambres ; ils latisferoîent à leurs engagemens 9 en contrafteroîent d'autres , ranimeroient les travaux , pourvoîroient aux befoins de nos colonies 9 & armeroient avec ardeur contre les ennemis de Sa Ma- jefté. Quel eft le négociant qui re- fuferQit de rifquer une partie de la (omme qu'il auroit ainfi touchée , dans des opérations qui afïbibliroient la na- vigation & le commerce de nos en- semis ? Une fimple invitation de la part du miniftre , décidé protefteur du commerce, tiendroit lieu de loi,' Se feroit faire alors les plus grands efforts. . Mais fi l'on pouvoît douter de cette bonne volonté , que l'on a lieu d'at- tendre des commerçans > il eft un moyen fort fimple de s'en affurer. On peut , dans cette occafion , fans bleffer la. liberté du commerce , obliger les / mes qui kur feroient rembourfées? en avions fur des frégates de ving- quatre pièces de canon, & au- deffus. Les affureurs François, fur ces mê- mes navires & cargaifons pris . feroient également affujettis à s'intérelfer dans les frégates , pour la vakur de la cin- auieme partie des rembourfemens ,' dont lis fe trouveroient libe'rés par le plan propofe'. Les chambres de commerce duemént autorifées à y te- nir la main, véilleroient foigneufe- ment à ce que cette condition préli- nainaire fut exaûement remplie. Leva zèle pour le bien de l'état , & celui du commerce en particulier , nous eft un sur garant qu'elles, s'arrângefôierit de façon, qu'aucun intéreffé,-foit pro^ pnétaîre, foit aflTureur, ne pûç élude» I exécution de la loi; eUes poufroien» le porter à ne rembourfer ' d'iiboc4 qu'une moitié des demandes étabfies, parce que la féconde, moitié ne feroit payée , qu'après qu'on auroit, pieiner ment julKfié des intérêts pris dans les frégates, au moins jufqu'au taux fix^ .Oq a befoin de frégates, , & le mt. un) :=^^li // ■iftrefouliaite qu'on en conftruîfe ihs- i^préfent ; il n'eft point de moyen plus eibcace pour s'en procurer. Les nc- gocîans de nos ports marlrimes > ap- prenant cet arrangement, n'hëfiteronc plus à mettre hache en bois^ certains qu'ils trouveront d'abwé plus d'in- térelTés qu'il ne leur en faudra > vu le grand nombre de ceux qui feront obligés de juflifîer d'un pareil emploi. Ces frégates pourroîent fervîr à plus d'une fin, elles harceleroîent l'ennemi, & ruineroîent fon commerce , elles fcr- Viroient de convoi à nos vaifleaux mar- chands , dedinés pour nos colonies,^ & pourroient elles -même y porter des munitions. Un pareil fecours , ' que nous pouvons nous procurer par ïious-même, n'eft-il pas préférable & celui quel'on peut attendre des étran- gers f Ceux-ci ne fçauroient porter leurs fabriquas dans nos colonies i & en extraire les- matières premières , Sc tids fruits , fans ruiner les fabrique» du royaume,notre commerce, notre . navigationjScpar une fuite néceflâî- rc^ nos cao^agnesr & les- âoaBce; t fr Cm?] au Rou La porte de nos matelots i détenus en Angleterre 9 8c dont ua grand nombre a déjà péri fous le poidar de la plus dure captivité , ne doit point arrêter. Cette perte , toute gran- de qu'elle efi » peut fe réparer. Le commerce , avec de Pargent , en fera bientôt venir de l'étranger , en quan- tité fuffifante pour le fervice d« notre navigation 9 & de la marine du Roi* On pourrpit encore établir une mi^ lice maritime > qui» en peu de temps , deviendroit , pour la France , ime pé- pinière de matelots. Avec de pareils , moyens 5 on con- ferve tout» & l'honnetu* de la nation n'eft point compromis. Si on laifle le commerce dans l'ab- battement où il eu , les promeflès leû plus avantageufes n'exciteront en lui > que des regrets de fe voir dans l'im- Çuiifance de fervir utilement l^patrie* 'out va tomber avec lui dans l'inac- tion &c dans la langueur; nos cam- pagnes privées du fecours que leur fournit habituellement le commerce > produiront moins; nos arts &c nos * T •